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Maghreb : L'unité, enjeu majeur au XXIe siècle
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 09 - 07 - 2015


Suite et fin
L'idée du Maghreb en tant que phénomène concret renaît dès le XXe siècle avec l'éveil des nationalismes pour les indépendances et, depuis, il n'avait cessé de mobiliser les élites, pour des réformes. En prenant conscience de ses propres forces, cette élite aspirait déjà à la constitution d'un grand parti politique maghrébin.
UN PARTI POLITIQUE DU GRAND MAGHREB
A l'orée de ce siècle, l'idée du Maghreb y est exprimée de la même manière et au même moment au Maroc, en Tunisie et partout d'où le rôle de personnalités maghrébines telles M'hammed Belkhodja (1863-1943) membre fondateur de la ‘'Khaldouniya'' de Tunisie, Abdelkrim Médjaoui, professeur à la Qaraouiyine de Fès, père de Abdelkader Midjaoui (1848-1913), fondateur du journal ‘'al-Maghrib'' à Alger, ce dernier comptait parmi ses disciples Hamdan Ounissi qui, à son tour, fut professeur de Abdelhamid Ibn Badis (m.1940), le savant salafiste sorti d'al-Azhar Mohamed Bouaroug al-Azhari qui élaborait un discours religieux très dur à l'égard de la colonisation, Cadi Choaib d'Algérie, Choaib al Kettani du Maroc… Les mouvements maghrébins pour les indépendances intervenus, dès 1926, avec la création de l'Etoile nord-africaine, ont été soutenus sans frontières par les Marocains, les Tunisiens, les Libyens… Ce moment politique s'était illustré peu avant de beaux exemples dont celui des deux jeunes Maghrébins, les Algériens Ahmed Méziane et Mohamed Biraz, enfin le Tunisien Mohamed Bach Hamba signataires, en 1916, d'une pétition adressée au Président américain Wilson et aux membres du congrès de Versailles, réunis pour mettre fin à la Première Guerre mondiale leur demandant l'autodétermination des peuples algériens et tunisiens. Mohamed Bach Hamba, fondateur du mouvement des Jeunes-Tunisiens créait, en 1916, la Revue du Maghreb dans le but de lutter à l'échelle maghrébine contre la politique coloniale de la France. Ali Bach Hamba, frère de Mohamed Bach Hamba, était fondateur, au moment de la Première Guerre mondiale, du Comité de libération de l'Algérie et de la Tunisie. Il défendait aussi l'idée de la création de la ‘'République nord-africaine''. C'est à Paris, en 1908, qu'il rencontrait pour la première fois le politologue algérien Bénali Fekar, et ce à l'occasion de la tenue du congrès de l'Afrique du Nord. En 1918, il publie un mémoire dans lequel il revendique l'indépendance du ‘'peuple algéro-tunisien‘'. Depuis Genève où il a longtemps séjourné, Mohamed Bach Hamba, le leader du mouvement des ‘'Jeunes-Tunisiens'' assurait la coordination entre les patriotes algériens et tunisiens se trouvant en Europe, comme il fut aussi un des collaborateurs du nationaliste arabe Chakib Arslan, le mentor arabe de Messali Hadj, qu'il rencontra à Genève à l'initiative du professeur féru de langues anciennes et homme politique, Abdelkader Mahdad. Chakib Arslan, qui prenait fait et cause pour l'Etoile nord- africaine et Abdelkader Mahdad, tous les deux passionnés de culture andalouse, se donnaient rendez-vous, chaque année à Grenade. Les militants indépendantistes algériens Banoun Akli, Imache Amar, Djabri Bey, Mohamed Beddek prirent part au congrès islamo-européen de Genève, en 1935, où Messali Hadj dénonçait la domination française au Maghreb.
Ce moment de fébrilité du jeune patriotisme maghrébin fut marqué par la grande circulation de journaux et de périodiques arabes et aussi par l'empressement des intellectuels à participer aux congrès nord-africains dont celui de Paris en 1908 où étaient coude à coude les Jeunes-Tunisiens et les Jeunes-Algériens Ben Mustapha Khaïrallah (1867-1932), Bénali Fekar (1870-1942) et Abdeldjelil Zaouèche (1873-1947). Ces deux derniers ayant poursuivi leurs études supérieures en droit en France, à Lyon et à Paris, étaient de bons élèves des philosophes des Lumières pour être des plaidoyers en faveur de l'exigence du droit dans leurs pays respectifs. Ahmed Méziane, fils du caïd si Lakhdar, réfugié en Turquie avec sa famille refusant la conscription, occupait avant son exil le poste de répétiteur à la médersa de Tlemcen. Il eut pour destin, une fois arrivé en Turquie, de créer à Istanbul le comité d'accueil des émigrés maghrébins et de présider, en 1916, désigné par le gouvernement turc, la délégation de Maghrébins, au congrès de Berlin, devant débattre des questions d'impérialisme et de libération des peuples sous domination coloniale. Parmi les grandes figures politiques du maghrébinisme du tournant du XXe siècle, nous citerons le Marocain Hadj Abdeslam Benouna…, les Tunisiens Salah Chérif, Mohamed et Ali Bach Hamba, Cheikh Abdelaziz Thaalibi, Chadly Kheïrallah, Hadi Nouira, Habib Bourguiba… les Algériens Bénali Fekar, Messali Hadj, Mohamed Banoune, Amar Imache, Mohamed Beddek… enfin les chefs religieux à la tête des zaouïas tels Cheikh al Habri (Maroc), Cheikh al-Bouzidi (Algérie)…
