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VIE(S) ET LUTTE(S) DE FEMME(S) ALGERIENNE(S)
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 27 - 08 - 2015


Livres
Les oiseaux de la nuit. Roman de Mohamed Djaafar. Casbah éditions, Alger 2014, 142 pages, 600 dinars.
Ecrit en 1992, en pleine actualité tragique préfigurant une autre tempête ravageuse du pays et des hommes, publié seulement en 2014, «après avoir été réaménagé», nous dit-on. Voilà un modeste roman qui, à travers quelques histoires simples d'«aventures humaines» en apparence indépendantes les unes des autres, nous retrace, en fait, et de quelle manière (directe, simple), la vie politique mouvementé d'un pays, l'Algérie en l'occurrence, en pleine découverte de nouvelles libertés… mais aussi de nouvelles misères.
Côté cour, bien sombre, vous avez Cheikh Rahmoun, un rural ayant fui la campagne, tombé bien bas… matériellement, devenu mendiant contre son gré et vivant dans une sorte de «Cour des miracles», assez humaine malgré tous les manques. Il observe les jeux des uns et des autres et analyse simplement la société environnante, et comprenant mieux que quiconque ce qui s'annonce.
Côté jardin, aussi sombre que le premier, vous avez le monde politique, avec la descente aux enfers d'un politicien bien en place, à la tête d'un parti politique puissant qui, croyant se jouer du «Pouvoir profond» en manipulant les «masses» miséreuses des rues d'Alger, est balayé du jour au lendemain… sans explications. Il croyait tout savoir et tout avoir… et il est vidé comme un malpropre sans comprendre.
Entre les deux, un nouveau pouvoir apparaît, sûr de lui, arrogant, retors, dominateur, jouisseur et croyant son heure venir… celui des affaires et de l'argent… et, bien tapis au-dessus (bien plutôt au-dessous, dans les salles des prières et des associations caritatives), attendant leur heure…, les «barbus».
L'auteur: né en 1955 à Bordj Bou Arréridj, après avoir fréquenté la faculté de droit d'Alger et entamé des études en documentation à Bruxelles, il s'oriente vers une carrière militaire. Retraité, il se consacre à l'écriture.
Avis - Pourrait faire une bonne pièce de théâtre… avec pour titre «Le bal des vautours» ou «Bal de nuit chez les vautours».
Citations: «Ceux qui ont recours aux tromperies (…) finissent par s'abuser eux-mêmes… Ils ne cesseront jamais de mendier» (p 40).
La femme en clair-obscur. Nouvelles de Djamila Lounis-Belhadj. Casbah éditions, Alger 2013, 317 pages, 800 dinars.
Vingt nouvelles ? Non, plutôt des récits «romancés» de vraie vie . Des vies de femmes. Jeunes, parfois même pas pubères ou vieilles, belles ou moins attirantes, usées par des procréations répétées ou les tâches ménagères, exploitées, harcelées, peu ou pas du tout aimées… parfois même par leurs propres enfants, rejetées, violentées, violées… parfois par un proche parent, bref «l'enfer des femmes algériennes». L'homme n'est là que pour jouir, manger, se reposer et dormir… pour imposer ce dont il a envie et frapper…, protégé soit par des lois lacunaires, soit par les us et coutumes renforcés par une certaine interprétation égocentrée et machiste de la religion.
On a donc la femme au foyer, l'épouse d'émigré, la femme mariée qui travaille, la femme sur son lieu de travail, la femme répudiée, la femme divorcée, la femme veuve, la femme qui vit seule, la femme stérile, la femme et l'héritage, la femme qui n'a pas de fils, la femme violentée, la femme orpheline, la femme privée de son revenu, la femme célibataire, la femme voilée… Bref, la femme dans tous ses (mauvais… tous mauvais) états.
L'auteure nous assure que tous les récits sont basés sur des histoires vraies, tirées de faits réels. On la croit. Il n'y a qu'à fréquenter les allées de nos tribunaux, de parcourir les chroniques judiciaires de la presse… et de tendre l'oreille dans les cafés.
Une anecdote terrible (tragicomique presque) qui montre combien le fossé est (devenu) profond entre les deux «communautés» (masculine et féminine ): Une dame maltraitée par son mari tout le temps qu'a duré leur ménage se rendait chaque vendredi au cimetière pour se recueillir sur la tombe du défunt. Quelqu'un lui dit: «Finalement, tu aimais ton mari puisque tu te rends chaque vendredi au cimetière». «J'y vais pour ajouter des pierres sur la tombe et ainsi m'assurer qu'il n' en sortira jamais…».
Avis aux amateurs de violences conjugales.
