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Réalités et fiction
Publié dans Le Quotidien d'Oran le 20 - 10 - 2022


Livres
Molière m'a tuer. L'Homme des Accords déviants. Roman de Salah Guemriche. Editions Frantz Fanon, Alger 2022, 256 pages, 1000 dinars
Homme de théâtre, Larbi est un Algérien réfugié en France. Il avait fui le pays suite à une fetwa lancée contre ses adaptations en arabe de Tartuffe et des Femmes savantes.
Le récit nous présente un personnage intermittent courant d'emploi en contre-emploi, au gré des offres de l'Agence Rôle-Emploi chargée des Intermittents de la Fiction , il se retrouve enfermé dans la peau d'un personnage obnubilé par la défense de la langue française qui l'engage dans une croisade surréaliste contre ce qu'il appelle les Accords déviants. Dans une défense éperdue (il s'y perdra en fin de parcours) dans les usages de la langue française.
Une langue dont il domine tous les aspects, aussi bien grammaticaux qu'historiques, ce qui ne plaît guère aux intellectuels et éditeurs français de «souche» qui chercheront à l'écarter de toutes les scènes et toutes les applications. La presse le surnommera «Le Fou de Molière», «Mejnoun Molière», devenu chasseur-vengeur, en solitaire masqué, armé d'un révolver tirant des cartouches à blanc... mortelles lorsqu'elles sont proches de la cible, de toutes les erreurs écrites ou dites en français et de leurs auteurs. Il ne supportait plus que sa lecture des pages des journaux et magazines fût altérée par des coquilles à la pelle... cause, estime-t-il, d'une culture rétrograde. Il se suicidera.
Dans un improbable jeu de rôles, Larbi - devenu François - va traverser ce «roman qui ne veut pas en être un» (sorte de «nouvelles emboîtées»... une «autre façon de dépasser la linéarité»), et s'incarner là où le lecteur ne l'attend pas, avant de se désincarner littéralement.
L'Auteur : Né en mai 1946 à Guelma. Etudes secondaires à Annaba. Université de Constantine. Diplômé en ethnologie et en Sciences de la communication et de l'information de l'université Jussieu Paris 7. Ancien journaliste, essayiste, romancier, vit en France depuis 1976, auteur de plusieurs ouvrages (essais et romans) dont «L'homme de la première phrase» (2000), le «Dictionnaire des mots français d'origine arabe» (2007), «Abd er-Rahman contre Charles Martel» (2011), «Alger-la-Blanche, biographies d'une ville» (2012),), «L'amour en bataille» (2013. Deux prix : Une belle et tragique histoire d'amour entre un chef berbère, Munuz, gouverneur de Narbonne et une princesse chrétienne, Numérance-Ménine dite Lampégie, la fille d'Eudes, duc d'Aquitaine, maître de Toulouse.), «Aujourd'hui, Meursault est mort...» (2016), «Un été sans juillet...» (2017)...
Table des matières : Note/ Prologue/Parties (4)/ Coda
Extraits : «Pour la littérature, comme pour notre présence au monde, les temps changent :la linéarité romanesque a trouvé ses limites, et ne répond plus à la complexité du monde, ni à celle de la pensée contemporaine, non-linéaire, qui ne se contente plus d'être postmoderne mais se réclame, osons la référence, de la déconstruction chère à Jacques Dérida» (p 37), «Mine de rien, les youyous sont en voie de détrôner l'applaudimètre. Les youyous comme facteurs d'intégration, pourquoi pas ?... Pour mesurer l'adhésion d'un public à son artiste, je propose donc que l'on parle désormais, dans les dictionnaires, de youyoumètre» (p 116), «Kateb Yacine qualifia la langue française de «butin de guerre». Eh bien, pour d'autres écrivains francophones, ce serait plutôt une conquête, la langue française : leur colonie, avec droit d'usufruit (...) avec cet avantage inestimable : c'est qu'il n'y a pas d'Accords d'Evian possible !» (p 228)
Avis : Une histoire déroutante où sont mêlés histoire, littérature, médias, politique, folie... et une extraordinaire envie de réinventer l'art littéraire et la liberté de créer... Aussi, la dénonciation du monde actuel de l'édition française. Lecture un peu difficile car écriture originale, mais ne pas se décourager et aller jusqu'au bout !
