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Un seul héros, le peuple !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 24 - 04 - 2014

Pendant la campagne électorale, le peuple, ce bon peuple était courtisé par tous les candidats à l'élection présidentielle. Ils lui ont trouvé toutes les vertus : untel disait qu'il était uni, tel autre s'extasiait sur son bon sens, son courage légendaire ou encore tel autre qui affirmait, haut et fort, qu'au peuple « on ne l'a fait pas ».
Parmi tous les candidats, il s'en est trouvé un qui est allé plus loin, par flagornerie ou par calcul peut-être, pour dire que « le peuple avait une parfaite connaissance de la chose politique et qu'il saurait utiliser sa voix à bon escient ». Au peuple, alors, on a tout promis : un toit, un logement, une vie meilleure et plus si affinités.
Mais ça, c'était avant le 17 avril 2014 !
Le vote clôturé et au fur et à mesure du dépouillement et de l'annonce, partielle, des résultats, le peuple, le bon peuple était crédité, par ceux à qui la victoire semblait sourire, de sage, de nationaliste soucieux de la stabilité du pays.
Les autres, recalés du scrutin, l'ont tout de suite diabolisé : immature, ont-ils dit, dénué de tout sens politique ; peuple de poltrons « qui n'a pas voulu changer son destin » ont osé dire certains parmi les déçus des résultats de la présidentielle.
Revoilà, donc, le peuple accusé de tous les maux du pays, rabaissé, rappelé à sa condition de « ghachis » de Noureddine Boukrouh, ou du fameux « je me suis trompé de peuple » de Saïd Saadi ou plus encore, du mémorable « le peuple ne sait pas voter » des élections législatives avortées de 1991.
Certains sont allés encore plus loin dans les limites, en proposant « de lui retirer le suffrage universel », estimant que le peuple n'en était pas digne.
Pauvre peuple ! Que n'a-t-il pas enduré ! La décennie noire et bien avant, le colonialisme, dont il s'en est sorti meurtri, certes, mais vainqueur, en héros ! On disait, alors : « un seul héros, le peuple » ; qui se souvient, encore, de cette devise qui a façonné notre imaginaire ?
Un slogan, en fait, qui a fait connaitre la révolution algérienne dans le monde entier.
Je m'en souviens comme si c'était hier. C'était dans les années soixante qui ont connu un point culminant avec, notamment, les manifestations du 11 décembre 1960.
Un matin, en franchissant, la porte cochère du 13 rue du Nil où j'habitais alors, à la Casbah d'Alger, j'ai vu l'inscription sur le mur de la maison des Benzahouane : un seul héros, le peuple ! J'ai subi le choc de ma vie de gosse : comment le peuple, c'est-à-dire, une foultitude de personnes, anonymes, aussi différentes les unes que les autres, peuvent n'en former qu'un, et de surcroit héros. Comme Géronimo, john Wayne, Zorro ou Tarzan qui ont meublé mes rêves de gosse. Le peuple, lui, c'est une masse, il n'a pas d'apparence, comment peut-on lui décerner ce qualificatif « d'héros », au singulier.
Plus tard, j'ai compris le sens de cette devise ; quand je dis plus tard, je veux parler de l'indépendance qui était, selon ce qu'on nous a expliqué alors, le fruit du combat du peuple algérien, mais les choses ont changé depuis, mais ça c'est une autre histoire.
Qui a donc, le premier écrit sur le mur de la rue N'fissa, la rue du Delta, la rue des Sarazins, cette phrase intemporelle ? Sait-il, ce génie, s'il est encore de ce monde, qu'il est rentré dans l'histoire ? L'aurait-il breveté cette devise, qu'il a transcrit, greffé, peut-être, avec rage, sur ce mur de la Casbah, avec un bout de charbon, qu'il a ensuite jeté par terre, lequel bout de charbon a été repris par quelqu'un d'autre qui à son tour…etc, qu'il en tirerait, aujourd'hui, quelque gloire ?
