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La marchandisation du sacré : l'heure est à la résistance au laminoir néo-libéral
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 27 - 12 - 2018

«Le discours capitaliste, c'est quelque chose de follement astucieux, ça marche comme sur des roulettes, ça ne peut pas marcher mieux. Mais justement ça marche trop vite, ça se consomme. Ça se consomme si bien que ça se consume»... Lacan, philosophe
La proximité avec les fêtes de Noël nous donne l'opportunité de faire le point sur la façon dont un événement majeur pour l'espérance de plus d'un milliard de chrétiens -la naissance du Christ- a, au fil des centaines d'années, été détourné de son essence originelle pour devenir en définitive un événement festif païen qui a une saveur particulière avec son hold-up par la mondialisation néolibérale qui en a fait une source de profit. Il en est de même de la symbolique du pèlerinage pour les musulmans devenue une entreprise du business qui fait engranger à l'Arabie saoudite plus de 50 milliards de dollars pour son tourisme religieux où tout est mis en œuvre pour dépouiller d'une façon consentante le pèlerin.
On sait en effet que le rouleau compresseur néo-libéral s'attaque aux identités et aux espérances religieuses. Nous allons dans ce qui suit décrire quelques fait qui illustrent cet engouement pour l'éphémère à propos du pèlerinage à La Mecque et à propos de l'invention du Père Noël.
La résistance à une mondialisation laminoir d'une célébration chrétienne, Noël est devenu une fête qui dépasse largement la naissance du Christ. Beaucoup de pays tentent de résister à ce tsunami à la fois matérialiste mais aussi fossoyeur des identités et des religions au profit d'une religion profane matérialiste le money-théisme, ce dieu de l'argent protéiforme. Il en est aussi de certains pays musulmans qui y voient une concurrence du christianisme pour voler des ouailles sous un prosélytisme rampant qui peut ramener des brebis par l'intermédiaire de cette fête considérée à tort comme un attribut de l'Eglise alors qu'elle est née il y a seulement quelques siècles.
La Mecque: entre la cité de Dieu et la cité des hommes
On sait que le néo-libéralisme n'épargne ni les identités ni les espérances religieuses. Selon la tradition musulmane, La Mecque est une cité choisie par Dieu comme «bénédiction et direction pour les mondes». En cela, elle est la «mère des cités» et le «nombril de la terre». Mais elle est aussi une création des hommes, qui ont fait d'elle, au fil des siècles, ce qu'elle est aujourd'hui. Restait à en écrire l'histoire. C'est à quoi s'est attaqué, nous dit Ruth Grosrichard, directrice de recherche au CNRS, Ziauddin Sardar, intellectuel britannique, et musulman d'origine pakistanaise, dans son Histoire de La Mecque, de la naissance d'Abraham au XXIe siècle, publiée aux éditions Payot. «Pour ériger ce «clinquant architectural», écrit-il il aura fallu détruire quelque 400 édifices, soit 95% de l'héritage millénaire de la ville. La Mecque est, depuis plus de 80 ans, la chasse gardée de la dynastie saoudienne qui en a fait l'instrument de sa légitimité politique et religieuse, et a choisi, écrit l'auteur, d'agir comme si cette ville «n'avait ni préhistoire ni histoire avant Mahomet, ni histoire après lui». En 1973, cette volonté d'effacer toute trace du passé a conduit l'Etat saoudien à raser au bulldozer des quartiers entiers qui abritaient des sites historiques, anéantissant du coup un irremplaçable patrimoine culturel. Et ce n'était pas fini : en 2005, la mosquée Bilâl, probablement édifiée à l'époque du prophète Mahomet, est démolie sous un prétexte purement sécuritaire : elle jouxtait le palais du roi Fahd ; en 2010, la maison supposée de Khadija, première épouse du Prophète, se voit recycler en un bloc sanitaire, au sein d'un luxueux complexe résidentiel, Makkah Clock Royal Tower.» (1) (2)
La Mecque d'aujourd'hui: une Las Vegas des sables
«La Mecque d'aujourd'hui, poursuit Sardar, est la quasi-propriété privée de la monarchie saoudienne originaire du Najd (région centre de l'Arabie). A partir des années 1970, celle-ci livrera «Oum el Quora» «la mère des cités» à des spéculateurs immobiliers et à des entrepreneurs avides, dont le fameux clan Ben Laden. La mosquée sacrée elle-même est atteinte par ce gigantisme: «La cité comptait un nouveau dieu : l'argent. La manne pétrolière semblait consumer La Mecque», déplore Sardar en comparant ce développement débridé à celui de Houston et de Las Vegas(...). Ce qui amène l'auteur à conclure que les événements qui s'y produisent sont un concentré de la condition des musulmans du monde entier et des difficultés qui sont les leurs: «Quand la ville sainte, cœur de l'islam, est souillée, polluée, culturellement aride et envahie par la corruption, le reste du monde islamique ne s'en sort guère mieux ».
