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De Lady Di à Michelle Obama
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 03 - 2009

En une semaine, on a pu voir Michelle Obama poser en tailleur sombre pour un portrait officiel à la Maison Blanche, la retrouver en couverture luxueuse de People revêtue d'une robe de dentelle rose pas très haut de gamme et relativement dénudée. Durant cette même période, elle a fait savoir aux médias nationaux que la «First Family» adopterait un chiot dans un abri pour animaux abandonnés et son chargé de la communication a déclaré au détour d'une phrase que les «secrétaires et les responsables politiques» avaient été invités à des séances de cinéma agrémentées de pop-corn à la Maison Blanche.
Et cette même semaine, au milieu de la pire crise économique depuis les années 1930, un sondage a montré que la popularité du président Barack Obama est très élevée, une forte majorité des personnes interrogées répondant que oui, «il se préoccupe des gens comme moi».
Ces deux phénomènes sont intimement liés. Pratiquement depuis sa première apparition publique, Michelle Obama par sa manière de s'habiller et l'ensemble de son comportement, par exemple les magasins qu'elle fréquente et la manière de se distraire, constituent un message subtil mais radical à destination des électeurs américains et de la population du monde. Pour la première fois depuis l'époque d'Andrew Jackson, la Maison Blanche «démocratise» toutes voiles dehors la première institution du pays, y invitant symboliquement l'homme (et maintenant la femme) de la rue.
Phénomène sans précédent, Madame Obama se prépare à être la «Première dame du peuple». Elle a soigneusement étudié non seulement Jackie Kennedy - une comparaison évidente étant donné ses robes fourreau, ses cols bateau et sa coupe de cheveux - mais aussi les succès et les échecs d'une autre personnalité glamour dont le coté radical est souvent passé inaperçu, la princesse Diana.
Lady Di laisse derrière elle une iconographie qui a ouvert la voie à un énorme changement social qui est largement sous-estimé. Au cours de sa courte existence, on a souvent fait l'éloge de ses qualités (sa beauté et son style) qui étaient d'une importance secondaire par rapport à l'œuvre de sa vie, et on l'a tourné en dérision pour d'autres aspects de sa personnalité (son sentimentalisme et sa vie personnelle chaotique). Mais on passait ainsi à coté de l'essentiel, car on n'a guère remarqué combien et avec quelle authenticité et quelle énergie elle essayait de faire bouger les choses, combien c'était pensé et avec quelle audace elle a agi en ce sens.
Sans grande éducation formelle, Diana s'est efforcée de pousser la porte d'une monarchie des plus traditionnels, contestant le caractère sacré d'une structure de classe inamovible et affirmant la valeur d'une Angleterre plus diverse et plus mobile socialement que jamais auparavant et l'urgence de la reconnaître ainsi. Ses efforts étaient quelquefois maladroits, par exemple lorsqu'elle a embrassé des malades du sida, en faisant une métaphore de leur intégration sociale et sa manière de faire s'est parfois retournée contre elle, comme lorsqu'elle a ouvert son intimité au personnel qui était à son service, donnant matière à un déluge de livres remplis de révélations posthumes.
Mais à nouveau, en allant écouter à diverses reprises Elton John, ou en cherchant ses enfants qui étaient dans la réserve de chasse de Balmoral pour aller faire du toboggan à eau dans un parc d'amusement ordinaire, elle signifiait aux Britanniques que leur monde était tout aussi important qu'un autre. Elle montrait qu'elle voulait les connaître et qu'elle voulait que ses enfants les connaissent. C'était sa mission radicale de popularisation et de démocratisation - et non sa connaissance des secrets de son ancien mari ou par la suite sa relation intime avec un musulman - qui faisait d'elle une menace pour l'establishment britannique. Et elle a réussi : elle a montré aux dirigeants que s'ils voulaient conserver leur position, ils auraient à s'ouvrir à la population et la traiter avec tout le respect voulu.
Aussi, ce que fait Michelle Obama a toute son importance. Ce ne fut pas une révélation politique fracassante quant au cours d'une émission de télé nocturne elle a remarqué tout en finesse au sujet de la garde-robe à 150 000 dollars de Sarah Palin qu'elle-même s'habillait dans un magasin ordinaire et que l'on peut trouver «beaucoup de jolies choses en ligne». C'était pourtant une déclaration de poids, surtout pour les femmes, car elle leur signifiait ainsi : «Je ne suis pas Nancy Reagan habillée par Galliano et qui vit dans une résidence fermée, je ne suis pas Hillary Clinton qui ne porte aucun intérêt à ces choses parce qu'elle doit s'occuper de problèmes beaucoup plus importants ou diriger un Etat. Je suis comme vous, une femme occupée, accablée de travail, avec un budget à respecter, mais fine mouche, mignonne, adroite, trouvant toujours une manière de s'en sortir.
De la même manière ses invitations à la Maison Blanche portent un message populiste. Qui a accompagné Mme Obama lorsqu'elle est allée voir le chef cuisinier de la Maison Blanche ? Les étudiants d'une école de cuisine à proximité. Qui a chanté à la Maison Blanche lors d'une petite cérémonie ? Les lycéens d'un établissement public voisin.
Encore une fois, ce sont les «les secrétaires et les responsables politiques» et non «les responsables politiques et les secrétaires» qu'elle invite à voir des films à la Maison Blanche. Délibérément, calmement, elle indique que les secrétaires sont tout aussi importants que les responsables politiques, sinon davantage. La liste de ses invités constitue un message adressé à un électorat inquiet : je vous respecte, quelle que soit votre place dans l'échelle socio-économique. A la Maison Blanche beaucoup de personnes chargées d'écrire les discours ont déjà employé cette rhétorique, mais presque aucune Première Dame n'y a eu recours ou ne s'est conduite tout à fait comme une personne ordinaire.
Lorsque j'écrivais les discours et les messages de la campagne présidentielle d'Al Gore en 2000, je me confrontais souvent aux conseillers blancs, des hommes d'un certain âge, aisés, qui attachaient la plus grande importance à ce que disaient les médias destinés à l'élite mais ignoraient ceux vers lesquels se tournent la majorité des Américains. Ils n'avaient rien appris de la droite, alors que ses candidats savaient parfaitement quelle est l'importance de la bonne couleur, des vêtements, de la mise en scène même de l'éclairage et l'impact de l'image que l'on donne de soi sur les électeurs (Ronald Reagan portant des bottes d'équitation ou Georges Bush en costume d'aviateur).
Pendant la dernière campagne, les ringards et les pseudo-spécialistes produisaient des graphiques, des synthèses politiques et des rapports politiques, tandis que Clinton continuait à perdre. Enfin est arrivé un jeune couple qui a compris que les Américains ne se contentent pas de lire mais regardent aussi. On en dit davantage à un pays sur ses valeurs en expliquant où l'on va se procurer un chien pour ses enfants qu'avec une masse de papier que personne ne lit.
Par temps de crise, les Obama envoient un message fort et Madame Obama, en tant qu'archétype de la femme qui a repris le bâton de la princesse Diana, lui donne tout son relief : qui que vous soyez, aussi ou aussi pauvre que vous soyez, il y a symboliquement un siège pour vous à la Maison Blanche.
Traduit de l'anglais par Patrice Horovitz
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* Militante politique et critique sociale


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