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Djamila Bouhired et la rose pourpre du Caire
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 21 - 07 - 2010

Tom Baxter l'a fait. Il est sorti de l'écran de cinéma, où il interprétait le rôle d'un égyptologue, pour aller rejoindre la jeune femme qui venait, soir après soir, s'ébahir sur son jeu d'acteur. La fugue aussi impromptue qu'inattendue de ce héros virtuel avec une groupie bien réelle provoqua une situation inédite et confuse. Tout d'abord, les autres acteurs restés coincés dans l'écran ne savaient plus quoi faire puisque le scénario ne tenait plus la route sans lui. Ensuite, les spectateurs réclamèrent le remboursement de leurs billets du moment qu'il n'y avait plus de film, ce qui fâcha le propriétaire de cinéma et toute l'équipe qui avait produit et réalisé le film. Finalement, le vrai acteur se retrouva nez à nez avec le personnage qu'il avait lui-même interprété et qu'il supplia de retourner dans son écran, au lieu de lui faire de l'ombre et de lui porter préjudice.
Les amoureux du septième art auront certainement reconnu le scénario fort original de la «La rose pourpre du Caire », film mythique du cinéaste américain Woody Allen. Mais, se seraient-ils jamais doutés qu'une histoire analogue pouvait réellement avoir lieu?
En effet, Djamila Bouhired l'a fait, elle aussi. Elle s'est défaite de son écrin d'icône de la révolution algérienne et enjamba l'écran dans lequel l'avait confinée, depuis 1958, le célèbre cinéaste égyptien (feu) Youcef Chahine en lui consacrant le film «Djamila ». Et comme le passage du monde de l'image à celui du plancher des vaches semble irrémédiablement bouleverser l'ordre naturel des choses, l'escapade de la moudjahida n'a rien à envier à celle de Tom Baxter. Elle s'en prit tout d'abord à Youcef Chahine en lui reprochant de ne lui avoir jamais demandé sa permission de faire un film sur elle et, pour cette raison, le blâma juste avant son décès. À ce sujet, l'anecdote veut que le réalisateur de «Bab el Hadid » se soit rendu en Algérie pour la rencontrer, en pleine guerre d'indépendance, mais que l'entrevue ne se fit malheureusement pas.
Ensuite, ce fut au tour de Magda, la remarquable interprète de «Djamila » dans le film éponyme. La révolutionnaire l'a accusée d'avoir construit sa célébrité sur le dos de sa personnalité et que ses insinuations sur la vente de ses biens personnels dans le but de produire ce film ne sont que subterfuge et manipulation de l'opinion publique.
Ce n'est pas tout. À l'émissaire qui venait l'inviter aux festivités de l'ambassade d'Egypte à Alger organisées le 15 juillet dernier, elle déclara : «Il est impensable que je foule le perron de l'ambassade d'un pays qui a porté atteinte à la mémoire de nos martyrs et à notre drapeau national ».
Djamila Bouhired faisait allusion à la guerre médiatique entre l'Egypte et l'Algérie qui a accompagné les confrontations footballistiques entre les deux pays pour la qualification au Mondial 2010. Les épisodes les plus marquants pour elle, et pour probablement la majorité des Algériens, furent l'insulte proférée à l'encontre du million et demi de martyrs morts pour libérer leur pays et l'autodafé du drapeau national par des juristes égyptiens.
Il va sans dire que le film «Djamila » avait, en son temps, marqué les esprits de populations entières et a permis, bien au-delà de la personne de l'illustre moudjahida, de faire connaître la justesse du combat du peuple algérien pour recouvrer sa dignité. Projeté dans de nombreux pays, le film eut tellement de succès que le prénom «Djamila » devint à la mode et que le gouvernement français demanda son interdiction en Egypte et au Liban.
Mais pourquoi diable, Djamila Bouhired s'en est-elle prise à ceux qui l'on glorifiée dans une œuvre cinématographique, majeure à l'époque? Ce ne sont pas ces personnes qui sont à l'origine des actes répréhensibles et mesquins qui ont envenimé les relations entre les deux pays. Bien au contraire, elles ont été le ciment qui maintint, des décennies durant, l'amitié et le respect entre les deux peuples. Magda, n'a-t-elle pas, à plusieurs reprises, déclaré son admiration pour madame Bouhired et pour le sacrifice légendaire du peuple algérien, même pendant la guerre médiatique? Et Youssef Chahine ne disait-il pas dans une phrase intraduisible en français mais qui, en substance, signifie «J'aime tout ce qui est algérien »?
Mais lui qui a réalisé, en coproduction avec l'Algérie, le «Retour de l'enfant prodigue » sait parfaitement que «Djamila » finira par retrouver Bouhired. Et, tout comme Tom Baxter dans le film au titre prémonitoire de Woody Allen, l'héroïne fugueuse retournera dans son écran pour la postérité et le bonheur de générations de cinéphiles.
* Docteur en physique Montréal (Canada)


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