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Grande coalition contre califat autoproclamé
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 25 - 09 - 2014

Le guide Hervé Gourdel, kidnappé dimanche soir dans la région de Tizi-Ouzou, est la 1ère victime collatérale française de ce qui sera peut-être un très long conflit…
Trois jours avant, des Rafales français avait opéré un premier raid en Irak, détruisant une base logistique de l'Etat islamiste (EI). " L'objectif a été atteint et entièrement détruit " précisait un communiqué de l'Elysée. Cette opération avait été déclenchée au lendemain de la conférence de presse de François Hollande. Celui-ci confirmait le lancement d'une troisième guerre que la France allait mener simultanément sur des fronts extérieurs : le Mali, la Centrafrique et aujourd'hui, l'Irak. Sans oublier les 250 militaires français toujours présents en Afghanistan.
Et pour faire bonne mesure, Jean-Yves Le Drian a déclaré le 9 septembre dernier, que la France pourrait de nouveau s'engager militairement en Libye ! Le ministre de la Défense français a évoqué la possibilité d'étendre aux frontières libyennes, l'actuel dispositif " Barkhane " déployé au Nord-Mali, pour constituer " un rempart face au djihadisme du Sahel ".
Il est vrai que l'intervention militaire précédente, anglo-franco-américaine, entre mars et octobre 2011, a éliminé physiquement Kadhafi (sur quelle base légale ?) mais a plongé le pays dans une guerre civile sans fin. Les arsenaux furent tous pillés et les milices armées de différentes villes s'affrontent pour conquérir le pouvoir. Deux Parlements coexistent. L'un, légitime, est installé à Tobrouk (est).
L'autre, convoqué par les islamistes, est basé à Tripoli, la capitale. Et fin août 2014, le gouvernement provisoire d'Abdallah al-Theni, également installé dans l'est du pays, a présenté sa démission. C'est pourtant bien l'intervention militaire occidentale qui a précipité l'éclatement du pays et contribua grandement à la percée islamiste dans l'ensemble du Sahel.
Une résolution de l'ONU autorise déjà l'Algérie et l'Egypte à contrôler les frontières de la Libye puisque personne ne le fait du côté libyen. La France souhaite donc participer également à la " sécurisation des frontières ". Le ministre de la Défense a précisé lors de son point de presse que la France " travaille en bonne intelligence avec les Algériens ". Selon certaines sources, la France et les Etats-Unis apportent depuis trois mois un appui à des opérations algériennes en Libye. Mais ces déploiements de force ont été démentis par Alger.
La Coalition part pour une longue guerre
Dans la nuit du lundi au mardi, les Etats-Unis n'ont pas lésiné sur les moyens pour frapper l'EI en Syrie : une nuée de missiles Tomawak, des drones, des chasseurs, F16, F17, F18 et même le célèbre avion furtif F22. 120 soldats de l'EI auraient été tués lors des 14 raids menés, notamment sur la ville de Raqqa, la " capitale " de l'EI. Un résultat officiel apparemment modeste mais les pertes pourraient être bien supérieures.
Le principal succès de Barack Obama est que ses troupes furent militairement appuyées par cinq pays arabes : l'Arabie saoudite, Bahreïn, le Qatar, les Emirats arabes unis et la Jordanie ! En associant des pays arabes, les Etats-Unis donnent corps à la grande Coalition forte déjà d'une quarantaine de pays qui fait que les combats actuels apparaissent moins comme une attaque occidentale contre le Moyen-Orient (ce qui fut le cas lors des conflits irakiens précédents de 1991 et de 2003) que comme une vaste croisade mondiale contre le terrorisme qui associe les Occidentaux à des pays sunnites et chiites.
