Un diplomate étranger en poste à Alger au début des années 2000 s'offusquait et s'inscrivait en faux quand on lui affirmait que l'Algérie était sous-développée. Il ne portait pas un penchant particulier pour les Algériens, mais homme de grande culture, écrivain et peintre, il savait à quoi s'en tenir pour avoir sillonné le monde et pour s'être confronté à la vie quotidienne de nombreux peuples. Sa grande et riche stature ne lui permettait pas de s'arrêter devant la pinaille des PIB et PNB, petites auréoles aléatoires n'ayant aucun sens si la profondeur du vécu des populations n'est pas bien maîtrisée. Pour lui cependant, l'Algérie n'était pas une grande puissance, mais elle pouvait se targuer de disposer d'une multitude d'atouts concrets et palpables qui faisaient d'elle une nation développée. Il est vrai que la rouspétance exagérée est le péché mignon des Algériens au point où les réclamations avec le verbe très fort prêteraient à faire croire que leur pays était un tigre en mal de croissance et qu'il suffirait d'un rien pour qu'il se situe au niveau de la Suisse ou des Etats-Unis. Ce jugement hâtif provient d'une manie solidement rivée qui veut que les comparaisons se fassent seulement avec des pays nantis mais sans tenir compte qu'ils ne doivent leurs avancées et leurs progrès qu'à des siècles de souffrances et grandes turbulences passées. Le monde n'est pas du tout ce que l'on croit. Dans d'innombrables contrées, y compris au cœur de celles gavées de richesses, la faim tue sans parcimonie et sans prendre de gants. Leurs populations par masses sont contraintes de s'orienter vers les poubelles pour s'alimenter. La consistance du développement et du progrès qu'on leur inscrit sur le front est toute relative et la notion de démocratie et de liberté dont on les habille est d'une nullité bel et bien constatée. L'Algérie peut évidemment faire mieux. Pour le moment, elle est mieux logée que des pays du même niveau de développement car ses infrastructures et le niveau de vie de sa population sont autrement meilleurs que ceux de jeunes nations où les pétarades des kalachnikovs ne se sont toujours pas tues.
