Comme l'expulsion, samedi 18 février, de la diplomate israélienne et la délégation l'accompagnant de la salle où se tient le 36e sommet des chefs d'Etat de l'Union africaine à Addis-Abeba (Ethiopie) a pris une dimension prépondérante de l'information, notamment dans les titres de la presse étrangère consacrés à l'événement, occultant presque les travaux du sommet, dédié aux problèmes cruciaux de la sécurité au Sahel et en RDC, ainsi qu'aux débats autour des voies et moyens pour accélérer le lancement de la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlecaf), il serait intéressant d'aller, dans ce sens, au fond des choses. A commencer par se demander que vient faire une diplomate israélienne, adjointe pour l'Afrique au ministère israélien des Affaires étrangères, et la délégation l'accompagnant, au sommet de l'Union africaine ? Selon la réaction prompte du ministère israélien des Affaires étrangères, qui dit prendre très au sérieux cet incident, sa représentante a été expulsée alors qu'elle disposait du «statut d'observatrice» et d'un badge d'accès à la conférence. Par quel tour de passe-passe a-t-elle bien pu avoir ce statut et ce badge quand on sait qu'Israël a vainement tenté lors du précédent sommet de l'UA, en février 2022, d'obtenir le statut d'observateur ? Y a-t-il au sein de l'UA, de ses structures administratives, des parties qui ont illégalement accordé ces titres à la diplomate israélienne ? Sans aucun doute. Même si Israël cherche à semer le doute dans les rangs de l'UA, ce n'est un secret pour personne que des Etats membres de l'UA, et le SG de l'UA, lui-même, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, dont le pays d'origine a annoncé, ces derniers jours, l'ouverture d'une ambassade à Tel-Aviv, qui a pris la décision, en juillet 2021, d'accueillir l'entité sioniste dans l'organisation panafricaine en qualité d'observateur, sont de connivences avec Israël. Ce n'est pas sorcier, donc, d'identifier les parties qui sont derrière cet « arrangement » sous table qui a permis aux diplomates israéliens d'accéder à la salle de conférence où se tenait le 36e sommet de l'UA. Dans ce sillage, le ministère israélien des Affaires étrangères accuse ouvertement l'Iran d'être, en complicité avec l'Algérie et l'Afrique du Sud, derrière cette expulsion de sa représentante de la salle où se tient le 36e sommet des chefs d'Etat de l'UA. Comment le ministère israélien des Affaires étrangères a-t-il su que c'est l'Algérie et l'Afrique du Sud qui ont exercé des pressions pour expulser cette diplomate ? Les deux pays, l'Algérie et l'Afrique du Sud, avec d'autres membres de l'UA, avaient plaidé ouvertement contre l'accréditation d'Israël en tant que pays observateur, mais de là à affirmer qu'ils ont exercé des pressions pour expulser cette diplomate, cela exige des preuves ou témoignages des parties qui ont transmis ce renseignement à leurs amis israéliens. Dans ce contexte, M. Vincent Magwenya, porte-parole du président sud-africain Cyril Ramaphosa, a rétorqué qu'Israël devait «étayer ses accusations». Alors que la porte-parole du président de la Commission de l'UA, Ebba Kalondo, n'a laissé aucun doute planer ni à propos de cette expulsion ni autour des complicités dont bénéficie Israël au sein de l'UA, en expliquant qu'une personne avait été «invitée à quitter les lieux» parce qu'elle n'était pas invitée à cette réunion.