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La Casbah d'Alger: De l'état des lieux au diagnostic
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 06 - 01 - 2021


(Suite et fin)
Il tire sa force de l'efficacité des moyens [financiers] qu'il mobilise et des impacts économiques, normalement, induits par la restauration (retour sur investissement).
Mais en quoi la loi Malraux était-elle séduisante pour l'Algérie, une quarantaine d'années après sa promulgation. En réalité, c'est toute la politique culturelle publique malrucienne [Malraux] qui a inspiré nos politiques culturelles, depuis l'année 1970, date de création du ministère algérien de l'Information et de la Culture, département énonciateur d'un projet culturel et d'une première politique publique culturelle.
C'est dans le modèle malrucien et la politique culturelle et artistique d'élite et d'excellence, que l'Algérie, alors socialiste, allait puiser ses référents pour édifier la charpente institutionnelle de la Culture avec ses Maisons de la Culture, sa direction des Beaux-arts et ses directions de Culture de wilaya, équivalents des DRAC. Ce modèle, il faut le souligner, avait été repris par de nombreux pays francophones, plus par sa «mécanique» de maillage du territoire en équipements culturels et sa politique d'offre culturelle et de régulation, que par ses résultats et ses incidences sur la création et les pratiques culturelles elles-mêmes. Il est surprenant que la pensée malrucienne, qui excluait la dimension populaire de la représentation et de la création, soit adoptée par une Algérie «révolutionnaire» et «socialiste», ancrée, fondamentalement, à la dimension populaire. Il est, d'autant plus surprenant que le choix du modèle malrucien, soit adopté par l'Algérie, deux années après les évènements de mai 1968, en France, moment marqué par une véritable rupture avec la politique malrucienne et une remise en cause de ses effets et ses résultats en matière de pratiques culturelles. C'est moins la philosophie du modèle malrucien que sa mécanique de l'offre culturelle, qui excluait l'intermédiation, qui était sollicitée, d'où cette allergie partagée de la médiation populaire. Nous comprenons, dès lors, cette compartimentation opérée entre un patrimoine culturel dit noble, érigé à l'excellence «les monuments historiques», mis sous l'autorité exclusive de l'Etat et un patrimoine populaire et traditionnel sans valeur constitutive, dont les centres anciens (2)
La Casbah d'Alger: site historique national (1991)
En 1991, La Casbah d'Alger est classée «site historique» sur la liste du Patrimoine culturel national, au titre de l'article 20 de l'ordonnance n°67-281. Ce classement n'agit, en réalité, que sur les monuments historiques sur lesquels sont greffés des servitudes (article 19), le reste du bâti et le tissu, d'une manière générale, sont en dehors de l'effet du classement.
La Casbah d'Alger: site du Patrimoine mondial (1992)
Lorsqu'en 1992, le site de La Casbah d'Alger a été inscrit comme «bien culturel» sur la liste du Patrimoine mondial, il l'a été au titre de deux critères de sélection, parmi les 10 existants: le critère (ii): «témoigner d'un échange d'influences considérable pendant une période donnée ou dans une aire culturelle déterminée, sur le développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux, de la planification des villes ou de la création de paysages» et le critère (v): «être un exemple éminent d'établissement humain traditionnel, de l'utilisation traditionnelle du territoire ou de la mer, qui soit représentatif d'une culture (ou de cultures), ou de l'interaction humaine avec l'environnement, spécialement quand celui-ci est devenu vulnérable sous l'impact d'une mutation irréversible». La déclaration de la valeur universelle exceptionnelle (VUE) du site, ne sera adoptée qu'en 2009, une quinzaine d'années après l'inscription.
Il est évident que ce classement Unesco, qui traite de la «planification des villes ou de la création de paysages» du «développement de l'architecture ou de la technologie, des arts monumentaux» et de «l'interaction humaine avec l'environnement», renvoie nécessairement aux principes et règles énoncées dans la Recommandation Unesco de 1976. Or, ces principes et règles n'ont jamais figuré dans le dispositif juridique et institutionnel national, l'ordonnance n°67-281 ne couvrant que la dimension «monuments et sites historiques et naturels».
Il faut rappeler que La Casbah d'Alger a été inscrite sur la liste du Patrimoine mondial, comme type unique de «médina», dans le registre de la «ville islamique», circonscrite à l'intérieur de ses murailles, sur une superficie de 57,4 ha, et caractérisée par «des vestiges de la citadelle, des mosquées anciennes, des palais ottomans et une structure urbaine traditionnelle associée à un grand sens de la communauté». C'est sur cette caractéristique de «médina», à l'instar des autres médinas maghrébines, que le comité du Patrimoine mondial (CPM) engageait la responsabilité des Etats parties à la convention Unesco de 1972 pour sa préservation, à travers l'examen des rapports périodiques et les expertises de son organe consultatif, l'Icomos.
