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Si, kayan minha !...
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 09 - 2010

N'en déplaise à une certaine publicité. Volontairement ou à cause d'une quelconque adversité on peut taire les envies les plus ardentes. Regardez ce qui arrive aux amateurs de la zlabia.
Cette dernière n'était-t-elle pas jusqu'à un passé très proche la reine indétrônable de nos meidas ramadanesques pour laquelle on n'hésitait pas à faire de longues virées et endurait héroïquement des chaines interminables et des cohues indescriptibles afin d'arracher comme un trophée son quota quotidien auprès de son marchand habituel. Elle avait même sa capitale : Boufarik, un haut lieu de la gastronomie sucrée.
Le zlabji avait un statut social enviable et on aimait le compter parmi ses alliances les plus recommandables, tant il devenait un personnage incontournable en ce mois sacré.
Mais pour cette année la folle spirale de l'inflation l'a déboulonné de son piédestal et versé son produit dans la liste des articles prohibés pour les pauvres et le peu de vendeurs de cette fameuse friandise populaire qui avaient résisté à la désaffection du consommateur perceptible dés les premiers jours de carême ont fini par carrément chômer vers la fin du mois sacré faute de chaland.
Ils sont combien ceux qui ont fini par y renoncer à cause de la flambée des prix des matières indispensables et des limites des capacités financières qui ont contraint les pères de familles à réaménager drastiquement les priorités et passer même à des choses autrement plus nécessaires.
Aussi impérieux soient la pression sociale et le mimétisme aveugle des voisins plus avantagés dans leur impitoyable persécution sur le citoyen pour sombrer dans la frénésie des achats, la réalité enseigne chaque jour qu'on peut toutefois se passer de pas mal de choses qui nous paraissaient fondamentales. La précarité pousse l'individu à être plus vigilant et ne pas succomber facilement au chant des sirènes pour peu que l'on décide de ne pas s'engluer dans l'endettement et hypothéquer lourdement sa liberté de mouvement en échappant aux fourches caudines des commerçants et surtout aux pièges de ses propres lubies.
Maintenant que le Ramadhan est fini et que la fête de l'aid a consommé les derniers bouts de chandelles le réveil est à la mesure de la perspective qui s'offre au pauvre quidam devant l'amoncellement des dettes qu'il a contractées pour satisfaire aux caprices d'un jour. Ce jour synonyme de joie et de bonheur à partager est un moment de grande sensibilité on l'on effectue malgré soi un arrêt pour évaluer son propre parcours pas toujours parsemé de roses. Une halte au bout d'un long chemin qui évoque le plus souvent une foule de souvenirs altérés des fois par d'amères désillusions. Aurait-il pu éviter telle faiblesse ou tel acte qu'il juge aujourd'hui combien onéreux et préjudiciables après l'extinction des lampions et la dissipation des brouillards de l'évènement. Le reproche de s'être laissé glisser bêtement sur la pente des tentations et d'avoir foncé tête baissée dans des dépenses inconsidérées remonte cruellement à la surface à la moindre occasion et le poursuivra pour le reste de l'année surtout qu'il n'a aucune chance de sortir la tête de l'eau avant longtemps avec la rentrée scolaire et les dépenses somptuaires d'un autre Aïd en vue.Kebir celui là avec de grandes cornes !
Il est malheureusement vrai de constater que nos fêtes contrairement à la généreuse manifestation des vertus morales qu'elles sont sensées véhiculer sombrent la plupart du temps dans l'étalage insolent du clinquant avec toute sa panoplie d'hypocrisie et parfois de comportements indécents à l'égard des plus vulnérables que la société musulmane se devait de protéger et de faire participer convivialement et surtout en toute discrétion à son allégresse .
Le cynisme ostentatoirement religieux très en vogue ces derniers temps ne fait que les humilier d'avantage en remuant le couteau dans la plaie par l'exacerbation de la disparité qui s'élargit un peu plus chaque année entre les deux rives de la chienne de vie.
C'est à croire que c'est le mercantilisme qui détermine en exclusivité notre manière de vivre et que ni les lois organiques et encore moins les prêches de nos imams n'ont d'effet sur la tyrannie du marché et le manque d'humanisme de la société.
Réfractaire à toute contrainte morale ou législative, le Bazard décide de ce nous devons acheter et aux conditions qu'il dicte froidement sans aucun scrupule. Ajouter à cela les ravages de la publicité qui s'engouffre dans tous les foyers et qui ferait regretter le temps de « pas de nouvelle, bonne nouvelle » où le manque d'information participait paradoxalement à la tranquillité des esprits d'une certaine manière.
