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Al-Qa?da n?a plus besoin de recruter
Avec l?afflux des ?terroristes d?en bas?,
Publié dans La Nouvelle République le 22 - 10 - 2008

Le djihadisme international est bien de son temps. Son feu meurtrier ne court pas du haut vers le bas, mais de la base vers le sommet. Les enquêtes après les attentats de Madrid et de Londres l'ont confirmé : ce n'est pas – ou peu – Al-Qaïda qui va vers les terroristes potentiels. Ce sont les candidats qui se portent volontaires et vont à elle. Voilà pourquoi, au lendemain des nouveaux attentats du Sinaï, la question de savoir si l'organisation d'Oussama Ben Laden est derrière ces attaques importe finalement assez peu. Car même si Al-Qaïda ne commande pas, elle inspire. Si elle ne soutient pas, elle motive. Et cette génération spontanée de «terroristes d'en bas», attirés par les fausses lumières de la rédemption kamikaze, donne à la menace la triste garantie de la durée.
Aujourd'hui, Al-Qaïda se nourrit avant tout du flou. Sa force réside dans la confusion des genres, sa définition à la fois vaste et imprécise du combat qu'elle propose aux fidèles, le caractère englobant de sa lutte. A côté de la dimension religieuse, sa rhétorique récupère des champs laissés en friche depuis quinze ans : l'anti-impérialisme, l'anticolonialisme, le clivage nord-sud... Les immigrés déracinés de Leeds comme les opposants – islamistes ou non à l'origine – au régime d'Hosni Moubarak peuvent se retrouver sous cette bannière aux larges pans. Plus qu'une multinationale de la terreur, Al-Qaida est au fond une «PME qui a réussi à l'exportation», pour reprendre la formule d'Olivier Roy. Ben Laden et ses lieutenants fournissent une «marque», un concept que des cadres locaux reprennent à leur compte. Le référent idéologique, comme les modes opératoires, sont à la disposition de tous sur Internet.
Madrid, Londres, ces deux attaques à plus d'un an d'intervalle, illustrent bien ce modus operandi. Les enquêtes menées par les deux pays, dont des éléments ont filtré ces derniers jours, attestent l'autonomie d'action des cellules terroristes. Selon la justice espagnole, les attentats du 11 mars 2004 – qui ont fait 191 morts – ont été «inspirés» mais pas «exécutés» par le réseau Al-Qaïda. Les deux chefs de la cellule de Madrid auraient été guidés par les recommandations d'un «comité des sages» d'Al-Qaïda, conseillant de frapper avant les élections législatives pour forcer l'Espagne à retirer ses troupes d'Irak. Une invite diffusée sur Internet.
Pour les enquêteurs londoniens, les attentats de juillet 2005 – qui ont tué 52 personnes – n'ont été ni organisés ni commandités par Al-Qaïda. Ils sont la décision de quatre hommes qui rêvaient de martyr en parcourant, là encore sur Internet, les champs de bataille du djihad. Constat similaire pour la logistique. Le rapport britannique parle de complot «simple et peu onéreux». La confection des bombes portées dans des sacs à dos n'aurait coûté que quelques centaines d'euros. Le montant des attentats de Madrid, eux, se chiffre à moins de 10 000 euros, les explosifs ayant été échangés à des gardiens de chantier contre du haschisch.
Le recrutement est également marqué par la nouvelle donne. Longtemps, on a imaginé des agents recruteurs d'Al-Qaïda arpentant bars des banlieues et mosquées de quartier pour enrôler des militants mûrs et désireux de basculer dans l'action violente. Or, l'étude d'un certain nombre de cellules islamistes, à l'origine d'attaques ou démantelées avant de passer à l'action, révèle un processus inverse. Si l'islam salafiste non violent est ouvertement prosélyte, son excroissance terroriste ne semble guère partager cette vocation missionnaire. «Le ralliement au djihad est un phénomène plus ascendant que descendant, explique Marc Sageman, les jeunes volontaires se présentant d'eux-mêmes.» Psychiatre et sociologue de formation, cet ancien de la CIA a étudié le profil de dizaines et dizaines de terroristes, pour qui «le lien social est plus important que l'idéologie» (1). Les futurs terroristes se sont souvent radicalisés au sein d'un «groupe de copains» et se sont ralliés, en groupe toujours, au djihad. Ils louent des appartements entre eux, sont témoins de mariage de leurs compagnons d'aventure... Leurs communications opérationnelles se confondent avec leurs liens personnels, d'où la difficulté pour les services de renseignement de les intercepter.
Le nouveau visage d'Al-Qaïda, celui qu'avait en fait rêvé de façonner Ben Laden dès l'origine, serait donc celui-là : pas ou peu de structures hiérarchiques et organisationnelles mais des gens qui se connaissent, se retrouvent, se parlent au téléphone. Des hommes qui, en cas de capture ou d'élimination, peuvent être remplacés facilement. Pour l'islamologue Gilles Kepel, la «base» – la traduction d'Al-Qaïda – signifie d'ailleurs plus «base de données» que base territoriale ou opérationnelle. L'autre grand succès du rescapé de Tora Bora, c'est la mise en scène. «Enfant du clip», comme le note toujours Kepel, Ben Laden a compris depuis longtemps que les mots d'ordre les plus simples s'écrivent souvent avec du sang. Avec des attaques kamikazes simultanées en des lieux symboliques, à des dates symboliques si possible, il a ritualisé le massacre.
Face à cette menace «horizontale», les communiqués de la Maison-Blanche paraissent dérisoires. Dimanche encore, après la nouvelle résurgence vidéo de Ben Laden, les conseillers de George Bush se félicitaient que les chefs d'Al-Qaïda soient «en fuite et sous pression». Une vision verticale de l'ennemi qui fait redouter que la guerre contre le terrorisme ne passe encore souvent à côté de la réalité. A sa manière, Al-Qaïda fait mentir Diderot qui estimait que «l'idée d'une multitude d'hommes de notre petite stature nous importune moins que l'idée d'un colosse». Finalement, le «colosse» soviétique était parfois plus rassurant que les obscurs fantassins de Ben Laden.


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