Le secteur sauvegardé et la loi n°98-04 portant protection du Patrimoine culturel (1998)
Ce n'est qu'en 1998, avec la loi n°98-04-qui remplace l'ordonnance 67-281-qu'est reconnu juridiquement, le « secteur sauvegardé », version Malraux. D'emblée, l'article 41 de la loi n°98-04, caractérise, sans définir, le «secteur sauvegardé» en des termes qui garantissent l'ancrage aux «monuments historiques», l'éloignant de sa signification intrinsèque, la dimension urbaine: «Sont érigés en secteurs sauvegardés, les ensembles immobiliers urbains ou ruraux tels que les casbahs, médinas, ksour, villages et agglomérations traditionnels caractérisés par leur prédominance de zone d'habitat, et qui, par leur homogénéité et leur unité architecturale et esthétique, présentent un intérêt historique, architectural, artistique ou traditionnel de nature à justifier la protection, la restauration, la réhabilitation et la mise en valeur». Une identification qui est loin de couvrir la définition de la Recommandation Unesco de 1976, de la sauvegarde.
Les ensembles historiques et traditionnels dans la Recommandation Unesco de 1976
a. S'entend par «ensemble historique ou traditionnel» tout groupement de constructions et d'espaces y compris les sites archéologiques et paléontologiques constituant un établissement humain, en milieu urbain comme en milieu rural, dont la cohésion et la valeur sont reconnues du point de vue archéologique, architectural, historique, préhistorique, esthétique ou socioculturel. Parmi ces «ensembles» qui sont d'une très grande variété, on peut distinguer notamment les sites préhistoriques, les villes historiques, les quartiers urbains anciens, les villages et hameaux ainsi que les ensembles monumentaux homogènes, étant entendu que ces derniers devront le plus souvent être conservés dans leur intégrité.
b. S'entend par «environnement» des ensembles historiques ou traditionnels, le cadre naturel ou construit qui affecte la perception statique ou dynamique de ces ensembles ou qui leur est rattaché de façon immédiate ou par des liens sociaux, économiques ou culturels.
c. S'entend par « sauvegarde » l'identification, la protection, la conservation, la restauration, la réhabilitation, l'entretien et la revitalisation des ensembles historiques ou traditionnels et de leur environnement.».
Le secteur sauvegardé de La Casbah d'Alger (2005)
L'ancrage aux monuments historiques et à l'option malrucienne des secteurs sauvegardés algériens va conférer au ministre chargé de la Culture, le rôle de dépositaire de leur protection et à la Commission nationale des biens culturels-dont le ministre chargé de la Culture est président - celui de l'avis préalable à leur création (art.42, loi n°98-04)). Paradoxalement, le même article énonce que «les secteurs sauvegardés sont créés et délimités par décret pris sur rapport conjoint des ministres chargés de la Culture, de l'Intérieur, des Collectivités locales, de l'Environnement, de l'Urbanisme et de l'Architecture».
Le 9 mai 2005, La Casbah d'Alger est érigée en secteur sauvegardé. Une première expérience algérienne en matière de sauvegarde et de valorisation d'un tissu ancien vivant, à fortes charges patrimoniales. Dans son exposé des motifs, le décret de création avertit que la spécificité urbaine du secteur sauvegardé réside dans la mise en œuvre d'une approche territoriale, pour assurer la préservation de la trame originelle du lieu et de ses référents identitaires et garantir, en même temps la continuité historique à travers l'appropriation des valeurs culturelles authentiques et la conciliation avec les attentes et exigences de la vie moderne. C'est dans cette perspective qu'un plan permanent de sauvegarde et de valorisation du secteur sauvegardé (PPSMVSS) est prescrit, à la fois comme mécanisme de planification urbaine et comme instrument réglementaire opposable aux tiers.
Théoriquement, nous ne sommes plus dans la logique du site historique tel qu'établi dans le classement national de 1991 et encore moins dans celle du site du Patrimoine mondial. Le secteur sauvegardé de La Casbah d'Alger couvre une superficie de 105 ha, soit le double de celle du site du Patrimoine mondial. Il va au-delà des murs de la «médina» pour englober une entité urbaine, dans toutes ses expressions y compris les registres de 19ème et 20ème siècles.