L'auteure: ancienne professeure d'enseignement moyen durant près de quarante ans, aujourd'hui retraitée (depuis 2011), auteure de contes pour enfants et d'ouvrages parascolaires, traducrice (Kalila et Dimna, entre autres vers le français), lauréate de plusieurs concours pédagogiques et littéraires.
Avis - Un livre très violent ? non. Très engagé, oui ! Féministe ? Qu'elle le soit et elle a totalement raison. La préfacière, Djoher Amhis-Ouksel a d'ailleurs averti: «On ne sort pas indemne de la lecture de ce livre».
Citations: « L'homme se cache derrière Dieu pour faire du mal. Ne se désigne-t-il pas comme le dieu de la famille (rab el âïla)» (p 19), «Une veuve sacrifie sa vie pour ses enfants, un veuf sacrifie ses enfants pour sa nouvelle épouse» (p 26).
La Maquisarde. Roman-essai de Nora Hamdi. Editions Sedia, Alger 2015 (Grasset et Fasquelle, Paris, 2014), 141 pages, 600 dinars.
La phrase de la fin de l'ouvrage: «Je suis fière de ma mère, mon héroïne», résume à elle toute seule l'histoire.
Une petite fille (encore que, pour l'époque, seize ans, c'est déjà l'antichambre de la vie de femme-femme ) qui se retrouve plongée brutalement, sans trop bien en comprendre les tenants et aboutissants, dans son hameau perdu dans la montagne kabyle (le village le plus proche, à trois heures de marche, est Mirabeau), dans la lutte de libération nationale. La guerre ne tarde pas à envahir et à détruire les vies déjà difficiles mais dignes, et les maisonnées toutes simples, mais chaleureuses.
En compagnie de sa mère, l'autre héroïne, elles font tout pour aider les premiers maquisards (dont le frère et le «promis»), au départ sans armes mais décidés à combattre: renseignements, liaisons, aide en nourriture… cela en faisant attention aux «rapporteurs» qui commencent à pulluler.
Une première arrestation et l'enfermement dans un camp de regroupement (du côté de Tadmaït). Elle arrive à fuir. Courage et inconscience de la jeunesse ? Volonté de retrouver sa mère et son frère… et son «promis» ? Elle rejoint le groupe de maquisards. De nouveau , elle est capturée. De nouveau l'enfermement… dans un «centre de tri et de transit» (lieu d'interrogatoire militaire où les prisonniers peuvent être tués sans aucune trace d'enregistrement). Elle résiste et apprend beaucoup sur la lutte pour la liberté et les droits des femmes grâce à une autre détenue, une infirmière d'origine européenne, Suzanne, soutenant le combat pour la libération. Mais cette fois-ci, capturée en tenue de combat, elle risque gros. La torture… puis, au bout, la «corvée de bois». Elle arrive à y échapper (grâce à un jeune appelé «réfractaire» et qui a l'air d'être tombé sous le charme, en tout bien, tout honneur, de la prisonnière)… Elle se réfugie à Alger. L'indépendance enfin. Seuls sa mère et son frère ont échappé à la tourmente. Son promis est mort et l'amie européenne est introuvable. Mariée à un émigré, exilée, elle coule des jours paisibles… sans jamais raconter (totalement) les épreuves traversées. Sa fille, l'auteure, en revisitant tous les lieux, reconstitue une vie de (jeune) combattante qui estime n'avoir fait que son devoir de femme libre.
L'auteure: artiste, romancière et réalisatrice (cinéma). Née en 68 en France (à Argenteuil) de parents algériens d'origine kabyle. Auteure de plusieurs romans dont le premier a été adapté au cinéma en 2008. Elle a même co-écrit une bande dessinée. Prépare, actuellement, un film sur le combat des femmes durant la guerre d'Algérie, sur la base de ce livre sur sa mère… et sur son oncle, lui aussi maquisard.
Avis - Un grand et immense chant d'admiration et d'amour d'une fille pour une (sa) mère Algérienne qui s'est construite, encore bien jeune, dans la guerre… et qui a élevé par la suite douze enfants sans jamais trop revenir sur un passé douloureux.
Citations: «Chez nous (durant la guerre), on ne montre jamais sa peine. On n'en se lamente jamais. On ne parle que du travail, du temps et des récoltes» (p 17), «Sans les femmes, la guerre d'Algérie n'aurait pas été gagnée» (p 133), «Cette guerre fait partie de mon histoire personnelle. Celle de mes origines. Celle que je dois connaître pour vivre en paix» (p 136), «Le sujet tabou de la guerre d'Algérie est comme une indigestion de l'Histoire» (p 137), «Voir une femme privée de savoir et de liberté est la plus grande des souffrances»(p 139).


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