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Covid : chronique d'une journée au cabinet
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 26 - 08 - 2021

Le récente perte d'un maitre-assistant en pédiatrie au Chu Oran encore au firmament de sa jeunesse victime du covid vient rappeler pour la nième fois le sacrifie suprême consenti par la communauté médicale qui sombre dans la douleur et la résignation à faire le décompte macabre de ses morts victimes du virus et de l'indifférence; le moral est bien au plus bas, l'enthousiasme d'être au cabinet chaque jour que Dieu fait n'est plus au rendez-vous ; rien qu'à évoquer le cabinet et savoir que par cette canicule il va falloir se protéger par le port de masque (FFP2), la calotte et parfois la visière et une surblouse dans un climat suffoquant sans pouvoir faire usage de la climatisation dont le rôle est controversé dans la propagation du virus rend encore l'atmosphère plus accablante.
Cette épidémie a complètement chamboulé l'exercice médical, c'est plutôt la peur au ventre qui envahit le médecin à chaque entame d'une journée de travail surtout avec le variant delta dont la crainte est qu'il ne soit qu'une mutation de plus qui risque de se perpétuer pour faire encore plus de victimes.
Et même les pédiatres qui pensaient être à l'abri sont de plus en plus touchés ;les premières données sur le virus faisaient état de cas de Covid peu nombreux et d'une contamination limitée chez les enfants, ces données disponibles étaient rassurantes ,il fallait faire plutôt attention surtout avec les parents , partout ailleurs les pédiatres n'ont diagnostiqué que très peu de cas d'enfants atteints, ces derniers pouvaient bien sûr être pauci symptomatiques et passer inaperçus tant les symptômes pouvaient être d'une telle banalité et d'une bénignité au point de ne pas semer la panique parmi la corporation et avec le temps tout le monde s'est accommodé dans une posture rassurante ; mais voilà qu'avec cette troisième vague les choses ont pris une toute autre allure bien inquiétante cette fois-ci et il ne se passe pas un jour où les pédiatres ne posent pas le diagnostic de Covid chez des enfants même en bas âge dont les parents eux même sont souvent aussi malades ,certains en sont conscients de leur contamination en révélant être positifs et d'autres ce n'est qu'à la suite d'une véritable enquête policière qu'il est possible de leur extirper des aveux, enfin c'est à l'interrogatoire qu'on découvre que les parents sont déjà atteints à leur insu.
Les symptômes chez l'enfant sont aussi variables que déroutants ,il peut s'agir d'une simple fièvre ou d'une toux minime mais parfois elle peut être coqueluchoïde, très pénible, dans certains cas l'atteinte se manifeste par des éruptions cutanées non spécifiques ou plus fréquemment il s'agit d'un tableau de gastroentérite avec des diarrhées et vomissements qui représentent des motifs de consultation assez fréquents en saison estivale ,ils sont souvent banals et peuvent donc prêter à confusion; la contamination par les enfants semble être différente que celle déjà connue avec la première vague, le risque de propagation au personnel médical et à la proche famille est vraiment réel et plausible.
Certains parents ne facilitent guère la tâche au médecin en débarquant sans prendre de rendez-vous ou bien en dissimulant certains symptômes évocateurs du Covid, d'autres n'hésitent pas à se faire accompagner par d'autres membres de la famille ou le reste de la fratrie contribuant ainsi à la diffusion de l'épidémie parmi les proches et le personnel médical , le seul point positif est que la majorité viennent parés de leur masque contrairement à ce qu'on voyait lors de la première vague où il fallait en faire la remarque à la presque totalité des parents, chacun trouvait un prétexte pour ne pas le porter allant du simple oubli ou évoquant la gêne occasionnée jusqu'à carrément le refus catégorique car non convaincus de son utilité ou par pur déni ;on a été tellement submergés par ce genre de comportement au point que nous avons fini par céder et essayer juste de se protéger en adoptant des mesures de protection unilatérales qui pourraient s'avérer bien insuffisantes.
Au cabinet le port de la tenue de protection est un supplice avec des températures dépassant les 40 degrés ; on s'empresse alors de quitter le boulot en guettant impatiemment l'heure de la fermeture afin de retrouver un moment de quiétude, l'activité au cabinet contrairement aux idées reçues et bien astreignante, et loin d'être de tout repos ;en plus des contraintes de l'exercice lui-même, le médecin bien qu'il donne l'impression d'être libre dans son cocon ;en réalité il n'en n'est point ; au fil des années il devient otage des relations tissées avec sa patients ,les malades chroniques surtout , qu'il faudrait ménager dans la programmation d'un éventuel congé pour ne pas les léser et être le plus souvent disponible même les jours fériés ,lors des fêtes, en dehors des horaires de travail et parfois même durant les vacances pour répondre au moins par téléphone à leur inquiétude ou leur délivrer une information ou un conseil surtout pour les plus éloignés dont certains doivent assurer le transport ou demander des autorisations d'absence à leur employeurs.