Du point de vue architectural et patrimoine, on s'étonne et on est scandalisé par les destructions archéologiques de Daesh. L'exemple vient de la famille saoudienne, il est à bien des égards édifiant: «Les villes saintes de La Mecque et de Médine n'ont pas échappé au puritanisme wahhabite. Iconoclaste au point de se méfier des vieilles pierres, ce courant religieux s'est appliqué à détruire la majeure partie de leur patrimoine architectural. «Quand les Talibans avaient détruit les statues des deux bouddhas à Bamiyan en Afghanistan, le monde entier s'en était ému», rappelle Al-Quds Al-Arabi. Or le fondamentalisme islamique ne s'en est pas seulement pris aux symboles d'autres religions, mais également aux vestiges de l'histoire musulmane elle-même : «En Arabie saoudite, on peut estimer que près de 90% des vestiges islamiques ont été détruits par le courant wahhabite, y compris des mosquées, des écoles et des tombes. Quand, en 1924, le roi Abdelaziz ibn Saoud a occupé la ville de La Mecque, l'une des premières choses qu'il ait faite fut de détruire le tombeau de Khadidja l'épouse du Prophète(...) La demeure d'Abou Bakr, le premier calife de l'Islam a fait place à un...hôtel Hilton»(3)
La manne religieuse d'un régime moyenâgeux avec l'indulgence de l'Occident
La curée n'a pas de limite pour dénaturer La Mecque et lui faire perdre sa dimension transcendante pour les musulmans. Une première tranche de travaux, de 2002 à 2012, a donné naissance à un complexe de gratte-ciel, dominé par une tour de 601 mètres abritant un hôtel et surmontée d'une horloge six fois plus grande que celle de Big Ben. «Selon les prévisions de l'Institut du Serviteur des Lieux Saints pour les Etudes sur le pèlerinage, le total des flux financiers qui seront générés en Arabie saoudite par le Hadj à l'horizon 2015 s'élèveraient à plus de 34 milliards de dollars, soit le double des profits tirés de cette opération durant ces deux dernières années. L'estimation en question est faite à base d'un calcul, la dépense moyenne par hadj s'élèverait à 1906 dollars, tout compris. Officiellement le nombre total des pèlerins «autorisés» a atteint l'an dernier 3 millions. Mais il faudrait y ajouter de nombreux autres croyants venus des différents coins d'Arabie saoudite et d'ailleurs portant ainsi les effectifs totaux à pas moins de 4 millions de hadjs, selon certaines estimations. Alors qu'entre Hadj et Omra, le nombre total des visiteurs peut dépasser annuellement 12 millions et devrait atteindre 17 millions à l'horizon 2025. Par ailleurs, il est noté que l'industrie du pèlerinage représenterait 50 milliards de dollars pour le royaume saoudien, soit le deuxième pôle de recettes financières après le pétrole» (4)
Il existe 276 hôtels à La Mecque. Le site propose même des circuits touristiques. On annonce aussi que le site de La Mecque, verra l'ouverture en 2017 du plus grand hôtel du monde. Le complexe hôtelier, dénommé Abraj Kudai, proposera 10.000 chambres et suites sur 60.000m². L'édifice, d'un coût de 3,5 milliards de dollars, sera bâti à 2,2 km du plus grand lieu de culte musulman du monde, la mosquée Masjid al-Haram, et battra le record détenu par The Venetian de Las Vegas. Les familles musulmanes les plus fortunées seront invitées à réserver dans l'établissement, où elles pourront se rendre via notamment les 12 héliports présents sur les douze tours de l'hôtel, dont dix abriteront des chambres quatre étoiles et deux, des suites cinq étoiles. Plusieurs étages seront réservés à la nombreuse famille royale saoudienne. (1)
L'image de l'Islam que donnent ces potentats du Golfe est à des années lumières du vrai Islam. A titre d'exemple l'Islam maghrébin tolérant n'a rien à voir avec cet islamiste qui a fermé la porte de l'Ijtihad (l'effort dans la connaissance), il y a de cela mille ans.