L'intervention militaire américaine souffre néanmoins de deux sérieuses difficultés juridico-politiques. Tout d'abord, le gouvernement légal syrien, celui de Bachar el-Assad, n'a rien demandé, contrairement au gouvernement irakien. Il est vrai que Damas fut " prévenue " et que Bachar el-Assad peut y retrouver une certaine légitimité puisque l'Amérique, qui avait juré la perte de cet " ennemi principal ", s'attaque dorénavant aux troupes de l'EI, celles-là mêmes que l'armée syrienne combat…
Certes, Washington dément toute coopération avec les troupes de Bachar El-Assad mais la diplomatie en temps de guerre consiste souvent à faire exactement le contraire de ce que l'on a proclamé la veille. L'autre faiblesse initiale de l'opération menée par Washington, c'est qu'elle se fait sans aucun aval de l'ONU. " Le président américain a indiqué qu'il participerait à une réunion exceptionnelle du Conseil de sécurité de l'ONU, avant la fin du mois, à l'occasion de l'Assemblée générale annuelle, note Pierre Haski, Mais il n'a aucunement conditionné l'intervention de la coalition - de fait, les Américains bombardent déjà l'EI depuis un mois... - au feu vert onusien ". Il est vrai que le mandat onusien officiel est souvent considéré par la Maison-Blanche comme un détail…
Le succès des armes sur le terrain peut faire oublier des contraintes juridiques ennuyeuses mais le conflit qui s'ouvre peut durer longtemps, plusieurs années peut-être, car l'armée de l'EI ne se disloquera pas après quelques bombardements aériens, d'autant que Barack Obama a exclu toute intervention de troupes américaines au sol. L'ouverture d'un conflit international lourd et peut-être durable, impose donc de connaitre les buts de guerre américains. S'agit-il de bouter les djihadistes hors de l'Irak où ils avaient réussi à y conquérir, dans une offensive-éclair, la majeure partie des territoires sunnites ? Et même en cas de succès américain, l'Irak y survivra-t-il ? Les Kurdes ont quasiment gagné une indépendance dont ils rêvent depuis les accords franco-anglais " Sykes-Picot " qui, depuis 1916, les avaient privés de toute existence nationale ?
S'agit-il d'exclure l'EI et toutes les factions djihadistes de Syrie et d'autres régions du Proche et du Moyen-Orient, comme le Liban ? Ce qui serait autrement plus difficile…
S'agit-il pour Washington d'opérer à chaud une nouvelle redéfinition des frontières, ce qui avait été déjà le rêve insensé de Georges Bush Junior ? On voit mal la Russie et la Chine qui ont systématiquement mis leur véto aux résolutions du Conseil de Sécurité contre Bachar el-Assad depuis le début du soulèvement, accepter une telle orientation…
Le rêve cauchemardeux du califat
Dans les mois qui précédèrent les évènements actuels, Barack Obama n'était pourtant pas très favorable à une escalade militaire. Mais le durcissement armé qui se déroule, était inévitable après les premiers et rapides succès de l'offensive d'été de l'EI , accompagnée d'exactions multiples, de déportations de populations, d'assassinats et des décapitations volontairement amplifiés par les services de propagande du Da'ech. Les islamistes radicaux souhaitaient en effet mener coûte que coûte, une guerre qu'ils espèrent en dernier lieu sinon gagner, tout au moins ne pas perdre dans un chaos grandissant et s'étendant à tout le Moyen-Orient. Sauf à croire excessivement à la grâce divine, l'état-major de l'EI doit savoir qu'il n'a guère les moyens d'affronter victorieusement une coalition militaire d'une quarantaine de pays. Ses stratèges espèrent donc que, la guerre nourrissant la guerre, l'embrasement de tout le Moyen-Orient suscitera une radicalisation des masses arabes qui viendront, selon eux, inévitablement renforcer leur cause.
Ce sont, il vrai, d'habiles propagandistes. Le 13 Octobre 2006, premier jour du mois du Ramadan, le califat de Da'ech fut proclamé sur l'ancien territoire des deux premiers empires arabes (Omeyade en Syrie et Abbasside en Irak). Abou Bakr Al-Baghdadi, le chef de l'Etat islamique (EI), qui est apparu pour la première fois sur une vidéo sur internet, le samedi 5 juillet, se proclama avec autorité " Calife ", détenteur de pouvoirs politique et spirituel sur l'ensemble des musulmans de la planète, et à qui il a réclamé l'allégeance.
