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Des walis managers plutôt que des roitelets fainéants et gueulards !
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 29 - 08 - 2019

On imagine parfois la carrière des walis comme une vie reposante et douillette de hauts fonctionnaires jouissant des ors de la République, dans un confortable ennui.
On a tort et ce, pour plusieurs raisons :
• d'abord parce que les walis sont en première ligne pour la mise en œuvre des politiques publiques de l'Etat au niveau local, notamment pour le maintien de l'ordre public ; dans ce domaine toute faute peut entraîner une révocation immédiate par le pouvoir politique.
• ensuite parce que la pression politique sur les walis s'est accentuée avec le temps, ils doivent composer avec une sphère politique locale dont les impératifs ne recoupent pas toujours parfaitement, avec ceux de l'administration dont le wali incarne l'autorité.
• enfin parce que le représentant de l'Etat épousant les évolutions de cette dernière, s'impose avec le temps une dimension plus managériale de son action, une obligation de résultats et de rendre des comptes à l'autorité politique, voire à la population, le tout avec des ressources de plus en plus limitées.
Il faut savoir aussi que la nomination des walis n'obéit pas à des principes fixes. D'ailleurs il n'existe nulle part et, a fortiori, dans la fonction publique, un profil de carrière-type, contrairement à l'entreprise où l'actionnaire principal désigne son dirigeant, ce qui n'a en soi rien de scandaleux.
Mais, pour couper court à toute spéculation, on met en avant le principe du pouvoir discrétionnaire qui échoit à l'autorité investie du pouvoir de nomination ; celle ci n'a pas à justifier son choix. Dans le communiqué qui est rendu public, il n'est jamais expliqué, ni le choix ayant présidé à la désignation, ni le motif justifiant la mutation, encore moins la nature des griefs prévalant à la cessation de fonctions des walis.
Quant à leurs bilans, ils ne sont ni publiés ni publiables, ce qui rend impossible toute évaluation citoyenne et la formulation la « réalisation du wali» est à prendre sous toute réserve et, en tous les cas, pas comme un critère de sélection.
Le Premier ministre Salah eddine Dahmoune, pardon l'encore ministre de l'Intérieur, des collectivités locales et de l'aménagement territorial, devrait dorénavant assigner aux walis des « objectifs » et les évaluer sur la base d'une feuille de route loin des subventions d'équilibre octroyées jusque-là très généreusement par les pouvoirs publics.
Il faudrait pour cela, que les walis, crise oblige, aillent chercher de l'argent pour investir et créer de l'emploi localement. En un mot, se transformer en « managers » pour faire fonctionner les collectivités locales comme de véritables entreprises !
La tâche n'est pas insurmontable, elle passerait par un choix judicieux des hommes une réforme audacieuse des finances et de la fiscalité locale ce qui conférerait aux édiles plus de pouvoirs en matière de foncier et de recouvrement d'impôts locaux et du code communal et de la wilaya, sachant que pour ce dernier texte, l'administration centrale du ministère de l'intérieur s'attèle à mettre la dernière touche.
Et dans la foulée, pourquoi ne pas penser à nommer des « walis délégués à la sécurité » pour se consacrer entièrement aux affaires de sécurité (drame du stade du 20 août oblige) et de terrorisme, façon comme une autre de préciser que dans telle ou telle région (le Sud du pays par exemple), la priorité est à la sûreté.
Et dans les 14 wilayas côtières du pays, désigner des «walis-maritimes » avec comme missions essentielles la préservation du littoral, l'expansion de l'économie touristique et la lutte contre la Harga !
Ceci étant dit et malgré une rente importante, nos walis continuent à gérer le quotidien par des méthodes qui se caractérisent par un sérieux déficit de communication, malgré les exhortations du président de la République, qui aimerait les voir investir le terrain en managers du développement, en médiateurs de la République et, surtout, se rapprocher de la population tout le temps et non pas le temps d'une visite officielle.
Pour l'heure, le stress s'est installé dans les Collectivités locales : à tous les niveaux de la chaîne, tout le monde se couvre ; chacun agit avec l'idée de se prémunir en cas de pépin ! Résultat, une forme de fébrilité s'est emparée notamment des walis. Personne ne veut risquer d'être identifié à l'origine d'une faute, d'autant plus qu'en cette période précise, il se murmure qu'un mouvement est en préparation.