La marchandisation du divin
Comme on le voit, l'islam, à l'instar des autres religions, n'échappe pas à la marchandisation du sacré. La marchandisation du sacré y voit une autre manne inépuisable, l'essentiel est de donner au pèlerin ce qu'il veut avec en plus un supplément d'âme pourvu qu'il ait les espèces sonnantes et trébuchantes. Nous nous souvenons en effet tous de la comédie humaine chère à Balzac même dans le sacré concernant ce qu'on appelait les indulgences du pape vendues par le moine Tetzel tout ceci pour financer la décoration des plafonds de la chapelle Sixtine par Michel Ange. Plus on payait plus on pouvait être absous des pires abominations. Ce qui a amené Luther à écrire (en latin : Disputatio pro declaratione virtutis indulgentiarum), «La Dispute sur la puissance des indulgences» plus connue sous le nom des 95 thèses qui ouvrit la voie au protestantisme.
«Pour Lionel Obadia : auteur de l'ouvrage La marchandisation de Dieu. (Edit du Cnrs). L'approche économique du fait religieux est un domaine émergent (...) On peut considérer Adam Smith comme le précurseur en la matière, notamment sa Théorie des sentiments moraux où il étudie l'influence de la religion et des croyances sur l'économie. Mais la figure tutélaire de l'économie des religions, c'est évidemment Max Weber, pour son Introduction à l'éthique économique des religions universelles, où il tente de reconstituer les liens que chaque grande religion a entretenus avec l'économie, ouvrant la voie à une modélisation économique des comportements religieux. C'est la mondialisation qui est aujourd'hui le facteur déterminant. Rien d'étonnant à cela, car c'est à la fois au capitalisme et à l'expansion religieuse que la mondialisation a le plus massivement profité. Mondialisation et expansion du religieux se sont vite rencontrées, par exemple dans la montée en puissance de la finance islamique ou l'apparition d'une «finance chrétienne».(5)
L'histoire commence avec la naissance du Christ
On sait après les études d'un moine obscur, Denys Le Petit que le Christ n'est pas né le 25 août qui correspond en fait à la fête du sol invictus (victoire du soleil) date à partir de laquelle le jour est plus long que la nuit des païens et que l'Eglise s'est approprié pour espérer convertir ces païens. Le Christ, toujours selon Denys Le Petit, serait né 5 ou 6 ans avant la date officielle décrétée par le pape Grégoire pour l'avènement du christianisme. Nous sommes vraisemblablement en l'an de grâce 2024 et si l'on veut fêter l'anniversaire du Christ on serait mieux inspiré du côté de la période des semailles. En ce qui concerne le Père Noël et la fête y afférente. C'est une invention récente comme je l'ai écrit à la fois de l'Eglise et plus tard du libéralisme sauvage en la personne du saint Nicolas barbu en tenue rouge comme l'a imposé depuis près d'un siècle Coca Cola. Dans le plus pur aspect de la marchandisation du divin.
