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Les Groucho marxistes de l'Amérique
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 08 - 02 - 2010

Groucho Marx a toujours été mon préféré des Marx Brothers. Une de ses blagues pointe du doigt l'échec de l'idéologie – la religion dogmatique – infligée à notre pauvre monde par son homonyme, Karl.
Groucho demanda un jour : « Qui allez vous croire, moi, ou vos propres yeux ? » Pour des milliers de citoyens des pays communistes au XXème siècle, le « moi » dans la question se réfère au dictateur ou à l'oligarque qui gouverne d'une main totalitaire ou autoritaire. Ce que vous pouviez voir de vos propres yeux n'avait aucune importance. Il vous fallait accepter que le monde était tel que l'on vous le décrivait. La réalité était celle que le parti au pouvoir vous décrivait.
Le successeur désigné de Mao Tsé Toung en Chine, Hua Guofeng, a élevé la chose à une forme d'art. Il était connu pour son « quoique-se-soitisme.» Le Parti et le peuple devaient suivre fidèlement les ordres de Mao, quoiqu'ils fussent.
Groucho a posé deux problèmes insurmontables pour les « quoique-se-soitistes » du communisme. En premier lieu, vos propres yeux et votre raison suffiraient à vous faire prendre conscience que l'idylle communiste – le déclin de l'Etat et le triomphe sur le besoin – n'arriverait jamais. Le communisme, comme l'horizon, était toujours à portée, mais sans jamais pourtant pouvoir l'atteindre. Il serait intéressant de savoir combien de ceux qui sont inscrits à l'Ecole Centrale du Parti à Pékin, la principale institution éducative du parti, estiment que l'état chinois serait sur le point de se déliter, ou même que cela ne puisse jamais arriver.
Le second aspect de la question de Groucho était que les citoyens de la plupart des pays communistes apprirent très tôt que la perte de liberté dont ils souffraient n'était pas compensée par une plus grande prospérité ou une meilleure qualité de vie. Plus les Russes, les Polonais, les Tchèques et tous les autres entrevoyaient le style de vie des démocraties occidentales, plus ils remettaient en question leur propre système. Dans son brillant ouvrage, Avènement et chute du communisme, Archie Brown montrait comment ses différents déplacements à l'étranger avaient permis à Mikhaïl Gorbatchev de prendre conscience de l'échec de ce système dans lequel il avait vécu toute sa vie.
Dans la sphère politique, donc, la raison a trompé à la fois la confiance en un but inatteignable et l'aveuglement sur les conséquences de sa poursuite. Les états autoritaires tels que la Chine et le Vietnam survivent, mais ce n'est pas grâce à leur engagement dans le communisme. Leur légitimité repose sur leur capacité à garantir la croissance économique par un capitalisme d'état.
Les démocraties, bien sûr, permettent aux citoyens de recourir à leur raison propre pour faire des choix déterminés sur ce que leurs yeux voient. Lorsqu'un gouvernement vous déplait, vous pouvez débarquer les coquins sans pour autant renverser l'intégralité du système. Le changement peut arriver de façon évolutionniste, et non révolutionnaire. Mais il ne faut pas croire pour autant que tous les débats qui prennent place dans les démocraties sont toujours basés sur la raison, ou que les démocraties nous rendent plus rationnels.
Parfois la raison l'emporte. Il semble que ce fut le cas lors des dernières élections indiennes et, aux Etats-Unis, l'élection de Barack Obama fut aussi un moment totalement rationnel. Mais la raison ne semble pas être à l'ordre du jour dans le débat sur la réforme de santé aux Etats-Unis.
Les observateurs étrangers, et même ses admirateurs, se sont souvent demandé comment le pays le plus mondialisé du monde – un continent dont la population est constituée de multiples origines – peut faire preuve d'autant de singularisme irrationnel sur certains sujets. La loi américaine sur les armes à feu nous laisse dubitatifs. L'hostilité de l'Administration américaine face à la science, lors du premier mandat de George W. Bush, fut une source d'étonnement, surtout en ce qui concerne sa position vis-à-vis des changements climatiques et de la théorie de l'évolution de Darwin. Les résistances face à la réforme de la santé nous effarent tout autant. Nous savons que malgré sa grande richesse, et la qualité révolutionnaire de sa recherche médicale, le système de santé américain est lamentable. Il est excessivement cher. Ses coûts dépassent les plans d'assurance santé professionnels. Les pauvres sont sans protection. Trop de malades restent sans soins. Dans l'ensemble, les statistiques de la santé sont plus mauvaises que celles de la plupart des pays comparables.
Pourtant, les tentatives d'Obama pour réformer la santé se trouvent confrontées à une opposition hystérique. Ses propositions reviendraient, selon certains, à ce que l'état assassine ses vieux. Ils seraient sur le point de faire entrer le communisme soviétique aux Etats-Unis, comme c'est apparemment le cas au Canada et en Grande Bretagne, avec leur système de santé financé par l'état. Le communisme à Toronto et à Londres ? Ou plutôt un meilleur système de santé, plus économique et plus fiable pour tous ?
La raison traverse des temps difficiles ces temps-ci aux Etats-Unis. Ce n'est peut-être pas une coïncidence si Groucho Marx était un citoyen américain. Ce qui est sûr c'est que la manière avec laquelle une société traite ses malades, ses nécessiteux et ses personnes âgées est suffisamment importante pour mériter un débat sérieux et réfléchi basé sur ce que l'on peut vraiment voir avec nos propres yeux plutôt que sur des préjugés partisans mal informés.
Traduction Frédérique Destribats
* Président de l'université d'Oxford et membre de la Chambre des lords britannique


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