Le titre de calife a été donné aux premiers successeurs de Mohammed, le prophète de l'islam. " Pourtant, dès le IXe siècle, sunnites et chiites se divisent sur l'étendue de ses pouvoirs, observe Anne-Bénédicte Hoffner dans la Croix, l'institution du " commandeur des croyants " qui donna plusieurs califats régionaux, décline à partir du XIème siècle. Sauf au XIXe siècle, lorsqu'en difficulté face à l'Occident, le sultan ottoman prend le titre de calife ". Finalement, c'est le très laïc Turc Mustafa Kemal, qui abolit d'abord le sultanat, puis en 1924, le califat, deux institutions qu'il juge dépassées. La Turquie actuelle, membre de l'Otan, candidate à l'UE et voisine des terrains d'affrontement est clairement engagé dans la Coalition.
L'Arabie et l'Iran, alliés…
Tout comme l'Arabie saoudite, " pourtant jusqu'ici, fortement soupçonnée d'avoir financé le développement de l'Etat islamique - alors l'Armée islamique d'Irak et du Levant -, comme une sorte de monstre qui échapperait désormais à ses créateurs. Et, de fait, le nombre de Saoudiens dans ses rangs serait considérable ", pointe Pierre Haski. Mais ce sont les ambitions mêmes du rêve démesuré du califat autoproclamé qui ont douché les sympathies saoudiennes : Abou Bakr Al-Baghdadi n'a-t-il pas déclaré vouloir devenir le gardien des lieux saints de l'islam, La Mecque et Médine ?
L'Arabie saoudite se retrouve donc au premier rang des alliés militaires des Etats-Unis, " partenaire à part entière " comme le souligne la Maison-Blanche. Tout comme le Qatar, pourtant le principal bailleur de fonds des courants des Frères musulmans en Egypte ou en Tunisie, ou issus de leur mouvance comme les djihadistes syriens… Si l'Arabie saoudite est un allié ancien et fidèle des Etats-Unis (pétrole oblige, de part et d'autre..), la politique régionale saoudienne est menée par Ryad avec une obsession connue : bloquer dans la grande zone l'influence de l'Iran, l'ennemi chiite. Et l'Arabie saoudite n'avait que modérément apprécié le récent réchauffement des relations américano-iraniennes après le compromis trouvé sur le délicat dossier nucléaire. Mais, aujourd'hui, dans les faits, Téhéran et Ryad font partie de la même Grande Coalition ! L'Iran qui soutient Bachar el-Assad et le Hezbollah, l'Iran qui n'a jamais renoncé officiellement à l'arme nucléaire, l'Iran qui entretien des rapports étroits avec le pouvoir chiite irakien, est devenu un allié de fait mais un allié essentiel de l'ex " grand Satan " américain et donc de l'Arabie... Aujourd'hui, décidemment, tout s'accélère très, très vite dans l'Orient de plus en plus compliqué…
Menaces terroristes sur l'Europe
Traditionnellement, le rôle de premier allié européen dans les aventures guerrières américaines, était dévolu à l'Angleterre. Désormais, c'est la France qui a pris la place.
" La France avait bien participé à la première guerre d'Irak, en 1991, avec de solides fondements de légalité internationale, lorsque Saddam Hussein a envahi et " avalé " le Koweït, un Etat souverain. Mais elle a refusé de participer à la deuxième, pas convaincue, à juste titre, par les " preuves " de l'administration Bush (fils) sur les armes de destructions massives irakiennes, rappelle Pierre Haski, pour la 3ème, Paris a choisit de se ranger derrière le leadership américain proclamé haut et fort par Barack Obama. Ça mérite au moins quelques explications politiques, techniques, stratégiques ".
Certains grands pays européens dont l'Allemagne, sont beaucoup plus prudents. D'autres pays de l'UE connus pour leurs sympathies pro-américaines, ne disposent guère des moyens militaires pour un conflit lointain et prolongé. Même François Hollande rencontre quelques difficultés en raison de sa politique d'économie budgétaire : avec près de 8.000 soldats d'ores et déjà déployés dans le monde, dont 3.000 au Sahel et plus de 2.000 en Afrique centrale, l'armée française doit en parallèle gérer la suppression de 7.000 postes par an. Comment fera-t-on avec l'Irak en plus, la Syrie (tôt ou tard) et peut-être la Libye ?
Mais la principale inquiétude des Européens n'est pas d'ordre économique. Toutes les pays européens ont en mémoire les attentats massifs de la Qaida contre les métros de Madrid (2004) et Londres (2005).
La question aujourd'hui n'est pas de savoir si ça va se reproduire mais : où et quand ?


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