L'invention du Père Noël
Mieux encore, d'autres auteurs indiquent que le Christ ne serait pas né un 25 décembre, mais en automne. Nous lisons : «Existe-t-il des preuves bibliques que la naissance de Jésus-Christ a eu lieu en automne et non pas un 25 décembre ? Il en existe plusieurs. La date exacte n'est pas connue, bien que les preuves indiquent qu'elle aurait eu lieu en automne. Alors qu'il n'existe aucune preuve de la naissance du Christ un 25 décembre, il en existe de nombreuses indiquant une naissance tôt à l'automne.» L'un des marqueurs des fêtes de Noël est justement le Père Noël. Qu'en est-il exactement ? Bien que la tradition du Père Noël ait ses origines en Europe du Nord, il est popularisé aux Etats-Unis au XIXe siècle. La première mention du «Père Noël» en français est trouvée en 1855 sous la plume de George Sand (on parle avant plutôt du bonhomme de Noël ou du petit Jésus). Qu'il soit appelé Father Christmas ou Santa Claus en anglais, Weihnachtsmann en allemand, ou Père Noël, sa fonction principale est de distribuer des cadeaux aux enfants dans les maisons pendant la nuit de Noël du 24 au 25 décembre.(6) Martyne Perrot écrit à ce sujet : «Si certains ne savent pas très bien ce que l'on fête à Noël, nul n'ignore le Père Noël, figure emblématique de la société de consommation. Le Père Noël a une longue histoire, associée à la fête de Noël. «Noël» a deux étymologies possibles : l'une adoptée par les chrétiens en liaison avec la naissance de Jésus, l'autre en relation avec la célébration du solstice d'hiver, les Saturnales romaines et le culte du dieu Mithra. La généalogie du Père Noël commence au IVe siècle avec l'évêque saint Nicolas. Devenu au XVIIe siècle le fournisseur de cadeaux des enfants aux fêtes de fin d'année, il se dédouble avec l'apparition du Père Fouettard, son négatif aux noms multiples.» (7)
«Le Père Noël n'a pas eu la vie facile ! La Réforme et la Contre-Réforme catholique abolissent saint Nicolas au profit de «l'enfant Jésus», puis c'est le «Bonhomme Noël» laïque qui apparaît. Martyne Perrot décrit l'immigration en France du Père Noël-Saint Nicolas, par l'Alsace et la Lorraine à la fin du XIXe siècle d'abord, puis par les Etats-Unis, où les émigrants hollandais l'ont emmené au XVIIe siècle, et d'où il revient après la Seconde Guerre mondiale, redessiné par le matérialisme américain et Coca-Cola...En 1931, Coca-Cola l'utilisa comme argument publicitaire. Les couleurs rouge et blanc de la marque fixèrent l'uniforme du Père Noël contemporain. Le Père Noël s'impose enfin, même si, en 1951, il est pendu et brûlé à Dijon par des autorités ecclésiastiques ! Prétextant une «paganisation inquiétante de la fête de la Nativité, détournant l'esprit public du sens proprement chrétien de cette commémoration, au profit d'un mythe sans valeur religieuse».(7)
Le père Noël : un superman futé
«En tout cas, s'il existe, lit-on dans la contribution suivante, des mathématiciens ont montré combien il aurait la vie dure, ce vieil homme barbu. Si on compte qu'il y a 378 millions d'enfants dans le monde qui attendent avec impatience le 25 décembre avec en moyenne 3,5 enfants par foyer dans le monde, on arrive à 91,8 millions de maisons. C'est là le nombre de descentes à réaliser pour le Père Noël, en supposant qu'il y ait bien au moins un enfant sage dans chaque maison...Or, pour bien faire cela, Santa Claus dispose de 31 heures en supposant qu'il voyage d'est en ouest et que son traîneau suit les fuseaux horaires. Il doit donc faire 822,6 descentes de cheminée par seconde, ce qui lui laisse approximativement plus de 0,001 seconde pour distribuer les cadeaux dans chaque maison. Mais le Père Noël n'est pas le seul à être éprouvé.»(8)
