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Psychologue en Algérie…
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 14 - 07 - 2010

Il y a quoi à dire sur la psychologie en Algérie. Quand on demande à quelqu'un de consulter un psy, tout de suite il vous répond qu'il n'est pas fou ! Le psychologue soigne-t-il uniquement les malades mentaux ? Pourtant, les consultations du psychologue ne peuvent pas être réduites à des maladies mentales, car il arrive à toute personne d'éprouver le besoin de parler avec une autre qu'il lui tende une oreille professionnelle, sans être jugé ! De plus, la pratique du psychologue ne consiste pas à passer des tests et d'interpréter les résultats, mais l'efficacité de son intervention dépend de ses qualités humaines, de son humilité, de sa capacité d'écoute, de son respect aux personnes et surtout de sa capacité à se remettre en question. Au cours de mon parcours professionnel, je reste convaincu de l'importance des connaissances théoriques sous-jacentes et de leur réactualisation constante du fait de l'évolution rapide des connaissances dans le domaine de la psychologie.
Cependant la pratique du psychologue n'est pas infaillible et sa réflexion a des lacunes d'où l'importance de continuer à se former, soit par les séminaires, les colloques, la lecture des articles dans les revues spécialisées, par l'échange avec d'autres spécialistes, etc. Egalement, il est important pour le psychologue de partager ses expériences et de publier ses réflexions et ses recherches afin de contribuer à l'évolution et au renouvellement des connaissances en psychologie et surtout d'enrichir la pratique du psychologue, en répondant aux besoins du terrain.
J'ouvre une parenthèse pour éviter toute confusion entre la santé mentale et la déficience intellectuelle (dite retard mental). Ainsi, il est important de faire une distinction entre celles-ci. La maladie mentale affecte le comportement et l'affectif sans lien avec le fonctionnement intellectuel de la personne. Cependant, la déficience intellectuelle n'est pas une maladie mais un état permanent qui débute avant l'âge de 18 ans (selon DSM-IV). Elle peut s'accompagner de déficience motrice, physique et mentale. Ce qui nécessite un double diagnostic. La notion de double diagnostic recouvre en effet ces deux réalités. D'une part, le double diagnostic porte sur la présence d'une déficience intellectuelle et d'un trouble de santé mentale ou de la personnalité et, d'autre part, la coexistence d'une déficience intellectuelle et de comportement-problème1 . Le consensus d'expert réalisé en 2000 par l'American Association on Mental Retardation (AAMR) édité par Ruch et Frances, concernant le traitement de problèmes psychiatriques et comportementaux, insiste sur cette difficulté de distinguer la déficience intellectuelle et comportement-problème, en particulier pour les personnes présentant une déficience intellectuelle sévère.
Comme je l'ai souligné dans un article sur la formation des psychologues en Algérie, il est anormal que l'université algérienne continue à former des psychologues avec un niveau très faible sur le plan théorique et clinique. Ce qui rend l'intervention du psychologue inefficace. Pour comprendre la situation actuelle, je pense qu'il y a trois facteurs qui peuvent expliquer cette déchéance : le statut juridique, la formation et niveau socioculturel.
Jusqu'à ce jour le statut juridique de psychologue est ambigu. Certes, la société algérienne a vu l'introduction du métier du psychologue au début des années quatre-vingt, mais le législateur ne lui a pas donné un statut clair. Est-il un cadre ? Un technicien ?, etc. Des jeunes fraîchement sortis de l'université se retrouvent, dans le cadre de l'emploi de jeunes, avec des contrats précaires, avec des salaires qui varient entre 8000 DA et 4500 DA. Dans les hôpitaux, les dispensaires, le poste de psychologue reste vacant. Le cadre juridique des années de formation universitaire pour exercer le métier de psychologue ne répond plus aux normes de formation internationale. Dans le même ordre d'idée, le métier de thérapeute, les règles d'exercice ne sont pas clarifiées. N'importe qui peut prétendre qu'il est thérapeute. Existe-t-il réellement des institutions qui forment des thérapeutes ?
La formation que l'université algérienne propose est en décadence à la réalité du train. Quand on compare les années de formation pour devenir psychologue entre les trois pays, que nous connaissons, on trouve qu'au Canada il faut Bac plus huit, c'est-à-dire avoir un doctorat en psychologie, en France il faut Bac plus cinq, c'est-à-dire Master 2 professionnel en psychologie, en Algérie il suffit d'un Bac plus trois, c'est-à-dire d'une licence en psychologie ! De plus, contrairement à d'autres disciplines, la psychologie prend en compte l'individu dans tous ses démentions, c'est-à-dire elle inclut l'aspect culturel et cultuel de l'individu dans le processus thérapeutique. Or les recherches dans le domaine sont inexistantes. Peu de revues dans le domaine, peu de colloques pour débattre les recherches, etc. il y a un vide sur ce plan. Pour ne pas rabâcher, en ce qui concerne la formation des psychologues en Algérie, je vous conseille de lire mon article sur la question. Beaucoup de psychologues qui m'ont écrit pour confirmer mes dires.
Enfin le niveau socioculturel, certes nous sommes dans une société où la tradition est prédominante dans les croyances des thérapies archaïques. Ce n'est pas facile pour un psychologue, quand il se trouve devant un patient schizophrène et qui croit mordicus qu'il est possédé par un «djinn» ! Où l'effet de «la rokia» sur la personne déprimée. Nous sommes devant des situations assez complexes, entre les valeurs scientifiques et les valeurs culturo-religieuses traditionnelles. A ce propos, même dans les milieux universitaires on ne peut pas aborder cette question paisiblement, sans être lunché et accusé d'occidentaliste, etc. Nous devons, si nous voulons valider une pratique traditionnelle aux normes scientifiques. L'université a un rôle à jouer sur ce plan, elle ne doit pas s'isoler à ces questions qui touchent la société.
Il est temps que les autorités concernées prennent leur responsabilité devant cette négligence envers un aspect important de la vie de tout citoyen. Avoir un bon psychologue qui propose une thérapie reconnue scientifiquement nécessite des efforts de tous les partenaires : les spécialistes de la psychologie, le ministère de la Santé et de l'Enseignement supérieur, et de la société civile. Cela pourra améliorer la prise en charge de nos citoyens qui sont dans le besoin d'un espace thérapeutique qui répond à leur exigence.
* Neuropsychologue
Note :
1 Willaye, E., Magerotte, G. (2008). Evaluation et intervention auprès des comportements-défis (déficience intellectuelle et/ou autisme). Bruxelles : Edition De Boeck.


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