L'un des arguments classiques pour traiter du cas de la Libye et de sa révolution, ici chez nous, c'est de dire que cette guerre n'est pas innocente. Petits-fils de l'anti-impérialisme des années 70, les «observateurs» observent et répètent sans cesse que c'est une guerre pour le pétrole, que c'est une colonisation, que c'est une occupation et que l'Occident est hypocrite. Et si l'analyse est vraie, la clonclusion reste risible. Dire que l'Occident s'y sert pour ses intérêts est juste, mais s'attarder sur son hypocrésie est d'une naïveté comique. L'Occident, et on ne le répète pas assez apparement, est dans sa logique. Il défend ses intérêts et ses repas. Il va où il peut manger plus comme nous tous, Etat ou pères de famille. L'Occident n'est ni bon, ni mauvais. C'est une géographie qui a besoin de récoltes et de butins. C'est cette façon de l'accuser de ne pas être moral ou de bouger sur la base de ses calculs qui devient insupportable dans les journaux algériens et chez les collectionneurs d'opinions. Pourquoi faut-il que l'Occident soit Juste ? Pourquoi faut-il s'attendre à ce qu'il soit moral ? Pourquoi à chaque fois que l'Occident bouge, on le juge selon les critères de la moralité et de la sincérité ? L'habitude devient, à la fin, lassante. Et parce que les écrans TV ne laissent pas passer les balles de Kadhafi, certains chez nous se permettent ces analyses sur la néo-colonisation et sur les puissances et sur la servilité des Libyens qui ont demandé l'assistance de l'OTAN. On aurait bien aimé voir les anti-Otan algériens à Benghazi, il y a quelques mois, tremblants pour leurs femmes et enfants et enregistrer leurs déclarations de souverainneté au moment des tirs de missiles sur les toits de leurs maisons. L'Occident ? Bien sûr qu'il profite de la faiblesse des autres. C'est à nous de profiter de sa force et d'arrêter ces jérémiades sur l'interventionnisme, la colonisation ou le pétrole. D'ailleurs, pourquoi ne dit-on rien sur l'opportunisme sauvage de la Chine et de la Russie et de leur immoralisme dans le cas de la Syrie et du soutien au boucher de Damas ? Fatigué donc de ces analyses lassantes par l'hypernationalisme. Fatigué de ces gémissements sur le pétrole que l'on veut nous voler. Fatigué de ces théories du complot mondial contre nous, et qui, par la bouche des nôtres, explique que nous sommes des moutons manipulables et que l'Occident est une puissance divine. Sommes-nous à ce point incapable de faire l'histoire sauf comme des figurants ou des manipulés aux yeux de nos propres gens? Fatigué donc des anti BHL assis, bien que BHL soit une façon de manger tout à fait détestable. Fatigué de l'anti-impéralisme du gémissement et des analyses derrière la télé, sans les balles ni les cadavres. Les Libyens se sont au moins battus pour leur liberté, chez eux, malgré la menace de la mort, et avec le soutien de l'OTAN. Chez nous, pendant les années 90, le premier geste après la première idée de beaucoup, c'était de fuir.