«Les rennes ont eux aussi fort à faire ! Si on estime que les maisons sont éloignées les unes des autres de 1,2 km en moyenne, le voyage total est de plus de 120 millions de km. En 31 heures, cela suppose une vitesse supérieure à 3,8 millions de km/h, soit 1.050 km par seconde environ. Les rennes devraient donc galoper en l'air à Mach 3000 ! (...) En estimant que les cadeaux de chaque enfant pèsent 900 grammes, la charge totale emmenée serait de 321.300 tonnes. Un renne normal ne pouvant tracter plus de 136 kg, il faudrait donc un attelage de quelque 2.360.000 rennes normaux. Mais on le sait bien, les rennes du Père Noël sont des rennes magiques...A supposer qu'ils puissent transporter dix fois plus que les autres, ils ne seraient plus que 236.000 dans l'attelage. Reste la résistance dans l'air qui ne peut être éludée. En effet, 321.300 tonnes voyageant à 3,8 millions de km/h nous donne une résistance de 14,3 milliards de trilliards de joules d'énergie pour les rennes placés en tête de cortège. Bref, là encore, à moins de poils magiques ignifugés, les pauvres animaux seraient réduits en poussière et l'ensemble de l'attelage serait consumé en 0,00426e de seconde. Conclusion : si le Père Noël existe, il est vraiment, vraiment magique. (8)
Une solution consiste à admettre qu'avec son expérience et son air futé, le Père Noël a su développer pendant l'année des dépôts dans chaque grande ville, et utiliser Internet, en s'alliant avec les parents. Il n'y a pas un Père Noël, mais un million, il a peut-être recours à une technologie extraterrestre pour se cloner. Les rennes ne sont pas vraiment des rennes, mais des robots. Avec une propulsion antigravitationnelle. Il peut être partout en même temps.
La résistance «identitaire» chinoise au «Noël néolibéral»
C'est un fait que le néolibéral n'a rien à voir avec le Noël des cœurs celui de l'apaisement, du ressourcement spirituel, de l'humilité, de l'homme en face du mystère. Il n'y a rien de tout cela dans ce siècle de la civilisation occidentale du toujours plus, de «l'ébriété «consumatrice» où on tourne le dos à la dimension symbolique devenus des consommateurs sous influence, le néolibéralisme sous un discours soft vous incite à dépenser et surtout à ne pas penser.
«Noël, lit-on sur Slate, est désormais une période commerciale et culturelle, davantage représentée par le Père Noël et des sapins décorés que par la messe de minuit. Ce mastodonte de soft power se propage donc dans les pays qui n'ont pas de tradition chrétienne. Les Japonais par exemple célèbrent le 25 décembre en allant au KFC. Toutefois, au moins un pays essaye par tous les moyens d'endiguer la contagion. Xi Jinping voit dans cette fête une influence occidentale indésirable. Pourtant la Chine est le premier fabricant de décorations de Noël. Depuis quelques années, Xi Jinping, mène une politique identitaire forte en exacerbant le nationalisme et en rejetant les influences occidentales dans le pays. Cette politique se traduit par exemple par un rejet des arts martiaux modernes au profit du kung-fu traditionnel. En Chine, Noël souffre en plus des restrictions imposées contre les libertés religieuses».(9)
«Pourtant c'est la Chine qui alimente et participe à la fièvre acheteuse du mois de décembre. «Toutefois, justement tout cela ne semble pas suffisant pour tenir le pays à l'écart de la magie de Noël. D'après Bloomberg, la fabrication de décorations de Noël est un gigantesque marché de 5,6 milliards de dollars pour la Chine. À titre d'exemple, justement 90% des décorations de Noël importées aux Etats-Unis viennent de Chine. Et on ne parle même pas de tous les cadeaux manufacturés dans le pays. Aussi, malgré les efforts du gouvernement, la célébration de fin d'année est de plus en plus populaire chez les habitants et les habitantes. Pour le constater il suffit de se tourner vers Rovaniemi, la ville du Père Noël. Cette ville finlandaise de Laponie du Nord abrite un village touristique entièrement dédié à la fête de Noël. D'après Visit Rovaniemi, la société qui y organise le tourisme, le nombre de touristes chinois est passé de 3.300 en 2010 à 32.349 l'année dernière. Et des centaines de lettres d'enfants écrites en chinois s'entassent dans le bureau de poste de la ville. (9)
On le voit. Elle ne veut pas de Noël libéral chez elle mais elle alimente l'utopie. L'expression : «Not in my backyard!» «Pas dans mon jardin !» de Rex Tillerson, le patron du géant pétrolier Exxon Mobil, le producteur du gaz de schiste ailleurs et qui ne veut pas des gaz de schiste chez lui, s'applique à souhait. Les adeptes du gaz de schiste en Algérie devraient y réfléchir à deux fois.