Un seul héros, le peuple ? Oui disent les 51% et plus de ceux qui sont partis voter le 17 avril 2014. Oui, dirait, certainement, Abdelaziz Bouteflika, vainqueur du scrutin et par conséquent Président de tous les algériens.
Non, prétendent les 48% restants et ceux qui les soutiennent : ce peuple, diabolisé, n'est plus ce héros d'autrefois, pense Ali Benflis, certainement déçu par son score, et qui doit en vouloir à tous ceux qui l'ont boudé.
Voilà, donc, le peuple coupé en deux, tiraillé par le lauréat, son dauphin et leurs troupes : peuple votant contre peuple abstentionniste !
Cela a même inspiré, Kamel Daoud, qui a écrit, dans une de ses dernières livraisons (...) Le peuple a peur du peuple, il ne lui fait pas confiance et le surveille du coin de l'œil. Le but du voyageur algérien n'est pas de se retrouver (essence de la quête dans les mythes du Monde) mais de se fuir… Ne pas se rencontrer, s'oublier, s'effacer (…) le peuple, théorie d'ensemble, est arrivé à voter contre lui-même (…) ».
Ce chroniqueur, que j'affectionne particulièrement, me fait penser à quelqu'un qui disait : « je suis contre tout ce qui est pour, et pour tout ce qui est contre. En tous cas au moins le temps des élections. J'ai horreur, viscéralement, horreur des engouements massifs, horreur de l'esprit de chapelle. Dès qu'il y a deux pour, je suis contre. Dès qu'il y a deux contre, je suis pour. Je suis pour la féroce indépendance, pour la raison en toute chose. Je suis démesurément pour la mesure ».
Kamel Daoud, se trompe peut-être, puisqu'en fait, il s'agit d'un seul et même peuple, composé d'électeurs intermittents qui, fonction de la théorie des « vases communicants », peut se retrouver, tantôt parmi les votants, ou parmi les abstentionnistes, pour peu que « l'offre électorale » qu'on lui présente l'agrée ou pas ! Le problème n'est pas à rechercher dans l'attitude du peuple face à l'urne, mais plutôt dans la qualité du discours politique et de l'absence des débats de fond lors de la campagne électorale passée !
Le peuple, pour l'instant, même balloté, interpellé et injurié, ne dit rien. Il s'est exprimé le 17 avril 2014 ; il se contente, au jour d'aujourd'hui, d'écouter, d'observer, de noter tout ce qui se dit sur lui et surtout de ne pas se laisser abattre par les coups de boutoirs qu'on tente de lui asséner à Ghardaïa, en Kabylie ou ailleurs dans le pays profond.
Devra-t-il pour autant, expliquer et justifier ses choix ?
1. il a opté pour le « vote refuge » et « l'adhésion au bilan »de Bouteflika : 8 000 000 de voix.
2. il a fait un« vote d'adhésion » au programme de Benflis : 1 200 000 voix.
3. Il a encouragé un « outsider » qui a bénéficié des voix des « primo votants » ; il en a profité, aussi, pour sanctionner, durement, les trois candidats restants qui ont été renvoyés « à leurs chères études » : 2 000 000 de voix.
Pour le reste, les spécialistes du ministère de l'intérieur et parmi eux les experts de la chose électorale, ne manqueront pas de nous le dire.
Comme l'abstention qui n'est pas propre à l'Algérie puisqu'elle est devenue une tendance mondiale. Les gens, apparemment, ne s'intéressent pas, ou peu ou prou, à la politique. Dans beaucoup de pays, le taux de participation aux élections, ne dépasse pas les 50% : il oscille entre 40 et 50%. L'abstention, selon les spécialistes a plusieurs visages :
1 Il y a, d'abord, une abstention d'indifférence, très directement liée à ce déficit d'insertion sociale. Elle est le plus souvent, le fait de personnes qui s'abstiennent, systématiquement, lors de tous les scrutins. Ce n'est, pourtant pas, cette catégorie qui explique l'augmentation de l'abstention
2 Il y a, également, une abstention pour raisons pratiques. Il peut s'agir de personnes qui, par exemple, ont eu un empêchement de dernière minute, n'ont pu se faire établir des procurations ou de jeunes couples, qui sont restés inscrits sur la liste électorale de la commune de leurs parents et qui n'ont pas demandé leur radiation.
