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«la maquisarde» de nora hamdi : Mémoire dépouillée
Parution
Publié dans El Watan le 16 - 05 - 2015

N'ayant pas lu les ouvrages précédents de Nora Hamdi, une question peut se poser à propos du style de son ouvrage La maquisarde, publié l'an dernier chez Grasset et Fasquelle (Paris) et réédité il y a un mois en Algérie par les éditions Sédia.
Ecrit-elle ainsi d'habitude, ou est-ce le sujet particulier de ce livre qui l'a poussée à adopter une écriture aussi simple et dépouillée ? Quelle que soit la réponse, on doit admettre que cette forme, qui n'est pas sans beauté et atteint parfois la pureté, correspond parfaitement au contenu de ce livre, qui ne porte aucune mention de genre.
Roman ? Récit ? Il s'agit en fait d'un récit romancé écrit à partir des confidences de la mère de l'écrivaine sur sa participation à la guerre de Libération nationale.
Des confidences presqu'arrachées après plus d'un demi-siècle de silence, dans cette sorte de pudeur de ceux qui avaient la conviction de ne faire que leur devoir.
Ce roman-récit donc, de 144 pages, est une biographie écrite comme une autobiographie puisque la fille écrit à la première personne.
Ce livre aurait pu s'appeler (et il passe pour l'être) Journal d'une maquisarde. L'incipit de l'ouvrage donne d'emblée le ton du texte et en souligne le style : «J'ai seize ans. La guerre d'Algérie vient de me frapper de plein fouet. Comme beaucoup de jeunes filles menacées de mort, je n'ai jamais eu autant eu envie de vivre. C'est l'hiver.
Le vent ne cesse de souffler. La lumière vient de tomber sur les montagnes de Sid Ali Bounab». On entre aussitôt dans l'esprit de cette adolescente et, tout aussi vite, dans la violence de la guerre avec la descente des soldats français sur son village, la population rassemblée de force, des hommes arrêtés, d'autres s'enfuyant, certains abattus, tandis que son frère et son fiancé ont réussi à se fondre dans les maquis environnants. Le personnage-narrateur décrit sa vie quotidienne et, toujours avec des phrases courtes et des mots simples, débouche sur sa conscience aiguë de l'injustice régnante : «Chaque jour se passait ainsi.
C'était notre façon de vivre. Celle des paysans dans la montagne. Ma vie était parfaitement régentée. Elle a radicalement changé au début de mon adolescence. De plus en plus d'Algériens se sont rebellés contre la colonisation qui nous a fait sombrer dans cette terrible misère».
Puis, alors que son frère et son fiancé viennent clandestinement au village, ils sont dénoncés. Elle est emmenée pour complicité et enfermée au camp de Tadmaït d'où elle réussit à s'échapper pour rejoindre son village qui, peu de temps après, sera brûlé et rasé. Elle échappe de justesse aux viols et aux exécutions pour prendre les chemins de haute montagne.
La traversée de ces reliefs, seule, sans nourriture, ni défense, est un moment fort. La jeune fille reste marquée par les scènes de barbarie qu'elle a vécues, si bien que lorsqu'elle rencontre un moudjahid de l'ALN et que celui-ci s'étonne de sa chance d'avoir échappé aux dangers de la montagne, elle a cette pensée : «En l'écoutant, je me demande, qui des animaux sauvages ou de l'armée qui a dévasté mon village est le plus dangereux ?»
On lui donne une tenue de combat, on lui apprend à tirer mais, avant d'être affectée dans une unité (ce qui tarde car les chefs de troupes sont réticents à intégrer une jeune célibataire), elle est faite prisonnière par les militaires français suite à une offensive. De là commence un autre combat, sa découverte de l'univers carcéral où elle rencontre Suzanne, infirmière française arrêtée pour livraison de médicaments aux maquis, la grève de la faim, les exécutions sommaires…
Un appelé français chargé de l'abattre la sauvera de la mort et lui permettra de s'enfuir, retrouvant les siens avant d'aller se cacher à Alger. Après diverses péripéties, le texte s'achève de nos jours dans un aéroport parisien où Nora Hamdi «reprend» la parole : «J'avance dans la file de gens qui reviennent du pays de ma mère. L'Algérie.
Connaître l'histoire de ma mère pendant la guerre d'Algérie a bouleversé ma vie à jamais». Elle raconte alors les réticences de sa mère à se confier, les traumatismes de guerre prolongés jusque sur les boulevards de Paris, l'engagement admirable des femmes algériennes, payé de mépris après l'indépendance, et elle nous fait partager son enthousiasme à avoir ainsi remonté le cours de l'histoire.
Rien dans le parcours de cette auteure aux talents multiples, née en 1968 à Argenteuil, ne laissait présager une telle œuvre, plutôt bien accueillie par les critiques français. Nora Hamdi, qui a passé de longues années dans de petits boulots pour payer ses cours du soir en art, est connue pour ses interventions dans le monde de l'art urbain et de la mode. Artiste-peintre, elle s'est versée aussi dans la littérature et le cinéma. Elle est l'auteur d'une bande dessinée, Trois étoiles cosignée avec la célèbre écrivaine Virginie Despentes.
Elle a réalisé deux courts métrages, ainsi qu'un documentaire sur le mouvement artistique des lettristes et situationnistes. Son premier roman, Des poupées et des anges (2004) lui a valu le Prix Yves Navarre du premier roman et elle l'a elle-même adapté pour le cinéma, permettant à Leïla Bekhti d'obtenir son premier rôle et d'être pré-nominée aux Césars.
Ses romans portent volontiers sur l'art, tel Plaqué or (2005) sur le grand saxophoniste de jazz, John Coltrane, ou La couleur dans les mains (2011) sur sa pratique de la peinture. Des horizons branchés qui ne laissaient pas apparaître un tel besoin de racines.
Nora Hamdi, «La maquisarde».
Editions Sédia, Alger, 2015.


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