Un autre exemple est donné par la lutte de l'Eglise pour combattre une fête païenne : Halloween importée du temple du libéralisme, concurrençant la fête de Noël. L'Eglise crée, pour la circonstance, un slogan : « Holy Win ! », « le sacré vaincra ! » Il n'a pas vaincu.. mais la fête ne fait plus recette pour d'autres motifs qui n'ont rien de religieux. Même en Algérie nous avons à l'occasion du Mouloud un ersatz du néolibéralisme en l'utilisation des pétards. Un marché informel évalué à plusieurs milliards de DA que les pouvoirs publics essaient de combattre en vain d'une façon soft en mettant en exergue les risques d'accident. Comme par magie cette année le commerce a diminué d'intensité. Il semblerait que le mérite serait dû à une fatwa qui a fait que la crainte du châtiment suprême a été plus efficace que l'injonction citoyenne.
Noël, Halloween, tout est bon pour le néo-libéralisme pour extraire de la valeur quand bien même il s'agit de l'espérance de milliards d'individus. Cette décadence planétaire des valeurs et de la dignité humaines est due aux dégâts du néolibéralisme dans sa réussite d'imposition d'une nouvelle civilisation virtuelle qui, on l'aura compris, se construit sur les décombres de la civilisation humaine telle que nous la connaissons depuis les premiers villages édifiés il y a 10.000 ans en Irak. Le néolibéralisme ne laisse pas intact l'individu. On comprend que les individus rendus fragiles par un quotidien sans perspective deviennent des proies consentantes du marché. Ils s'accrochent à tous les ersatz de plaisir en oubliant leur dimension symbolique. Le néolibéralisme ne se contente pas d'imposer sa vision du monde à la fois par la science et la force, il s'attaque aussi aux identités.
Cette désymbolisation du monde mise en évidence par Dany-Robert Dufour, est en train de pénétrer en profondeur le tissu social. A juste titre, la mondialisation et le néolibéralisme peuvent être tenus pour responsables de cette débâcle planétaire. Nous vivons, écrit Dany-Robert Dufour, une époque où le plaisir est devenu une priorité, où les carrières autrefois toutes tracées se brisent sur l'écueil de la précarité, la vie à deux ressemble de plus en plus à un CDD. Par ailleurs, on peut citer comme autre perturbation inédite, le développement de l'individualisme, la diminution du rôle de l'Etat, la prééminence progressive de la marchandise sur tout autre considération, le règne de l'argent, la transformation de la culture en modes successives, la massification des modes de vie allant de pair avec l'individualisation et l'exhibition du paraître, l'importante place prise par des technologies très puissantes et souvent incontrôlées, comme l'Internet et ses dérivés sont, en définitive, autant d'éléments qui contribuent à l'errance de l'individu-sujet.»(9)(10)
«En définitive, écrit le philosophe Dany-Robert Dufour sous les coups de boutoir de la post-modernité, la civilisation telle que nous l'avons connue risque de disparaître rapidement. On ne devrait cependant jamais oublier que des civilisations millénaires peuvent s'éteindre en quelques lustres. Le néolibéralisme, est en train de se défaire de toutes les formes d'échanges qui subsistaient par référence à un garant absolu ou métasocial des échanges. Pouvons-nous laisser l'espace critique, si difficilement construit au cours des siècles précédents, se volatiliser en une ou deux générations ?».(11)
Faut-il croire à tout prix au Père Noël au XXIe siècle ?