Voire sur le bureau du Chef de l'Etat qui s'apprêterait à y apposer sa signature !
De nouveaux walis seront ainsi désignés en remplacement d'une cohorte d'entre ceux qui ont failli et ainsi prendraient la porte ! Voire pour certains, appelés à justifier certains manquements.
La conjoncture actuelle nous dévoile, tous les jours, des noms de présumés hauts fonctionnaires délinquants. Force est de constater s'est interrogé Mourad Goumiri dans une contribution publiée par le site Maghreb Emergent qu'un nombre important, peut être même exorbitant, de délinquants «au col blanc», ont fréquenté l'Ecole Nationale d'administration (ENA)... Beaucoup vont franchir le «Rubicon », en ne faisant plus la distinction entre les biens publics qu'ils gèrent et ceux privés, d'autant que, ces vingt dernières années, le pouvoir va leur attribuer la mission du développement économique et social régionalisé qu'ils vont gérer, pour certains, au profit de la collectivité mais pour beaucoup d'autres pour des intérêts privés occultes, souvent sous la pression et l'injonction du pouvoir central, qui les a désignés et profitant au passage de se construire des fortunes. L'auteur précise néanmoins qu'il ne faut rechercher aucune relation de causalité entre l'ENA et la corruption généralisée qui sévit dans le pays.
Traditionnellement, les walis changent de wilayas tous les 5ans en moyenne. L'idée est d'empêcher qu'ils ne s'attachent trop aux intérêts de leur région ou créent des liens trop proches avec les notables ou les hommes d'affaires locaux.
Le mouvement des walis est prêt, dit-on : les commentaires vont bon train, et personne ne se privera, en fonction de sa propre analyse, de citer tel ou tel cas d'abus, de favoritisme, même si cela peut relever parfois du domaine anecdotique.
Ce qui est sûr, c'est que :
Le mouvement, si mouvement il y a, provoquerait des disponibilités et des ouvertures de carrière en chaîne et introduirait de la souplesse et créerait une nouvelle dynamique dans la sphère où il est opéré.
C'est peut-être vrai pour la première affirmation, cela l'est moins concernant la deuxième assertion, car, en fait de dynamisme, l'on tente plutôt de renforcer une corporation, celle des énarques par exemple qui ont préempté le corps ou gonfler les rangs d'un clan au détriment d'un autre ; on tente surtout de promouvoir les commis les plus obéissants et pas forcément les plus méritants ou les plus expérimentés et les jeunes, au nom d'un « jeunisme » de mauvais aloi !
Ou plus encore, des secrétaires généraux de wilayas sont promus walis au bout de 15 à 18 années de fonctions. A l'usure donc ! Alors qu'en stagnant dans leurs postes durant toute cette période, ils ont largement démontré, à l'insu de leur plein gré comme dirait l'autre, qu'ils n'étaient pas éligibles à cette fonction.
Sur un autre plan, s'il est bon de « diversifier » les origines dans la nomination des walis, certains d'entre eux n'ont aucune culture du corps faute, d'avoir effectué des « aller retour » entre l'administration centrale et locale. En plus, l'acclimatation se faisait plutôt chez les chefs de daïras. Après cette formation sur le tas qui durait un certain temps, le concerné était promu wali. Depuis, les nominations de personnalités venues de l'extérieur ont troublé cet ordre, notamment dans les années 1990. Et la greffe n'a pas pris. Tout comme l'ascenseur pris par certains walis promus ministres puis rétrogradés walis avec statut de ministres. Une incongruité bien algérienne !
En tous les cas, ce n'est pas demain la veille qu'on aura des walis de la veine du :
• Préfet Claude-Philibert Berthelot de Rambuteau qui, s'adressant à Louis-Philippe lui a déclaré : « dans la mission que votre Majesté m'a confiée, je n'oublierai jamais que mon premier devoir est de donner aux Parisiens de l'eau, de l'air et de l'ombre ». Sous son mandat, l'Arc de Triomphe est terminé et le projet de la grande avenue des Champs Elysées voit le jour ; son nom est aussi attaché aux vespasiennes qu'il a fait installer sur les voies publiques
• Préfet Claude Eugène Haussmann qui a mené une politique de grands travaux qui allait transformer en profondeur l'urbanisme de Paris. Son nom reste lié à l'ouverture de nombreuses percées-création de voies nouvelles-, à l'aménagement de parcs et de squares, à la mise en place d'un réseau d'égouts et à l'alimentation de Paris en eau de source.