Citations : «Dans le processus purement romanesque, il arrive un moment où l'auteur devient lui-même l'otage de ses propres créatures» (p 49), «Qui, de l'auteur et du personnage, serait l'ombre portée et qui serait l'ombre propre ? Oui, pour tout romancier, et je pense encore à Albert Camus et forcément à Meursault : qui de l'auteur et du personnage est l'ombre portée et qui est l'ombre propre ?» (pp 50-51), «La maison, ce n'est pas seulement un endroit. C'est un sentiment. Celui de se trouver à l'endroit le plus confortable de l'univers» (p 135), «Si pour le poète Lamartine, les «objets inanimés» ont une âme, les mots, en plus d'une âme, ont une mémoire» (p 182), «Il y a trois catégories d'auteurs : ceux qui font d'un personnage un larbin, ceux qui l'emploient comme faire-valoir ; et ceux qui en font une incarnation. L'incarnation d'une volonté ou d'un destin, qu'importe, car ceux-là seuls aiment leurs personnages» (p 190)
Aujourd'hui, Meursault est mort. Dialogue avec Albert Camus. Essai-fiction de Salah Guemriche, Editions Frantz Fanon, Tizi-Ouzou, 2016, 700 dinars, 208 pages
On pensait qu'avec l'ouvrage de Kamel Daoud, Camus, l'enfant de Mondovi (Dréan), le garçon et le jeune homme de Belcourt (Belouizdad) et le (bon) gardien de but du Rua... et le philosophe de Paris, était bel et bien mort... et enterré.
Non, pas du tout, le 40ème jour est organisé, et de fort belle manière, par Salah Guemriche qui nous offre un essai-fiction, en fait une analyse de contenu quantitative et qualitative assez originale de haut niveau mais que chacun peut lire, apprécier et comprendre sans difficultés. D'autant qu'elle est émaillée de piques humoristiques d'apparence vengeresses mais bien justes.
La plupart des étapes essentielles de la vie et des œuvres d'Albert Camus, tout particulièrement celles qui nous concernent directement (Alger, l'Algérie, la guerre de libération...) sont abordées sous forme de dialogues, de citations et d'extraits.
On comprend donc mieux les refus de publication de l'ouvrage (déjà publié en juin 2013 en e-book) par les éditeurs français (en 2013) qui avaient trouvé le texte «trop algéro-algérien» mais qui, en fait, n'avaient (et n'ont) nullement l'intention de participer à une «descente en flammes» qui n'arrangeait pas et leurs «affaires» et la Culture franco-algérianiste. Un marché commercial et culturel important, car, malgré toutes les critiques, Albert Camus, cet homme «ni vraiment solitaire ni pleinement solidaire», ce «colonisateur de bonne volonté», déjà «non-aligné du temps de la guerre froide», «la politique n'étant pas sa tasse de thé», ne pouvant choisir entre deux camps, reste et restera encore bien longtemps une icône, mais aussi un grand inconnu (un incompris qui ne se connaissait pas assez ?), tout particulièrement lorsqu'on ignore «son» contexte...
N'a-t-on pas surpris G. W. Bush avec «l'Etranger» entre les mains. Et l'Algérie indépendante, «dans sa grande mansuétude» - envers quelqu'un qui a, peut-être, «vu juste» mais, hélas, «a compris faux» (K. Daoud, Chronique, juillet 2010) - a apposé une plaque commémorative sur le mur de la maison natale...
L'Auteur : Voir plus haut
Extraits : «Les Algérois sont persuadés que leur accent est l'accent des origines du monde, et que le soleil tourne non pas autour de la terre mais autour de leur quartier. Ils sont même capables de vous jurer qu'Adam et Eve s'étaient connus au Jardin d'Essai, au pied de l'arbre de Tarzan» (p 30), «Nous (les Algériens) «serions les plus grands, les plus beaux, les plus forts» ! Les plus fragiles aussi, mais ça, c'est à mettre sur le compte de la pudeur» (p 55), «Ils sont nombreux de nos jours, ces intellectuels de France qui sont prêts à tout pour placer ne serait-ce que leur strapontin dans le sens de l'Histoire» (p 89), «Les nationalistes ont eu le dernier mot, Albert. Quant à ce qu'ils en ont fait, de l'indépendance, c'est une autre histoire !» (p 102)
Avis : L'œuvre de Camus disséquée par un spécialiste qui a tout lu... et tout compris. Se lit comme un roman, l'humour de l'auteur facilitant la lecture. «Un véritable régal d'humour, d'intelligence et d'érudition» selon la préfacière Emmanuelle Caminade.
Citations : «Au pays de Voltaire, toute littérature de blédard ne mérite lauriers qu'en fonction de son degré d'adhésion, voire d'allégeance, à l'air du temps» (p 78), «Durant plus d'un siècle, la parole ne fut qu'entre deux, le Français d'Algérie et le Français de Métropole, et le troisième, l'Indigène, eh bien, il n'avait point d'oreille, en encore moins de bouche ! Absent, l'Arabe ne pouvait qu'avoir tort.» (p 166)


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