3 il y a, enfin, une abstention de nature politique. Elle peut traduire la volonté d'exprimer une sanction pour pénaliser une équipe au pouvoir ou un gouvernement. Elle peut aussi, simplement être le fait d'électeurs qui ne se reconnaissent pas dans l'offre électorale proposée, tant celle relative à la personne du candidat, ou son bilan et/ou son programme.
De ce qui précède, on peut s'autoriser à dire que l'abstention en Algérie a acquis une certaine légitimité en tant que réponse politique à part entière, comme en Kabylie, par exemple.
L'électeur d'aujourd'hui, est d'abord un électeur intermittent, qui fait un usage alterné du vote et de l'abstention, qui ajuste son comportement électoral en fonction de l'offre politique, de la personnalité du candidat qui sollicite son suffrage, ou de la façon dont il perçoit l'importance des enjeux du scrutin.
Ceci étant dit, il y a aussi, ce nombre important de « bulletins nuls » : 1100 000 voix exprimées et sitôt annulées. Ce phénomène cyclique, renseigne sur une autre tendance, celle des déçus, parmi les électeurs, majoritairement des jeunes, qui s'expriment sans toutefois se reconnaitre dans les programmes des candidats en lice. Ils le font savoir, en marquant sur le bulletin leurs messages qui sont autant de demandes : « on veut se marier », « on veut un logement », « on veut un travail », « el harga » etc… Ce sont autant de « messages personnalisés » destinés à Abdelmalek Sellal, s'il venait à rempiler au palais du gouvernement.
Quant au bulletin blanc, c'est le citoyen qui tient aussi à exercer son devoir électoral et qui ne veut pas qu'on lui vole sa voix, qu'il ne donne, conséquemment, à personne puisqu'il renvoie les candidats, presque « dos à dos ». Ce bulletin est considéré comme nul en Algérie, alors qu'ailleurs, on tente de le valoriser et pour le moins, lui réserver un sort plus positif.
Le 17 avril dernier, on a eu droit, donc, à toutes les facettes du vote, de l'abstention, du bulletin blanc ou gribouillé ; qui a le droit de porter un jugement sur les motivations des électeurs qui ont eu, lors de la campagne électorale passée :
1 d'abord, à faire face à un climat sécuritaire tendu mais aussi caractérisé par une très forte défiance à l'égard de la politique telle que pratiquée dans nos contrées d'ici-bas
2 ensuite, à décrypter des enjeux brouillés qui ne recoupent pas les clivages politiques nationaux. Les citoyens ont eu du mal à identifier ce qui différencie le bilan et le programme de tel ou tel autre candidat
3 il y a aussi cette bipolarisation Bouteflika Vs Benflis qui a mis sous l'éteignoir les autres candidats qui n'ont récolté que des miettes, sauf Belaïd Abdelaziz qui tire son épingle du jeu.
En conclusion, qui sont-ils, tous ceux qui croient, à partir de leur petit pupitre ou de leurs ordinateurs, disqualifier les uns et les autres, le peuple en entier ou en partie, parce qu'ils ne leur conviennent pas, ou surtout parce qu'ils ne les ont pas suivi dans leurs délires.
Tel ce plumitif d'un journal arabophone, « Serdouk Essahafa » comme se plaisent à l'appeler certains de ses confrères, qui a été jusqu'à traiter le peuple, les citoyens algériens « d'handicapés ». Honte à lui, ce phasianidé de bassecour ! Qu'il médite à ses dépens, ce dicton bien de chez nous : « la poule pond et le coq… ». Lui-même et tous les autres, peuvent toujours continuer à se prendre pour ce qu'ils ne sont pas, car le peuple, quoiqu'il advienne, restera le seul maître de ce pays et nul ne pourra lui dicter son destin.


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