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A propos de Amirouche : une vie, deux morts, un testament, de Saïd Sadi: Du feu pour le pompier
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 17 - 04 - 2010

Un livre sur Amirouche ? Encore un, est-on tenté de dire. Il y a, depuis un certain temps, un regain d'intérêt manifeste et salutaire pour l'histoire de la guerre de libération.
De Djoudi Atoumi à Salah Mekacher en passant par Hamou Amirouche, les témoignages sur la wilaya III et, conséquemment, sur le colonel Amirouche pleuvent après une période de sécheresse éditoriale. Le bourgeonnement accompagne l'apaisement relatif que connaît la société ces dernières années, avec le net recul de la violence terroriste. Comme si après le grabat, les Algériens découvrent brusquement, disponible toute l'énergie de leur être pour s'élancer à la conquête du temps perdu. Cette fois-ci, c'est Saïd Sadi qui s'y colle. Et on languit, disons-le brutalement, d'une œuvre de plus ample facture. Mais, en attendant le livre, sa préface qui bénéficie d'un inédit tapage promotionnel, annonce déjà une sombre couleur. Des postulats de départ erronés, des objectifs donquichottesques, des conclusions péremptoires et des desseins intéressés. Sadi pense que nous serions en faute par rapport à Amirouche parce qu'on n'aurait pas condamné la séquestration de sa dépouille par Boumediène. Une nouvelle flagellation de l'intelligentsia nationale qui s'exprime sur le mode suffisant et hautain de : «Je me suis trompé de société». Quelque chose du goût de «lettre à mes amis de la presse», par laquelle Sadi se risque à attiser une guerre mémorielle interne.
Cet Amirouche en MAT 45 dont le portrait noir et blanc pâle ornait les maisons et les boutiques de notre enfance, qui meublait nos rêves d'héroïsme et les complaintes de nos grands-mères, nous l'aurions piètrement consacré. Nous aurions succombé à la «propagande» de Boumediène qui l'aurait transformé en monstre. Et puis quoi encore ? Délire de paranoïaque ? On croit rêver, plutôt cauchemarder. Dans quelle planète vivait Sadi ? Non, Amirouche n'a pas été gommé par l'historiographie officielle, en tout cas, pas plus et bien moins qu'un autre. Son portrait meublait bien les génériques premier-novembresques de cette télé qui ne fonctionnait alors qu'à vacation discontinue tout comme celles de Benboulaïd, de Ben M'hidi, Abane, Haouès et Didouche. Cette filmographie douteuse biffait par contre les visages de Krim, qui avait pris le maquis en 1947, et bien d'autres. On ne voyait curieusement pas, non plus, Boussouf. Et un grand boulevard d'Alger porte bien le nom du colonel de la wilaya III tandis qu'il fallait attendre Boudiaf pour qu'un boulevard du Télemly soit retiré à un «faux moudjahid» pour être affecté à Krim. Si cela se trouve, ce serait plutôt les Krim, Bentobal (qui vit encore), Boudiaf, Abane et d'autres qui en ont fait prioritairement les frais.
Boumediène ? Qui, à part quelques nostalgiques du socialisme de la mamelle et des phantasmes de grandeur, le tiendrait pour autre chose qu'un embusqué qui a soumis ses partisans à des cours intensifs de stretching et de bodybuilding pour s'accaparer le moment venu du fruit de l'indépendance nationale acquise. Et de s'être ainsi commis, il ne mérite plus aucun autre commentaire.
Il est difficile de suivre les circonvolutions de Sadi qui évoque un schéma d'ostracisme et de désinformation organisé par le pouvoir de Boumediène autour d'Amirouche et qui, surtout, pense que les intellectuels algériens y auraient succombé. En tout cas, cela n'a pas empêché Sadi de siéger au premier gouvernement Bouteflika, parfait épigone de Boumediène, ni ses députés de continuer à bénéficier de salaires faramineux quand bien même le gouvernement avait superbement et anticonstitutionnellement ignoré une interpellation sur la séquestration des dépouilles d'Amirouche et Haouès telle que cela aurait été confié par le colonel Bencherif, chef de la gendarmerie de Boumediène. Mais, il faut sans doute du feu pour le pompier Sadi. Quitte à faire dans la pyromanie. C'est-à-dire infliger l'intelligentsia nationale, cette fragile frange qui porte la résistance démocratique et l'espérance moderniste, un complexe de plus et attiser une potentielle guerre mémorielle interne.