• Préfet Paul Demange, premier préfet de la réunion qui a pris des mesures importantes contre le paludisme qui ont permis de réduire la mortalité à 0 en 5 ans ! Pour la petite histoire, Paul Demange a été préfet à Oran
• Préfet Eugène Poubelle qui a donné son nom aux poubelles à travers les décisions qu'il a prises en tant que préfet de la Seine afin d'améliorer l'hygiène de la ville de Paris.
A la place, on a eu droit à des roitelets fainéants et gueulards du style « bombardier » ou plus encore, « Djelloul le rond point » ou « monsieur tiroir caisse ».
Il faut admettre toutefois que la comparaison avec les préfets cités supra est hardie car nos walis, faut-il se dire, ne sont pas réellement dotés des pouvoirs qu'on leur prête.
La première limite, a précisé quelqu'un, se trouve au niveau de la conception - même - de la fonction : leur action est noyée dans une multitude de tâches qui grèvent leurs capacités de réflexion et de planification. Des avaloirs bouchés aux ordures ménagères, en passant par la voierie, leur énergie se consume dans des missions censées être accomplies par les APC et les services spécialisés. À force de s'occuper de tout, le wali donne parfois l'impression de ne s'occuper de rien...comme il se doit.
La seconde tient à l'interventionnisme étouffant des administrations centrales à travers un fatras de circulaires et de messages qui entravent leurs actions en compliquant les procédures. Prenons l'exemple de la capacité du wali à affecter des terrains pour l'investissement. Depuis l'été 2011, les wilayas ont attribué des dizaines de milliers d'hectares de terrains d'investissement. En cinq ans, peu de projets ont connu une avancée sur le terrain et un nombre insignifiant a été achevé et mis en exploitation.
D'ailleurs, l'explication vient des walis eux-mêmes : complexité des procédures administratives dont les solutions dépendent des multiples intervenants aux niveaux central et local. En résumé, si le wali affecte les terrains, le reste des procédures lui échappe dans une large mesure.
Le mouvement des walis est dans l'air : est-ce à dire qu'ils vont porter le chapeau, alors que les P/APC qui ont pourtant bénéficié d'une formation appropriée, de l'augmentation de leurs salaires et de l'apport non négligeable de plus de 5 000 cadres entre ingénieurs et architectes vont se tirer indemnes du désastre du développement local ?
Aujourd'hui, le bilan est lourd et le peuple est dans la rue pour contester l'absence de réactivité de certains chefs d'exécutif concernant notamment les attributions de logements sociaux et le retard dans l'exécution dans les opération de développement local.
On leur a fixé un cap : créer de la richesse et de l'emploi !
Certains d'entre eux n'ont pas caché leurs inquiétudes en affirmant : On ne peut pas réussir en 3 ans ce que nos prédécesseurs n'ont pas réalisé en 50 ans. Pour faire adhérer, massivement, la population à la démarche du gouvernement et cap fixé par le premier ministre, l'implication des élus est indispensable ; or, ces derniers, pluripartisme oblige, ne sont pas toujours en phase avec l'exécutif de wilaya, et de ce fait, l'objectif recherché devient, quasiment, impossible.
Sacré dilemme pour les walis ! Pour les plus anciens qui échapperont au «mendjel», c'est clair, ils vont jouer la montre en attendant la prochaine rotation qui, par devers eux, viendra compliquer davantage leur vie de famille. Ils assureront le service minimum et se contenteront de prendre la pose à côté des ministres en visite dans leur wilaya. Quant à ceux nouvellement promus, ils vont essayer de se décarcasser au mieux, apprendre à gérer tous les risques et surtout soigner leur communication, en évitant autant se faire que peu les micros baladeurs.


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