A l'autre bout du curseur, les partisans de la dimension symbolique et humaniste de ressourcement chrétien qui y trouvent des raisons de croire au Père Noël. Chantal Dupille a ces mots frappés de bon sens : «Noël ! fête de Mâmon, de la bombance, de la (sur)consommation, du gavage des gens et des oies, de la débauche, de la tentation ! Comme on est loin du sens originel... ! je cite une lectrice, Rita Pitton : «Noël, message éternel d'espérance, d'amour, de fraternité» ! Jésus est né dans une étable, au milieu des animaux, il a vécu comme un SDF, sans toit, sans biens, sans vêtements de rechange...et il a dit : «Heureux vous les pauvres» ! Le Messie tant attendu n'a pas été reconnu par beaucoup : il était venu, lui le Prince de la Paix, sur un âne, pas sur le Veau d'Or. Mon Noël, c'est le foie maigre, ou plutôt la foi, c'est la sobriété en relation avec tous les pauvres de ce monde, c'est la solidarité avec les oubliés. Qu'y a-t-il de plus beau, ce jour-là, que de penser à ceux qui n'ont rien et qui, dans la rue, ignorés de tous, vivent plus cruellement encore cette journée d'abandon total ?(12)
D'aucuns disent que le Père Noël est une ordure capitaliste. Peut-être. Ce barbu dominant sur ses rennes. En plus, il semble que ses lutins ne sont même pas payés ou si peu comme chez Amazon ! Il doit s'adapter en France en troquant par exemple cette année sa belle cape rouge contre un gilet jaune pour pouvoir passer les ronds-points ! On sait qu'il est futé !!!
Le mythe du Père Noël a la peau dure. Le marché s'est emparé de sa dimension matérielle. Plus largement, croire au Père Noël tient de la naïveté de celui qui ne veut pas grandir. La douce naïveté fait dire aux enfants : «Moi, je sais que le Père Noël, c'est Papa !» «Faut-il pour autant ne pas croire au Père Noël ? Pourquoi le Père Noël fait-il couler tant d'encre ?.(...) C'est également une période liée au mythe de la générosité. Durant cette période, c'est comme si le temps n'existait plus. Comme s'il s'établissait une «trêve» par rapport aux soucis humains. (...) Il faut donner la possibilité à l'enfant de rêver, de laisser parler son imagination. L'enfant aura largement l'opportunité de s'apercevoir que le monde n'est pas parfait. Donc laissez-lui le temps de rêver et de laisser libre cours à sa naïveté. Le Père Noël n'est pas un mensonge : c'est une légende, un mythe. De plus, l'enfant a besoin de cette période pour grandir. Jusqu'à 6 ans, il est dans une phase dite de la pensée magique. La limite entre le réel et l'imaginaire est floue. (...) Laisser la magie de Noël opérer. L'enfant a besoin de croire en des choses extraordinaires pour grandir. C'est une période assez courte qui prendra fin lorsqu'il sera âgé de 7 ans.»(13)
Conclusion
C'est dans l'histoire contemporaine des Etats-Unis, berceau du néo-libéralisme, qu'il faut chercher les origines du néolibéralisme. On est face à un Etat de plus en plus réduit dans sa surface mais de plus en plus renforcé dans ses structures de commandement. L'Etat Providence est mort de sa belle mort. Tous les acquis que les travailleurs ont cumulés se réduisent comme peau de chagrin. Voilà l'orientation que le néo-libéralisme veut imposer au sens de l'histoire. Le capital a horreur des frontières comme il a horreur des solidarités. Le nouveau capitalisme cherche à démanteler toute valeur symbolique au profit de la seule valeur monétaire neutre de la marchandise. Puisqu'il n'y a plus qu'un ensemble de produits qui s'échangent à leur stricte valeur marchande, les hommes doivent se débarrasser de toutes ces surcharges culturelles et symboliques qui garantissaient naguère leurs échanges. Sous les coups de boutoir de la post-modernité, la civilisation telle que nous l'avons connue risque de disparaître rapidement. On ne devrait cependant jamais oublier que des civilisations millénaires peuvent s'éteindre en quelques lustres. Le formatage de l'individu, sujet consommateur sous influence, commence très tôt ; la télévision généralise dès l'enfance la confusion entre le réel et l'imaginaire. Le néolibéralisme ne vise pas seulement la destruction des instances collectives construites de longue date (famille, syndicats, partis, et plus généralement culture), mais aussi celle de la forme individu-sujet apparue au cours de la longue période moderne. Le rêve du capitalisme est de repousser le territoire de la marchandise aux limites du monde où tout serait marchandisable (droits sur l'eau, le génome, les espèces vivantes, achat et vente d'enfants, d'organes… GPA). Plus rien alors ne pourra endiguer un capitalisme total où tout, sans exception, fera partie de l'univers marchand : la nature, le vivant et l'imaginaire.
