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Guelma: Un 08 Mai 1945...
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 07 - 05 - 2009

En ce mardi 8 Mai 1945, la manifestation pacifique fut stoppée par le sinistre sous-préfet André Achiary, en costume blanc et entouré de ses policiers en armes.
La porte drapeau est abattu et le temps s'est arrêté de s'écouler un moment avant de voir l'emblème national ressurgir et brandi de nouveau. Cette réaction violente par les armes allait être le commencement d'une répression sauvage méthodiquement orchestrée par la police, la gendarmerie, l'armée, soutenues par des milices de 800 colons armés. L'entreprise criminelle s'était traduite par des exécutions sommaires des assassinats, des meurtres, des enfumades et des exactions sans discernement sur la population musulmane de Guelma et sa région. Dans les campagnes, la soldatesque coloniale ratissait, bombardait, pillait, incendiait, violait et tuait en toute liberté, sans témoin, atteignant en somme le fond de l'abjection dans cette répression bestialement raciste où, pendant des semaines, rien ne sera épargné à la population civile désarmée.
Dans cette féroce campagne de terreur d'Etat, qui fit des dizaines de milliers de victimes qu'aucune comptabilité macabre n'arrivera jamais à dénombrer avec exactitude, l'horreur avait atteint son paroxysme de violence psychotique, homicidaire et irrationnelle avec ses expéditions punitives meurtrières, sous l'impulsion d'un tribunal de salut public dirigé par les responsables politiques locaux.
Au début de juillet 1945, un relatif retour au calme a été observé, et c'était le temps des constatations et des justifications. Les massacres étaient choquants et extravagants. Le pouvoir central de l'ordre colonial savait que sur le nombre des victimes de ces massacres, plus d'un cinquième (1/5) ont été perpétrés sur la population de Guelma et sa région reconnue comme paisible et innocente. Pour cela, les enquêteurs du gouvernement et des partis politiques envoyés sur les lieux avaient été instruits de prendre la mesure de ce qu'il fallait cacher.
Il fallait coûte que coûte semer le doute et nier même les évidences sur l'odieux massacre des populations musulmanes à Guelma, en maquillant les vérités par un hypothétique complot nazi inspiré de l'étranger. Pour les politiques, le crime ordonné par le «boucher de Guelma» était inexplicable et injustifiable, à telle enseigne qu'il fallait parvenir à tromper l'opinion publique française et internationale.
L'Office of strategics services (OSS), une agence de renseignements US, avait émis un rapport décrivant la panique du pouvoir colonial en ces termes : «les autorités françaises sont honteuses de la sévérité des représailles et ne veulent pas que le monde extérieur connaisse la vérité» (n°346/45 du 25.07.1945). Les Américains et les Britanniques en Algérie étaient en contact avec des militants nationalistes et savaient que les manifestations du 08 Mai 1945 étaient d'ordre politique et pacifiste, fêtant la victoire sur le nazisme en brandissant les drapeaux des alliés avec leur propre emblème national, nourrissant beaucoup d'espoir dans la tenue de la conférence de San Francisco qui allait proclamer l'indépendance de l'Algérie. Dans un pragmatisme avéré, les activistes du mouvement national algérien avaient su ancrer son parterre de militants dans le creuset nationaliste foncièrement établi à Guelma, et si l'ordre colonial avait versé dans la folie meurtrière pour décapiter toutes les tentations indépendantistes, il n'avait fait que précipiter sa désintégration dans une fuite en avant.
En 1947, tout en pansant les blessures de cette entreprise génocidaire, Mohamed Boudiaf, Larbi Ben M'hidi et Brahim Chergui se sont retrouvés dans une école coranique à Guelma pour installer une cellule de l'Organisation secrète (OS). Le combat et la lutte contre le colonialisme n'ont jamais été interrompus et l'état de rébellion était permanent face à l'oppresseur. Aujourd'hui, l'on subit encore le déni de droit à la vérité à travers l'arrogance de la France officielle qui tourne le dos à son passé colonial, accentuant le mépris jusqu'aux lois amnistiantes, la réhabilitation de l'OAS, le refus d'accès aux archives et l'Apologie du système colonial oppressif. Hier, l'on effacait les traces du Génocide identitaire et du crime contre l'humanité avec les mains éclaboussées de sang d'innocents des Chataigneau, Tubert, Duval, Tixier, Lestrade-Carbonnel et Achiary, entre autres. Aujourd'hui, l'on se remet dans l'air du temps avec des salbes de l'on se remet dans l'air du temps avec des salves de propos ajustés à la gesticulation et une valse de visites pour tenter d'effacer la mémoire en troublant les activités dans la multitude d'ateliers de recherches scientifiques organisées périodiquement par l'Université du 08 Mai 1945 comme si on lui conteste son nom de baptême qui dérange.
Au Colloque international sur les massacres du 08 Mai 1945 à Guelma, afflue un aréopage d'éminents historiens, juristes et universitaires nationaux et étrangers pour disséquer à coeur ouvert ce crime contre l'humanité et ce génocide de la France coloniale, dans le but d'éveiller les consciences dans un devoir de mémoire. Comme en 1945, et à travers ce colloque, Guelma retient l'attention et l'intéressement au point d'être ciblée par l'agenda diplomatique hexagonal. En visite sur les lieux le 22 avril 2008, l'ambassadeur Bernard Bajolet (converti quelques jours après en responsable des R.G. Français) avait fait dans la double détente sur le front mémoriel franco-algérien en évoquant, certes pour la première fois, l'expression «d'épouvantables massacres» ce qui est en l'espèce une reconnaissance dans la qualification de la répression des manifestations pacifiques d'alors, mais la pesante mémoire avait inspiré aussi une sémantique recherchée pour cataloguer délibérément les victimes algériennes d'une «communauté» ou, encore, conclure «que le temps de la dénégation est révolu» alors que pour la repentance pour ses crimes coloniaux, la France s'éternise sur «l'intention» de le faire.
En fait, les travaux de ce colloque vont continuer à avancer dans la recherche historique vers une plus juste mémoire, et aucun anathème insolent ne parviendrait à dévier le cours imperturbable de l'Histoire, où la mémoire collective demeure irréversible.


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