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Project Syndicate pour Le Quotidien d'Oran: Trop gros pour vivre
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 10 - 12 - 2009

Une nouvelle controverse fait rage : que requièrent les nouvelles régulations pour restaurer la confiance dans le système financier et s'assurer qu'une autre crise ne survienne à nouveau d'ici quelques années. Le Gouverneur de la Banque d'Angleterre, Mervyn King, a demandé que soient imposées des restrictions sur le genre d'activités dans lesquelles peuvent s'engager les méga-banques. Le Premier Ministre, Gordon Brown, pour sa part, prêche tout autre chose. Car après tout, la première banque britannique à tomber fut la Northern Rock dont la principale activité était le crédit immobilier, ce qui a coûté quelques 50 milliards de dollars.
Selon Brown, de telles restrictions n'empêcheront pas la survenue d'une autre crise. Mais King a raison d'exiger que soient bridées les banques qui sont trop importantes pour faire faillite. Aux Etats-Unis, en Grande Bretagne, et ailleurs, les grandes banques sont responsables d'une grande part du surcoût que les contribuables ont dû assumer. L'Amérique a laissé 106 banques plus petites faire faillite, ne serait-ce que cette année. Ce sont les méga-banques qui entrainent les méga-coûts.
La crise est le résultat d'au moins huit défaillances qui bien que distinctes sont interconnectées :
- Les banques trop importantes pour faire faillite ont des incitations perverses ; si elles parient, et gagnent, elles empochent les bénéfices ; si elles perdent, ce sont les contribuables qui endossent l'ardoise.
- Les institutions financières sont trop imbriquées les unes dans les autres pour faire faillite ; la part d'AIG qui a couté 180 milliards de dollars aux contribuables américains était relativement petite.
- Lorsque les banques s'associent dans des actions conjointes, en utilisant les mêmes modèles, même si chacune d'elles est de petite taille, leur comportement peut entrainer un risque systémique.
- Les structures d'incitations au sein même des banques sont conçues pour encourager une réactivité à court terme et une prise de risque excessive.
- En évaluant leur propre risque, les banques ne prennent pas en compte les effets secondaires qu'elles (ou leur faillite) pourraient imposer aux autres. C'est l'une des raisons pour laquelle il faut, de toute façon, des règlementations.
- Les banques ont mal évalué les risques, et les modèles utilisés étaient profondément défectueux.
- Les investisseurs, apparemment encore moins bien informés que les banques sur les risques d'endettement excessif, mettent une pression énorme sur ces dernières pour les pousser à prendre des risques excessifs.
- Les régulateurs, sensés comprendre tout cela et prévenir toute action qui entrainerait un risque systémique, ont échoué. Eux aussi utilisent des modèles défectueux et des incitations défectueuses. Nombre d'entre eux n'ont pas compris le rôle de la régulation ; et nombre d'entre eux sont devenus ‘otages' de ceux-là même qu'ils étaient supposés réguler.
Si nos régulateurs et nos superviseurs nous inspiraient plus de confiance, nous pourrions peut-être faire face aux autres problèmes de façon plus détendue. Mais les régulateurs et les superviseurs sont faillibles, ce qui explique pourquoi nous sommes obligés de nous attaquer aux problèmes par tous les côtés.
Les réglementations ont bien sur un coût mais ces coûts prennent une proportion énorme lorsque la structure régulatrice est inadaptée. Nous sommes loin d'avoir fait le nécessaire pour éviter une autre crise et les bénéfices d'une réglementation renforcée compensent largement l'augmentation de ces dépenses.
King a raison : les banques qui sont trop importantes pour faire faillite sont trop importantes pour exister. Si elles veulent continuer à exister, elles doivent le faire selon ce qui est parfois appelé le ‘modèle d'utilité', c'est-à-dire en étant lourdement réglementée.
Laisser de telles banques continuer à se livrer à des transactions pour leur propre compte dénature les marchés financiers. Pourquoi seraient-elles autorisées à miser, alors que ce sont les contribuables qui assumeront leurs pertes. Quelles sont les «synergies» ? Peuvent-elles vraiment compenser les coûts ? Certaines banques importantes sont maintenant engagées dans des transactions boursières d'une telle ampleur (soit pour leur propre compte soir pour le compte de leurs clients) qu'elles ont fini par obtenir le même avantage illégitime que n'importe quel trader initié.
Ceci génère des profits plus importants pour elles, mais aux frais des autres. Les règles du jeu sont biaisées – et plus encore pour les plus petits joueurs. Qui refuserait un dérivé sur évènement de crédit défaillant garanti par le gouvernement américain ou britannique ? Il n'y a donc rien d'étonnant à ce que les institutions trop grandes pour faire faillite dominent le marché.
Les économistes s'accordent aujourd'hui sur un fait : l'importance des incitations. Les banquiers ont été récompensés pour les profits importants qu'ils ont générés, que ces derniers aient été le résultat d'une meilleure performance de leur part (en d'autres termes ils ont fait mieux que le marché) ou bien d'une prise de risque supérieure (un endettement plus fort).
Soit ils ont trompés les actionnaires et les investisseurs, soit ils n'ont pas compris la nature des risques et des profits. Probablement les deux. De toute façon, c'est décourageant.
Le manque de compréhension des risques par les investisseurs et les défaillances de la gouvernance corporate ont encouragé les banquiers à ne pas concevoir de bonnes structures d'incitations. Il est crucial de corriger ces défauts, tant au niveau structurel qu'au niveau managérial. Cela implique de casser les institutions trop-importantes-pour-faire-faillite (ou pour-les-solvabiliser). Dans les cas où cela ne sera pas possible, il faudra restreindre considérablement leur marge de manœuvre, les taxer plus fortement et leur imposer des exigences d'adéquation de capital. Cela permettra de remettre à plat les règles du jeu. Le diable, bien sur, se cache dans les détails. Les grandes banques s'efforceront donc de faire en sorte que, quelles que soient les charges supplémentaires qui leur seront imposées, elles soient suffisamment mineures pour ne pas perdre les avantages perçus par le fait d'être garanties par l'argent des contribuables.
Même si nous parvenons à définir des modalités d'incitations parfaites pour les banques, ce qui n'est pas prévu, les banques continueront de représenter un gros risque. Plus la banque est importante en taille, et plus les risques qu'elle est autorisée à prendre sont importants, plus est grande la menace qu'elle constitue pour nos économies et nos sociétés.
Tout n'est pas tout blanc ou tout noir : le fait de réduire la taille de ces institution nous permettrait de nous sentir plus serein vis à vis de cet aspect, et d'autres, de la réglementation. C'est pour cela que King, Paul Volcker, la commission des experts des Nations Unies sur les réformes du système financier et monétaire et tant d'autres encore ont raison lorsqu'ils prétendent que nous avons besoin de contrôler les grandes banques. Ce qu'il nous faut impérativement, c'est une approche multiple qui comprendrait, entre autres, des impôts spécifiques, des exigences de capital plus importantes, une surveillance plus étroite et des contraintes sur la taille et les activités à risques.
Une telle approche n'évitera pas une autre crise, mais dans l'éventualité d'une récidive, elle serait moins couteuse.
Traduit de l'américain par Frédérique Destribats
*Professeur d'université à Columbia University, a reçu le prix Nobel d'économie en 2001


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