Né le 23 avril 1931 au douar Cheffia dans l'actuelle wilaya d'El Tarf, Boutarfa «El-Fadel» a grandi dans une famille de modestes fellahs de la plaine de la Seybouse. A peine son adolescence entamée, «El-Fadel» est intégré à l'armée française dans le cadre de la conscription obligatoire. Dès 1955, il déserte les rangs de l'armée coloniale pour rejoindre le maquis où il rencontre, dans sa région natale, son futur responsable, Amara Laskri dit «Bouglez». Celui-ci lui confie d'emblée, la mission périlleuse d'abattre un colon, un certain Falco, connu pour son activisme et sa collaboration zélée avec les forces de répression coloniales. «El-Fadel» s'acquittera avec bravoure de sa tâche en menant l'opération de main de maître. Dès lors, le défunt gagnera très vite l'estime de ses supérieurs qui lui confieront d'autres responsabilités et d'autres actions d'éclat tout aussi risquées. «El-Fadel» est connu au maquis pour n'avoir jamais eu peur de braver le danger. Son engagement dans les rangs de la Révolution était sincère et total. Après le congrès de la Soummam et à la création de la Base de l'Est, son héroïsme lui vaut d'être nommé chef de la Région II de la Zone I. Il exercera cette responsabilité de 1956 à 1960 sous les commandements respectifs des capitaines Aïssani, Mazouz puis Chadli Bendjedid. Il côtoiera, à ce titre, de nombreux frères d'armes et des officiers de l'ALN de haut rang comme Salem Giuliano, Kara Abdelkader, Ahmed Terkhouche, Youcef Boubir, Abdelkader Abdellaoui, Kaddour Bouhrara, Selmoun Mohamed, Haddadi Abdennour ou encore Khaled Nezzar. Avec ces derniers, il a eu à assurer notamment la protection et le transfert de trois commandants de l'ALN en l'occurrence celui de Ahmed Benchérif vers la wilaya IV et de Abdelkader El Bariki et de Hidouche, vers la wilaya III. Parmi les hauts faits d'armes de Boutarfa «El-Fadel» figurent très certainement les fameuses batailles de Djebel Bou Abed en 1955 et 1958. On peut citer également la bataille d'El d'fali en 1957. Dans le quadrilatère Annaba- Bouhadjar- El Kala, «El-Fadel» mènera longtemps le combat aux côtés de compagnons téméraires comme les chouhada Hocine Benseghir, Rabah Belbel, Souici et Zaïdi Ahmed tombés, tous, au champ d'honneur. On peut citer également d'autres chouhada tels Ahmed Zemouli, Ali Bouacha, Boudjemaa El Maroki, Ahmed El Ouahrani, Bencharâa Tahar, Tahar Bourokba… En 1960, Boutarfa «El-Fadel» est désigné par l'état-major général dans la fonction d'adjoint militaire du 11e bataillon et ce à la suite du martyre de son chef Ahmed Terkhouche. Il commandera, à ce titre, cette unité avec beaucoup d'engagement et de discernement. Il en fera, même très vite, l'un des fleurons des unités des frontières Est. De plus, il a eu le mérite de mettre sur pied, dès 1957 une unité de commandos chargée de mener des actions le long de la Seybouse. Durant son riche parcours de combattant, «El-Fadel» sera blessé à trois reprises. Grâce à son sens de l'organisation et à sa perspicacité, ces commandos mèneront avec succès de nombreuses opérations d'éclat dans la plaine d'Annaba dans un premier temps puis, entre les deux lignes, une fois la ligne Challe édifiée. Ses commandos fusionneront ensuite avec ceux des commandos de Abderrahmane Bensalem et cela sous le commandement du défunt Salah Chabbi dit «Salah Bouchegouf». En activant derrière les lignes Challe et Morice, ces commandos seront d'un apport inestimable à la Zone Nord, notamment en matière de collecte de renseignements. Ces commandos assumeront cette responsabilité jusqu'au cessez-le-feu du 19 mars 1962. De ces commandos, des noms tels que Ahcène Badr, Lemjed, Boutaba Torki, Chaïb Rassou et Ahmed Lasnami resteront à jamais inscrits dans cette page glorieuse de l'histoire de l'Algérie contemporaine. A l'Indépendance, «El-Fadel» terminera sa carrière au service de son pays, dans les rangs de l'ANP. Il s'est éteint à son domicile à Annaba, le 4 décembre 2010 à l'âge de 79 ans. Il a été accompagné à sa dernière demeure par ses compagnons d'armes ainsi que de hautes personnalités politiques et militaires. A tous ceux qui ont combattu ou qui sont morts pour la Patrie, l'Algérie est à jamais reconnaissante !