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Khaled, fils de Mostefa Benboulaïd: L'artiste des Aurès n'est plus
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 12 - 10 - 2013

Ses gestes innocemment intempestifs, sa chicanerie moqueuse et aussi son labeur réfléchi, resteront pour ceux qui l'ont connu, un patrimoine de souvenance impérissable à jamais. En ce 5 octobre, il y avait de l'électricité dans le ciel. Les nuages couvraient la ville et son cimetière. Un tonnerre furtif comme une sonnerie aux morts a accompagné le rituel de la mise en terre. Soudain, une sorte de gifle vient frapper ma mémoire. Elle me faisait sortir cette symbiose entre deux morts. Celle du paternel, Mostefa Benboulaid en mars 1956 et celle du Fils Khaled en ce jour d'octobre 2013. La bruine et la quiétude. Je ne me suis pas abstenu d'avouer cette sensation à Nourredine Ait Hamouda, fils d'un autre héros, Amirouche venu à assister à l'enterrement et qui se trouvait à mes cotés. A son tour, les yeux larmoyants et d'un léger soupir, il m'affirma ému « mon père est venu ici en 1956 juste après la mort de Benboulaid et me voici encore moi à la mort de l'un de ses enfants …» il se retourna et se perdit dans la foule.
Il y avait tout un aréopage de personnalités et d'officiels. Beaucoup d'amis. Des voitures rutilantes, mais aussi des gens simples et fortement attristés. Le défunt faisait aussi dans les œuvres caritatives. Un gosse ne dépassant pas la douzaine d'années, à peine juché à la clôture du cimetière scrutant l'horizon de l'extérieur me semblait rongé par une irrésistible curiosité face à l'événement. Il ne s'est pas abstenu de m'apostropher. « elhadj, on enterre qui ?» j'ai dit « Khaled Benboulaid », éberlué l'enfant m'interloquait « quoi le chahid ? ». Je venais là aussi de comprendre une autre chose de l'école algérienne. On ne retient de l'histoire que sa phonétique.
J'aurais voulu lui dire non, mon fils c'est l'un des enfants du chahid Mostefa Benboulaid. Il s'appelle Benboulaid Khaled dit Khalil natif de la petite agglomération d'Arris, au sud de la wilaya de Batna. Il a vu le jour le 02 juin 1950. Il fréquenta l'Ecole primaire des indigènes située au stand au centre ville de Batna. Il avait poursuit ses études au collège d'enseignement moyen dans la même localité jusqu'à 1964. Le lycée El Mokrani de Ben Aknoun à Alger, le reçut en tant que jeune potache au moment où feu Abdelwahab, l'ainé alla à Sétif au lycée légendaire Mohamed Kerouani, les autres frères allèrent au lycée Benzerdjab de Tlemcen. Pourquoi cet autre déchirement familial ? La postérité le dira un jour. Khaled studieux et persévérant décrocha son baccalauréat sciences-ex. L'Ecole polytechnique d'architecture et d'urbanisme d'Alger le vit défiler dans ses couloirs et classes durant un certain temps, pour le voir partir loin, au Canada, précisément à l'université Laval au Québec. Ses études là, se couronnent par l'obtention un diplôme en architecture. Il aura séjourné dans ce pays plus de 16 ans, à partager entre la persévérance estudiantine, l'utilité de l'apprentissage et le souci du perfectionnement. Khaled m'affirmait que durant son séjour québécois, il avait vu des vertes et des pas mûres. Dépourvu de bourse en plein cursus ; il aurait exercé veilleur de nuit, appariteur d'hôtels et autres taches extra-scolaires. C'est ainsi, grâce à cette abnégation et cette acariâtreté qu'il arrivera à se voir lui discerner le premier prix d'architecture de Marina du Québec.
De retour au pays natal, établi chez lui à Batna, l'architecte a tous les outils du design, de l'art et du management architectural, pour faire embryonner avec pertinence et créativité son étude. Il commença par tracer à sa manière, sa vision des belles choses à réaliser. Lauréat à plusieurs concours lancés dans les divers secteurs du développement national. La diversité allait de l'habitat, la santé, l'éducation à la jeunesse et aux sports, Il aura dans cet élan d'esthète et du mieux faire, à emporter avec brio le premier prix d'architecture pour des lots conséquents de logements à Batna et a Khenchela. Le même premier rang lui fut attribué pour la réalisation du Palais de justice, du musée et comme récente exécution du bel immeuble de la daïra de Batna.