Le thème du Maghreb sera mobilisateur de l'ensemble de l'élite qui a organisé en 1935 à «Nadi saada», au cœur de la vieille ville historique, à Tlemcen, le cinquième congrès des étudiants maghrébins portant sur le thème de l'éducation et des choix d'orientation pour un programme et un système unifiés. Ce congrès a réuni des personnalités incarnant la société civile de l'activisme civile et politique déjà très impliquées dans l'idée d'un Maghreb libre et indépendant: Allal el Fassi, Brahim Kettani (Maroc), Bahi Ladgham, Ali Balahouane, Hédi Nouira, Othmane al-Kaak (Tunisie), Omar Boukli Hacène, Moufdi Zakaria, Malek Bennabi, Cherif Salhi, Abdelkader Messaoudi, Boudali Safir, Abdelhamid Benachenhou, Abdeslam Boudjakdji, Abdelhamid Klouche (Algérie). Ces acteurs actifs des mouvements de libération dans leurs pays respectifs et plaidoyers en faveur du Maghreb ont défendu à cette occasion un projet commun d'éducation et d'instruction, clefs de voûte pour l'avenir du Maghreb. Ayant conscience de leurs propres forces, ils adoptèrent un programme à travers lequel ils se déclarèrent partisans d'un mouvement total de rénovation stimulée par les besoins de résurgence maghrébine. Ces militants considéraient que le succès pan-maghrébin de l'enseignement était une garantie pour l'avenir de la région. Ils avaient, certes, un fort sentiment de destin commun et se fixaient un double objectif l'indépendance puis, au tournant des indépendances, la construction du grand Maghreb dont l'Algérie, pour ses efforts, paie le prix fort pour la sécurité et qui a besoin davantage d'être maîtrisée dans toute la région. La stabilité du Sahel contrôlant toutes les routes au cœur de tous les trafics (armes, résine de canabis…) mais qui est difficile à rétablir durablement sans la conscience et l'implication de tous les pays du Maghreb, en est ainsi un de ses principaux défis.
Le Maghreb est au cœur des Algériens au XXe s. avec Messali Hadj et le combat de libération qu'il a voulu à l'échelle de la région et cela, avec la création de l'Etoile nord-africaine (ENA), celle-ci même qui a cristallisé ensuite les ambitions nationalistes dans toute la région. C'est dire qu'il y a un contexte ayant, certes, fortement imprégné la formation politique de ce nationaliste indépendantiste, dont le sacrifice a marqué à grands traits l'histoire contemporaine de son pays, l'Algérie, mais aussi du Maghreb. Cette page est écrite de grands noms que la mémoire n'oubliera jamais: l'ophtalmologiste algérien Tidjani Damerdji, installé à Rabat, membre du comité d'action pour la libération du Maroc, mort sur le champ de bataille lors de la lutte algérienne de libération; le Marocain docteur Djelloul Khatib… et toutes les personnalités impliquées à l'idée d'un Maghreb libre et indépendant. Le Maghreb, ce vieil ensemble régional, afro-méditerranien, porteur de valeurs, a pour rôle de s'adapter aux enjeux modernes et cela pour faire face aux défis politiques et économiques de son avenir. Sa construction est un mouvement irréversible. Les nécessités économiques aussi lui imposent une prise de parti, celui de l'unité. Les impératifs scientifiques, culturels… exigent aussi, et dans la complémentarité, un Maghreb uni pour une nouvelle dynamique des peuples de la région. La pression des évènements parmi d'autres effets nous fait sentir, et de plus en plus énergiquement, ce besoin d'unité dans cette région qui aspire profondément à vivre des changements dans la démocratie.
Il y a tout le profit économique qui pourrait être tiré d'un tel ensemble unifié mettant à profit ses potentialités et son ouverture. Pour cela, il faut enclencher le processus et établir une stratégie collective en mettant en place les structures et les instruments de rapprochement pour discuter des bases sur lesquelles le Maghreb est prêt à faire son union dans la réalité, ne pouvant continuer à exister en tant que simple illusion.
Le Maghreb ne peut plus se permettre d'agir avec intransigeance pour reconstruire l'entente sur des bases saines, mettant à profit le contexte de changement et de progrès démocratiques et, de ce fait, il a besoin de sa société civile motivée et convaincue, enfin des élites, seules en posture de pouvoir orienter cette grande construction, à l'image d'autres expériences vécues en Europe. L'Union euro-méditerranéenne a besoin de ce Maghreb uni et économiquement prospère, comme trait d'union avec l'Afrique.
A un Maghreb amorphe enfermé aujourd'hui dans une cage de fer, réduit à un aimable bavardage, le parti du Maghreb doit opposer la nécessité d'une action avec des tâches et des objectifs. Le Maghreb, c'est en outre un passé partagé mais, surtout, un pari commun pour l'avenir. Les nationalismes avec leurs barrières, c'est l'anti-Maghreb. Le Maghreb ne peut exister que dans la perspective d'un projet d'une vocation maghrébine. Il doit offrir en partage son histoire et ses valeurs. Aujourd'hui, c'est comment construire ce Maghreb dont on se sent héritier. Il est impossible au Maghreb de renaître sans un parti impliquant l'élite, avec aussi des réformes dans le sens de la représentation du peuple. Il faut aujourd'hui, en s'adaptant à l'évolution moderne, créer un nouvel esprit réunissant les conditions à la base du projet pan-maghrébin écarté aujourd'hui de sa propre histoire. Les hommes politiques maghrébins seront-ils encore, dans un proche avenir, conscients de l'enjeu important de cette construction ?
* Journaliste-écrivain Ancien rédacteur en chef régional de l'APS


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