Partout dans le monde, on constate une fragilité du présent et une incertitude du lendemain. Le monde vit au rythme de la terreur et non pas à celui de l'apaisement. En Occident, espace repu qui a bâti son développement sur les Sud épuisés et incapables de suivre le mouvement de la science et de la haute technologie. La résistance à tout ce qui dégrade l'homme par l'homme, aux asservissements, aux mépris, aux humiliations, se nourrit de l'aspiration, non pas au meilleur des mondes, mais à un monde meilleur. Cette aspiration, qui n'a cessé de naître et renaître au cours de l'histoire humaine, renaîtra encore …
Le Père Noël est peut-être l'un des derniers repères symbolique, même si à l'évidence il est devenu un produit marchand, nous croyons aussi qu'en ces temps de désenchantement, laissons les enfants continuer à rêver quelque soit la latitude. L'amère réalité les rattrapera toujours assez tôt. C'est peut-être la seule déconstruction de la doxa occidentale à ne pas faire. Rien à voir avec l'adulte et comme l'écrit Pierre Desproges : «L'enfant croit au Père Noël. L'adulte non. L'adulte ne croit pas au Père Noël. Il vote.» Tout est dit !
*Professeur. Ecole Polytechnique Alger
Notes :
1.http://chemseddine.over-blog.com/2015/09/la-mecque-cite-de-dieu-ou-cite-marchande.html
2.Ruth Grosrichard http://www.lemonde.fr/afrique/article/2015/08/28/la-mecque-entre-la-cite-de-dieu-et-la-cite-des-hommes_4739160_3212.html#S2xcyI 1rRmq2CGXW.99
3. http://www.courrierinternational.com/revue-de-presse/2006/05/19/les-wahhabites-se-heurtent-aux-vieilles-pierres-de-la-mecque
4 http://www.algerie1.com/actualite/le-hadj-rapportera-plus-de-34-milliards-de-dollars-par-an/
5. http://www.franceculture.fr/emission-l-essai-et-la-revue-du-jour-la-marchandisation-de-dieu-revue-socio-anthropologie-2014-03-12
6.http://www.joyeux-noel.com/perenoel.html
7.Martyne Perrot http://www.evangile-et-liberte.net/elements/numeros/184/article8.html
8.http://www.maxisciences.com/no%ebl/quand-les-mathematiques-se-penchent-sur-l-039-existence-du-pere-noel_art28054.html
9.Dany Robert Dufour: L'Art de réduire les têtes. Editions Denoël, Paris. 2003.
10.Dany-Robert Dufour: Les désarrois de l'individu-sujet. Le Monde diplomatique. 02 2001
11.Dany Robert Dufour La fabrique de l'enfant «post-moderne». Le Monde Diplomatique 11.20.01
12.http://sos-crise.over-blog.com/article-mon-noel-ton-noel-notre-noel-113772996.html
13.http://leplus.nouvelobs.com/contribution/743786-faut-il-croire-au-pere-noel-ou-prevenir-son-enfant-de-cette-supercherie-commerciale.html


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