Le médecin au cabinet bien qu'il ait aussi des obligations personnelles et familiales et parfois des contraintes de santé se retrouve donc à un certain moment tributaire de ses clients et perd beaucoup de sa liberté, il lui est presque défendu de s'absenter ne serait-ce que pour régler un problème administratif ou de l'ordre du privé ,on lui reproche souvent d'avoir fermé le cabinet, de ne pas avoir répondu aux appels téléphoniques ,d'être venu en retard ,on oublie presque qu'il s'agit aussi d'un humain et un citoyen soumis aux mêmes difficultés que n'importe qui, on lui dénie le droit à une vie privée ; ces contraintes justifiaient déjà et bien avant cette pandémie des échappées régulières afin de fuir ce stress permanent et cette pression ; hélas aujourd'hui avec le risque permanent d'être contaminé n'importe où il semble bien lointain le temps où l'on pouvait se permettre l'espace d'un weekend de changer de décor pour se retrouver entre amis et confrères à l'occasion d'un séminaire ou un congrès pour discuter entre autres d'autres choses, pour rire et évoquer tant de souvenirs partagés ; les études étant très longues entre université et spécialisation ce qui est propice à la naissance et à l'entretien de relations longues, intenses et profondes.
Mais depuis le début de cette épidémie beaucoup de médecins ont été contraints de rester cloitrés dans leurs cabinets et pour les plus chanceux d'entre-deux ceux qui ont survécu jusque-là aux assauts répétés du terrible virus ils n'ont pu par contre se permettre de profiter d'une détente et se libérer pour changer d'occupation ne serait-ce qu'un laps de temps ;la terre a semblé brutalement rétrécir au point qu'on ne trouve plus d'endroit pour se ressourcer avec le confinement, la suspension des voyages ,la fermeture des frontières, les risques encourus et les difficultés éprouvées à chaque déplacement.
Aujourd'hui dès que le cabinet se vide on flaire un moment de soulagement et paradoxalement le gagne-pain s'est transformé en un endroit stressant et dangereux, beaucoup de médecins exerçant en cabinet ont dû d'ailleurs réduire drastiquement leur temps d'activité au prix d'une perte conséquente de leurs revenus afin de se prémunir au maximum d'être en contact avec des malades et réduire ainsi l'exposition à la charge virale qui est à l'origine de la majorité des contaminations graves et des décès ; on dénombre à ce jour en Algérie plus de 300 médecins décédés (source: syndicat national des médecins libéraux et syndicat national des praticiens de santé publique) depuis le début de la pandémie dont environ 70 rien que durant les deux derniers mois; un chiffre ahurissant par rapport au nombre de contaminations officielles recensées ; et à titre de comparaison le nombre déclaré par la Carmf (la caisse des retraités des médecins français) jusqu'à juin 2021 était de 26 médecins libéraux et 5 publics; et toujours en France ; selon le syndicat national des praticiens hospitaliers et anesthésistes réanimateurs élargi) parmi les 25312 du personnel contaminé on dénombre 10 % de médecins, parmi les causes évoquées :une pénurie des équipements individuels de protection que l'agence nationale de santé devait fournir ; des familles de médecins décédés ont entamé des procédures judiciaires contre le ministre de la santé pour mise en danger de la vie d'autrui ; il faut remarquer que la majorité des décès ont eu lieu au début de l'épidémie ,depuis des mesures de protection renforcée et des protocoles ont réduit drastiquement ce risque.
Contrairement à la situation en Algérie où le virus poursuit sa cavale meurtrière ciblant préférentiellement les médecins et autres professionnels du secteur de la santé.
Le nombre élevé de médecins algériens décédés notamment parmi les libéraux devait inquiéter les pouvoirs publics et les inciter à entamer sans délais des enquêtes afin de comprendre les raisons de cette hécatombe qui touche la corporation et essayer d'enrayer cette fatalité. Préserver « ce capital » est un devoir et une obligation morale d'un secteur qui malgré l'ingratitude il continue à assumer un rôle primordial dans la préservation de la santé publique au détriment de sa santé et son bien-être.
Il est désolant de laisser se consumer la fine fleur de la société et se faire harakiri, déjà que le personnel et à leur tête les médecins sont en situation d'épuisement moral et physique et ne peuvent faire face indéfiniment à cette procession mortifère dans des conditions stressantes qui entament non seulement leurs capacités physiques et leur bien-être moral mais surtout leur vie tout simplement. L'ensemble des acteurs du secteur de la santé attendent impatiemment la concrétisation des promesses faites afin de hisser le système de santé en Algérie au niveau des aspirations légitimes du citoyen et préserver les acquis obtenus dans la formation et les compétences au prix de sacrifices onéreux et qui risquent d'être dilapidées et perdues à jamais.
*Dr


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