Confrontés au nombre important de patients suspects de coronavirus qui défilent chaque jour devant eux, les médecins résidents, infirmiers, aides-soignants et manipulateurs de radios du CHU « Tidjani Damerdji » à Tlemcen ne souhaitent plus rentrer dormir chez eux. Mardi dernier, une trentaine de soignants du bloc 470 qui abrite une nouvelle structure Covid-19 ont observé un sit-in devant le siège de la wilaya pour demander la réquisition de chambres d'hôtel. Il est à rappeler dans ce cadre que le CHU a réorganisé récemment ses services de traumatologie, neurologie et dermatologie, pour être opérationnel en cas de pic de l'épidémie de coronavirus et l'arrivée importante de malades du centre de consultations Covid-19 de l'EPH de Remchi. A cet égard, Belkacem Si Kaddour, un volontaire très fatigué physiquement, a précisé à notre rédaction que cette action intervenait pour revendiquer l'intervention des autorités de la wilaya afin de prendre les dispositions nécessaires contre cette situation sanitaire de plus en plus menaçante pour la santé des soignants. « Nous refusons de rejoindre nos familles car nous avons peur de les contaminer. Il y a des personnes parmi nous qui passent leur nuit au CHU pour ne pas infecter leurs familles et leurs proches, c'est inadmissible ! Ils ne peuvent pas dormir chez eux ! Moi par exemple je me suis porté volontaire depuis que cette épidémie est apparue chez nous, mais il faut nous protéger, car nous ne pourrons pas tous dormir à l'hôpital. C'est donc naturellement que nous nous rassemblons aujourd'hui devant la wilaya », raconte ce coordinateur du service de pneumologie, avant que son collègue, Mohamed Settouti, responsable des paramédicaux du CHU, explique lui aussi avec frustration que « le personnel soignant se rend au chevet des malades suspects de coronavirus chaque jour avec l'inquiétude d'être contaminé, surtout qu'un médecin des UMC vient d'être infecté de l'épidémie. Certains soignants sont même allés se faire dépister, et on demande à ce que l'ensemble du personnel médical et paramédical qui se relaie chaque jour pour soigner les malades suspects de coronavirus soit testé, pour éviter la contagion au sein même de la structure hospitalière mais aussi au sein de leur propre famille ». Pour Youcef Hadjou, coordinateur du service de médecine interne du CHU, qui s'est joint aux soignants protestataires, non seulement le nombre de patients qui présentent des problèmes respiratoires dans le bloc 470 est en hausse, mais cette structure pâtit aussi du manque de tests et respirateurs. En l'absence d'un nombre suffisant de ces matériels, il paraît difficile de savoir combien de patients sont atteints de coronavirus. Mais selon lui, il serait un peu plus de 50 malades suspects au CHU qui sont soumis aux examens d'écouvillonnage oraux (prélèvements de salive) et aux analyses de sang. Selon nos informations, cinq représentants des protestataires (un médecin, un pharmacien, deux coordinateurs et membre des corps communs), ont été reçus par le secrétaire général de la wilaya, Djamel Menia, pour débattre des différents problèmes liés à leur quotidien professionnel en présence de la directrice de la santé par intérim, Nabila Allili, et du directeur général du CHU, Nasreddine Mazouni. Convaincu de la légitimité de leurs inquiétudes, le SG a pris une décision pour héberger tout le personnel soignant à l'hôtel « Agadir » en attendant que l'hôtel « Les Zianides » soit totalement désinfecté et ce, suite au dé-confinement de quelque 84 personnes prises en charge pendant 15 jours dans cet hôtel, après leur retour de Casablanca au pays. Des instructions ont, par ailleurs, été données aux responsables de la direction de la santé pour mettre à la disposition des soignants du CHU de tout le stock de masques, surblouses et autres équipements de protection contre le nouveau coronavirus. Les représentants du personnel médical soignant ont de leur côté beaucoup apprécié la réaction positive des autorités de la wilaya à leurs revendications et affiché leur détermination à conduire leur mission avec le plus grand professionnalisme.
