A quelques jours, seulement, de la célébration du sacrifice d'Abraham, les prix du mouton ont plongé, certains chanceux réussissant à se débrouiller une belle bête cornue moyennant la modique somme de 35.000 DA. En effet, de nombreuses familles ont déjà acheté leurs moutons depuis plusieurs jours déjà, le silence de la nuit déchiré par les bêlements de moutons dans de nombreux quartiers de la ville à Tiaret, attachés aux barreaux d'un balcon ou juchés sur les terrasses. En effet, lundi au marché à bestiaux de Tiaret, il y avait foule, avec un nombre impressionnant de moutons, proposés à la vente. Les derniers chiffres de la DSA font état d'un cheptel de plus de 2,4 millions d'ovins, présents sur le territoire de la wilaya de Tiaret. Un sourire illuminant son visage et celui de ses deux enfants, un père de famille traîne, au bout d'une laisse en tissu, une antenaise, achetée pour 24.000 DA seulement ! «J'ai fait mille et un calculs pour gérer mon budget de façon à faire plaisir à mes deux enfants, même si le coup de massue viendra avec l'argent à débourser pour les fournitures scolaires», confie-t-il. Pour Larbi, un éleveur de la région de Mecharef, dans la proche banlieue de Tiaret, ce sont les maquignons et autres intermédiaires, venus de plusieurs wilayas du nord du pays, qui ont dopé les prix. «Maintenant qu'ils sont partis, les prix ont plongé», nous explique-t-il, le regard rivé sur son troupeau reconnaissable à une tache de peinture rouge sur le front. A l'intérieur du marché à bestiaux, l'un des plus importants de l'ouest du pays, une foule bigarrée circule, dans tous les sens, à la recherche de la bonne affaire. Benali, un fonctionnaire à la retraite, reconnaît qu'il est à la recherche d'un mouton pour faire plaisir à sa mère et ses enfants, mais «le temps presse» s'inquiète-t-il. «J'ai 32.000 DA en poche, mais j'ai bon espoir de trouver une bête à moins de 30.000» confie-t-il, la main à l'intérieur de sa poche, de peur de se faire «soulager» de son argent. Mais pour beaucoup de connaisseurs des arcanes du monde agricole, l'ouverture de 29 points de rassemblement et de vente, dans 27 communes de la wilaya ont également contribué à tirer à la baisse les tarifs des moutons. Les souikas' qui fleurissent dans les cités et les grands quartiers de la ville proposent des bêtes, à la portée des bourses moyennes. Un éleveur qui dispose d'une bergerie, dans sa maison, à la cité Bouhenni' où il engraisse ses moutons, propose de bons antenais à 27.000 DA, et un mouton vigoureux jusqu'à 48.000 DA. Même topo au marché à bestiaux de Sougueur, véritable baromètre des prix des ovins, la tendance est plutôt à la baisse, au plus grand bonheur des chefs de famille. De beaux moutons cornus ont été cédés à moins de 45.000 DA, par des éleveurs de la région de Mechraâ Sfa, même si la faune des maquignons et autres «affairistes occasionnels» font tout pour mettre le feu sur le front des prix. Un autre éleveur, installé pas loin du barrage de Benkhedda, fait du porte-à-porte au niveau des quartiers de la ville de Tiaret, proposant des ovins de tous les gabarits à des prix intéressants. L'autre facteur qui devrait influer sur la baisse des prix à 48 heures du jour «J», la direction des Services agricoles a décidé d'octroyer des autorisations provisoires d'ouverture de marchés de proximité ou des «souikas», même si certains pensent avoir trouvé l'idée en offrant à leurs enfants des caprins, à l'image de ces chèvres cédées entre 7.000 et 10.000 DA pour une bête d'à peine 15 kg. Pour faire face à la contraction de la demande, des moutons sont proposés à la vente, sur la toile, comme cela se fait depuis plusieurs années, déjà. Des éleveurs de Sougueur, Tiaret et Aïn Dheb, proposent des moutons par facilités. Contre 3 ou 4 chèques, vous avez droit à une bête payable en plusieurs tranches. D'autres cotisent pour acheter un seul mouton pour toute la famille. Demain et jusqu'à jeudi, veille de l'Aïd, sera la dernière occasion pour les retardataires pour faire la «bonne affaire». Surtout que de nombreux éleveurs préfèrent se «débarrasser» de leurs bêtes pour amortir les frais, avec l'aliment de bétail, l'orge par exemple, qui a atteint les 2.800 DA le quintal, au marché parallèle. Le scénario cauchemardesque de la putréfaction de la viande après abattage, vécu l'année dernière par de nombreux citoyens, est toujours dans les esprits. Pour cela, les services de l'Inspection vétérinaire appellent à la prudence et à prendre conseil auprès des docteurs vétérinaires. Les services de la direction agricole ont également décidé d'ouvrir les abattoirs durant toute la journée de l'Aïd pour permette aux citoyens d'abattre leurs moutons en la présence d'un vétérinaire.