«Amirouche : une vie, deux morts, un testament» s'annonce comme le livre d'un homme intéressé qui fait autant dans l'esbroufe que dans la méthode Coué. Recueillir de François Léotard à propos de la séquestration d'Amirouche que «c'est un peu comme si la France avait séquestré Jean Moulin», c'est, un peu, le thésard qui convoque mal à propos les citations pour mettre plein les yeux au jury. Et pour ce qui est du ministre de la Défense de France et de Navare, il y a dans la démarche un peu de l'indigène qui cherche la validation du blanc aux yeux bleus.
Et, pour appuyer sur le champignon de la polémique, la convocation des appréciations de l'«un des dirigeants les plus informé du pays» (sur lequel le lecteur n'est pas plus informé) est une parfaite démarche de faux-cul.
Lui imputer autant de finesse de jugement constitue, sans doute, une manière très subliminale de défendre le «système» pour l'opposant très spécial qu'est Sadi et de placer cette œuvre sous le haut patronage de cet homme très informé, donc très puissant.
C'est, sinon le comble ! Se contenter de jugements de valeur là où on peut valablement recueillir de l'info ? Et ce n'est pas les questions qui manquent. Par exemple, où sont les restes du commandant Mira, arrivé dans l'Akfadou dans le sillage de la mort d'Amirouche ?
Comment un émetteur parachuté est-il arrivé entre les mains de Benboulaïd dont la disparition grèvera sérieusement le congrès de la Soummam pour enfin obliger la Révolution à une mission de reprise en main douloureuse menée par Amirouche dans les Aurès ?
Sadi est tout fière de tenir de Léotard que Amirouche est un Jean Moulin et du très puissant homme du système Bouteflika qu'il a quelque chose du Che. Des comparaisons superflues qui, en soi, attentent plus qu'elles n'honorent un homme dont l'aura et la stature se suffisent à elles-mêmes.
Sadi récuse pourtant d'autres offres émanant des «moins impulsifs notables officiels». Zapata ? Pfft, dit dédaigneusement Sadi. «Une manière de réduire l'envergure d'un homme en l'enfermant dans le personnage enivré par la poudre du moindre pétard, prêt à s'emballer comme un cheval sauvage», écrit-il péremptoirement et inutilement à propos du héros mexicain. Le très chic préfet de France, oui, le Guevara flamboyant, bien sûr, mais pas cet hurluberlu dont l'accoutrement est encore plus grotesque que celui de nos bergers kabyles ! Amirouche était-il un sanguinaire ? Une question bancale en elle-même et qui sous-tend pourtant le livre-plaidoyer de Sadi. Car, qu'est-ce qu'être sanguinaire en contexte de guerre de libération ? Et de l'avoir été éventuellement ne peut lui être reproché de ce côté-ci de la mer. «Donnez-nous vos avions, nous vous donnerons nos couffins», rétorquait déjà Ben M'hidi à la soldatesque de Bigeard. Le colonel Mohammedi Saïd, l'ancien chef d'Amirouche, n'a-t-il pas reconnu et assumé en direct-live «le-massacre-de-Mellouza» ?
Qu'est-ce que la guerre sinon l'élimination sanglante de ceux qui s'opposent à l'idée qui la guide ? Sur l'affaire de la «bleuite», la question n'est pas de savoir si Amirouche ait été sanglant mais bien d'interroger sa capacité à discerner des forfaitures avérées de la manipulation des services du capitaine Léger. Des compagnons pensent que le colonel était tombé à pieds joints dans le piège, c'est-à-dire dans des exécutions qui s'apparentent à un «intellectocide». Et Matoub Lounès l'avait vigoureusement dénoncé comme tel à travers une de ses chansons.
D'autres, plutôt minoritaires néanmoins, récusent complètement cette approche et parlent d'Amirouche comme de celui qui avait contré une vaste entreprise de noyautage de la wilaya III.
Il est néanmoins assez paradoxal de constater que malgré cette ambiguïté Amirouche demeure une puissante icône dans l'imaginaire, des Kabyles notamment. Qui ne savent rien de ce qu'ils auraient fait de mal avant que Sadi ne vienne le leur apprendre. Sans doute parce qu'Amirouche était, comme l'écrit son nouveau biographe, quelqu'un qui «savait évacuer le ressentiment personnel de la responsabilité politique». On ne peut pas dire autant du chef du RCD qui, par sa morgue de phacochère solitaire, a fini par dévitaliser un parti, un outil politique dont l'espérance démocratique avait grandement besoin. Et sur cela, ni Amirouche, ni Emile Coué ne peuvent rien changer.


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