Un véritable imbroglio pour le non averti, source de confusion et de malentendu, qui participe, pour une grande part, au maintien de La Casbah d'Alger dans la situation que nous connaissons, malgré les efforts consentis par l'Etat pour sa réhabilitation: confusion d'échelles (site historique, site du patrimoine mondial, secteur sauvegardé), enchevêtrement des instruments (monuments historiques, instruments d'urbanisme) et imprécision des prérogatives et attributions (culture, urbanisme, wilaya, communes).
Pour illustrer nos propos, nous rappelons le point de vue sur le sujet d'un expert architecte de l'Unesco, spécialiste des centres anciens, M. Brodovitch, invité par l'Algérie, en 2007, pour étudier PPSMVSS de La Casbah d'Alger et faire des recommandations de mise en forme finale du document avant sa mise en œuvre. Dans son rapport, il fera, entre autres, les recommandations suivantes:
- «Renforcer la coordination des différents acteurs, et faciliter la prise de décision, par notamment la création d'un «Commissariat» à La Kasbah» placé sous l'autorité du Gouvernement qui serait à même de mener à bien la mise en œuvre du plan de sauvegarde». «Renforcer les capacités de la Direction du Patrimoine de la wilaya, service d'expertise, de conseil et d'animation, à disposition du Commissariat».
- «Accompagner les travaux d'urgence par des réhabilitations d'immeubles privés et publics.
Il est bien entendu, ici, que dans cette signification, c'est l'identité des acteurs et des niveaux d'intervention, qui sont sollicitées, pour déterminer la planification et dégager les mécanismes de mise en œuvre, dans le cadre d'une démarche consensuelle, commandant, inévitablement, une approche intersectorielle:
Du paysage urbain historique (2011)
Le 10 novembre 2011, l'Unesco avait adopté une «Recommandation concernant le paysage urbain historique», qui répond à l'évolution historique des paradigmes en matière de culture et de patrimoine, commandant de nouvelles approches, notamment dans le domaine de la conservation du patrimoine urbain, en encourageant, notamment, l'initiative locale.
Dans son article 2, cette Recommandation a exhorté les Etats membres pour intégrer les normes et principes énoncés, dans leurs législations et institutions. L'Algérie, n'a pas profité de cette opportunité, la loi n°98-04 n'a connu aucun amendement depuis sa promulgation en 1998, continuant à être régie par les mécanismes du «Monument historique».
Les raisons qui ont présidé à un changement de paradigme dans la gestion des ensembles historiques, sont multiples : les changements climatiques, la démographie, les processus de décentralisation, le tourisme de masse, l'exploitation commerciale du patrimoine culturel et la libéralisation des échanges mondiaux. Tous ces facteurs qui font pression sur le développement des villes, étaient inconnus au moment où a été adoptée la Recommandation Unesco de 1976, relative aux ensembles historiques. Il fallait trouver de nouveaux mécanismes qui intègrent les nouvelles contraintes. Ainsi sera adoptée, en 2011, l'idée du paysage urbain historique en tant qu'approche de la conservation du Patrimoine urbain. Une approche de préservation de l'unité urbaine qui consiste à intégrer les stratégies de conservation, de gestion et d'aménagement des territoires urbains historiques dans les processus de développement local et d'urbanisme, selon le principe du développement durable, qui fait du patrimoine urbain et sa gestion durable, les pré-requis du développement Ce sont là quelques stations que nous pensons utiles, pour contenir les multiples et diverses facettes qui participent d'un véritable diagnostic d'un tissu urbain vivant emblématique, La Casbah d'Alger, un lieu permanent de construction et de reconstruction mémorielle et identitaire, un Melting-pot, témoin d'une stratification d'influences et de brassage de cultures, qui a déterminé sa singularité et son originalité. C'est dans cet esprit qu'elle a été inscrite, en 1991, sur la liste du Patrimoine national puis, en 1992, sur celle du Patrimoine mondial de l'Unesco. Après La Casbah d'Alger, le système secteur sauvegardé a été largement étendu à l'échelle du territoire, un bilan est sollicité pour évaluer les acquis d'une expérience coûteuse financièrement.
*Dr
Ref.
(1)Communication prononcée, le 23 février 2007, à l'occasion de la commémoration de la Journée de La Casbah d'Alger.
(2) Opposé à la vision «élitiste» de la Culture, le courant progressiste des années soixante-dix et à leur tête feu Mostefa Lacheraf, soutenait l'option « Culture populaire » qui, pour l'Algérie est le ferment, le «stimulant de l'appétit créateur » et l'«adjuvant de la culture écrite et de l'esthétique nationale.


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