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Tiaret: Le cimetière, ce lieu de rencontre des vivants
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 22 - 08 - 2019

Accroupi devant une tombe joliment fleurie, un homme d'un certain âge psalmodie à voix basse des versets coraniques avant de lever les bras au ciel pour prier pour le repos de l'âme de l'être cher perdu. Il y a du monde en ce lundi sous une chaleur étouffante, plus de 43°C à l'ombre.
Depuis longtemps déjà, les cimetières sont devenus des lieux de rencontre... pour les vivants. Même si on continue à lever les morts comme on lève une séance, les gens, après un furtif moment de frayeur et de recueillement, repartent très vite à leurs occupations plus terre à terre. Le cimetière, situé en périphérie de la ville sur la route de Aïn Guesma, est déjà presque plein. Les deux autres cimetières de la ville ont été fermés depuis longtemps après avoir affiché « complet ».
Beaucoup de personnes, qui habitent pourtant dans la même ville voire le même quartier, ne se croisent pas pendant des mois ou même des années. C'est autour de la sépulture d'un mort, qu'on accompagne à sa dernière demeure, que les gens se rencontrent avant de se perdre de vue... jusqu'au prochain enterrement. Dans un coin isolé de la demeure des morts, des groupuscules compacts de tempes grises, venus dire adieu à un enfant de la ville brutalement arraché à l'affection des siens. Au beau milieu de la grande placette à l'entrée du cimetière, des anonymes, comme perdus au milieu de la foule, tentent de reconnaître qui un visage familier, qui une silhouette, qui un ami perdu de vue depuis des lustres... Aspirés par les vicissitudes d'une vie qui ne laisse guère le temps de souffler ni même de penser aux autres, des habitudes ancestrales se perdent pour laisser place à des maladies dites des «temps modernes, à l'exemple de la tension artérielle, le diabète ou encore le stress qui font un ravage en silence», soupire un homme d'un certain âge dans l'oreille de son ami. «Nous habitons le même quartier et pourtant ça fait au moins deux mois qu'on ne s'est pas vus, ni même croisés dans la rue, on dirait qu'on vit dans deux mondes différents», s'exclame Ali qui n'a pas vu ses amis d'enfance depuis des lustres après avoir emménagé dans un autre quartier de la ville. Aujourd'hui, les cimetières sont devenus des lieux de rencontre pour les vivants. Les gens, après quelques furtifs moments de frayeur et de recueillement, repartent très vite à leurs occupations plus terre à terre, c'est le propre de l'homme oublieux par nature. La mort s'invite plus souvent chez les vivants, comparé à un temps passé où la vie était plus appréciée et croquée à pleines dents, même dans le dénuement le plus total. Souvent, l'occasion est propice dans les allées silencieuses des cimetières pour des (ré)conciliations entre des hommes fâchés depuis trop longtemps, comme «déboussolés» par une vie qui ne laisse plus de place aux effusions de sentiments. D'autres, toute honte bue, trouvent même le moyen de «régler leurs affaires» «chahutant» les imprécations et autres prières des gens, réunis autour des tombes de leurs disparus.
«Des gens qui ne se voient pas pendant des semaines, voire des mois, se rencontrent dans ce point de chute pour tous qui est le cimetière», commente d'une voix étouffée un homme d'un certain âge, avant de s'interroger, un rien philosophe, « pourquoi les vivants doivent se rencontrer à chaque fois qu'ils doivent dire adieu à l'un des leurs ? ». D'autres, ayant quitté Tiaret pour des impératifs professionnels pour la plupart, reviennent à leur ville natale pour jeter un regard nostalgique sur les lieux, ne manquant pas d'embrasser la première «tête» à portée de bouche... Dans les domiciles mortuaires, la foule est immense et les palabres interminables. Une semaine durant, c'est la tradition ici, les vivants se rencontrent chez les familles des morts pour se tailler des brins de causette autour d'un «tâam bel mergua», d'un café ou d'un thé brûlant. Ils ne se reverront plus jusqu'au prochain enterrement... Sommes-nous tous devenus des croque-morts ?!


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