Tenace mais pas arrogant, Khalil essayait toujours de convaincre ses interlocuteurs sans jamais vouloir battre quiconque. Jouissant d'une notoriété avérée, ne s'empêchait nullement de fournir dans un bénévolat et volontarisme, ses services au profit de sa ville. Membre trésorier et architecte de la mosquée du 1er Novembre, il s'était placé avec détermination comme conseil permanent au service technique de la commune. A ce titre il eut à réaliser, des places publiques, des stèles, des rondpoints, des espaces verts et autres aménagements urbains. L'une des plus belles créations ainsi faite demeurera le musée d'Ichmoul à Dachrat ouled Moussa (lieu du rassemblement à la veille du déclenchement du 1 novembre 1954). D'une conception architecturale mesurée à la dimension du thème ; le musée est une simplicité à l'apparence frappante par le cachet hautement culturel qui s'y dégage. Le seul matériau local, exclusivement utilisé donne l'impression que l'œuvre vient de pousser naturellement comme une pierre pour épouser en finalité le décor pierreux qui l'environne. C'est dans cet endroit ferrique, lors d'un reportage qu'étant accompagnée en 2007 par le défunt et au moment où nous nous apprêtions à quitter les lieux ; une caravane de jeunes étudiantes et lycéennes était là, dans le cadre d'une visite programmée. L'aubaine était prodigieuse. Cette jeunesse eut droit sur l'esplanade du musée à une explication détaillée sur le père de la révolution par son fils. Ces jeunes bouillonnaient de questions. Ils voulaient tout savoir, d'un seul trait. L'on sentait dans leurs yeux l'émerveillement, mais aussi la fierté d'être la progéniture de Mostefa Benboulaid. Ils ne cachaient point cette douce fierté nationale qui particularise les enfants de cette région, à l'instar d'ailleurs de tout le peuple algérien. Parmi le lot, une jeune fille se distinguait tant par sa frêle silhouette que par sa visible timidité. L'ayant abordée par le pourquoi d'une telle sortie vers ce musée ? Elle s'exclamât sans frémir et avec enthousiasme « pour voir cheykhouna ! ». De qui s'agit-il ?devrions nous lui préciser. « Echahid el batal Benboulaid ». Moi ; pantois et enchanté je restais ; figé sur le parvis. Elle ; sourire aux lèvres alla sereine et joviale se confondre à la foule attentionnelle entourant le narrateur Khallil.
Le poids de l'histoire, la valeur de la révolution, la spécificité de la région donc et surtout la charge patronymique et le nom qu'il porte, allaient faire de lui, un élément engagé dans toutes les actions ayant trait à ce glorieux passé. Il se retrouvait tout au long de sa vie projeté dans une triple dimension temporelle. Ainsi il était le Président d'honneur de la fondation Emir-Abdelkader de Batna et membre de l'association -Protection du patrimoine révolutionnaire. Comme il a eu l'honneur de présider l'ordre national des architectes. Confiné dans un total désordre à l'époque, le nouveau président projetait de s'installer dans l'idéal d'un ordre tout court, pour finir en un front fort, solidaire et uni. Les défis du président de cet ordre, incarnés dans un ordre d'idées, ne semblaient pas s'inscrire dans un ordre de promesses. Priorité fut donnée à la réhabilitation du métier, l'assainissement des rangs, la valorisation de la raison. Le mérite d'une Algérie réussie, construite, reconstruite et rénovée, malgré défiance et déficit, revenait, quand même à cette armée d'intellectuels, à ces adeptes du crayon à mine, à ceux qui sont censés dessiner des villes et des ponts, des écoles et des prisons, créer la cité et la vie, les dortoirs et les mouroirs. Ne cessait-il de dire, en défense à sa corporation. C'est certainement pour ça aussi, que nombreux étaient les architectes venus de toute part saluer en un ultime hommage, leur ancien président, leur ami, leur confrère. Venu de Blida, Faycel contenait son émotion, trahie par la contraction, pourtant visible de son maxillaire. Ses soupirs et son silence en disaient long.
Le dernier travail de l'architecte est une œuvre éternisant l'indépendance. Prenant à titre bénévole la conception et le suivi de la place du cinquantenaire où un grand édifice en forme de palme ouverte et hissée vers les cieux est édifié et inauguré le 5 juillet 2012 au centre ville de Batna. Il excellait, en s'égorgeant à vouloir expliquer le pourquoi architectural de la chose. Tous les chiffres liés à la révolution y sont matérialisés. Les 6, 22, le 1 er, le 11, le 54 et le 62. Qui dans le nombre de marche, qui dans les portes, qui dans les colonnes, qui dans les galeries d'exposition.
Il ne fera plus une chose maintenant. Aux choses d'en faire un souvenir. A ses frères de perpétuer son esprit chevaleresque de savoir aimer les autres et les faire savoir aimer les belles choses, l'amitié et « l'hommerie » comme il tenait à qualifier « la redjla ». Adieu l'artiste, adieu mon frère.


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