Mythe de Sisyphe des temps modernes, elle façonne insidieusement d'autres reflexes de consommation à l' origine d'une farandole ininterrompue de demandes constamment renouvelées à la poursuite d'un seuil de satisfaction toujours plus éphémère et plus lointain.
Dans une société échaudée par les promesses d'un système dont les services compétents n'arrivent toujours pas à trouver la formule adéquate pour prendre en main les rouages de notre commerce et qui accumule les ratages récurrents de ses missions de protection du consommateur jusqu'à perdre irrémédiablement tout crédit, on assiste peut être à l'abandon par dépit du sentiment d'assisté pour ne plus compter que sur sa propre débrouillardise.
Que sont donc devenues les fameuses associations de consommateurs qui avaient à un certain moment de l'histoire essaimé à travers le territoire et brandi l'étendard de la lutte sans merci contre les disfonctionnements du marché, entre autres la qualité, les prix, la disponibilité et l'hygiène de la marchandise. Une pitoyable fumisterie. Comme pour les partis politiques elles ont vite montré leur véritable nature et prouvé qu'elles n'étaient qu'événementielles, tout juste pour nous gaver de démagogie et gratter quelques subventions à l'état à détourner ou servir de tremplin à quelques uns de leurs adhérents pour briguer d'autres mandats et rejoindre le gotha.
Eternel dindon de la farce, le consommateur a donc, sous les coups repétés, appris qu'il ne peut plus attendre aucune aide ou protection des structures qualifiées en théorie pour le faire, il a fini par comprendre la nécessité de se prendre en charge avec ses propres moyens et de s'autoréguler quitte à brider ses envies et même à se délester de quelques unes d'elles..
Nous ne sommes pas encore arrivés au stade d'exiger du marchand de fruits de nous servir un quartier de pastèque comme cela se fait le plus normalement du monde sous d'autres cieux, mais le consommateur intervient de plus en plus fréquemment dans la qualité et la quantité nécessaire du produit désiré. Il a surtout acquis le courage de s'en passer volontairement jusqu'à ce que les conditions soient plus favorables ! On ne meurt pas parce que l'on a raté un dessert tout de même ou…une boisson fut elle… !
En observant le comportement des ménagères on décèle les prémisses d'un reflexe d'auto contrôle qui dicte une maitrise plus draconienne de la gestion du budget du foyer. Un comportement très indiqué pour déterminer avec rigueur ses besoins incompressibles et adapter sa politique d'achat à ses moyens disponibles c'est de compter plusieurs fois ses sous avant de s'aventurer dans la jungle du marché.
Le problème n'est pas perçu de la même manière cependant par toutes les strates de la société. Il y a évidemment d'abord les deux extrémités ; celle dont le garde manger se trouve dans les décharges publiques qu'elle hante pour la subsistance parce que incapable de se procurer autrement les choses les plus élémentaires .
Pourtant, malgré son calvaire quotidien fait de privations de toutes sortes elle semble ne susciter aucun problème de conscience pour l'autre qui vit dans sa bulle en dehors de « l'atmosphère nationale».
Celle-là, dont les espaces sont ostensiblement hiérarchisés et délimités peut s'offrir la moindre de ses extravagances qu'un univers de boutiques et de magasins de luxe spécialement achalandés pour la satisfaction de ses caprices propose sous différentes griffes de renommée internationale.
Un monde vraiment à part avec ses frontières ostensibles, un microcosme ou même la classe moyenne, pourtant lieu privilégié de notre matière grise, se trouve quelque peu dépaysée et parfois brocardée par le regard oblique des préposés à la caisse pour son importune intrusion au royaume des cartes bancaires avec notre indéfectible monnaie crasseuse et en piteux état fleurant les maquignons des souks à bestiaux ou la tenancière de boui- bouis et autres hammams. On raconte qu'une fois un de nos grands responsables est tombé en disgrace.Comme personne n'était plus là pour le servir, il a été obligé d'aller au marché pour s'approvisionner. Sur son chemin de retour, il paraissait revenir de l'au-delà à tel point qu'il abordait, avec une mine offusquée, les passants pour leur faire part de ce qu'il vient de découvrir comme une terrible révélation : la pomme de terre à 3Da !... Ceux qui le connaissaient ont tout de suite compris les raisons de cette douce folie. La dernière fois qu'il avait acheté des patates remontait à une vingtaine d'années lorsque le kg valait à peine 0,50 Da ! A l'époque, il n'était pas encore responsable et collait encore à la réalité du terrain. Mais depuis…..est-ce la solitude du consommateur ou du responsable ? s


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