Alors, à quand une école qui doit former au lieu de déformer ? Une école saine, sans violence, où le mot est roi, où l'enseignant est pédagogue autant que formateur, où l'enfant ne craint pas pour son intégrité et son avenir. Nous n'avons que trop souvent entendu parler de la violence en milieu scolaire, que d'enseignants font l'objet d'agressions physiques et verbales de la part de leurs élèves, devenus de plus en plus violents et recrudescents. Ces petits agresseurs, sans foi ni loi ne craignent ni l'autorité, ni les tabous, ils ne respectent plus l'image sacralisée du professeur. L'enseignant d'aujourd'hui, de ce fait, craint pour sa sécurité, voire pour sa vie. Mais s'est-on seulement demandé pourquoi ? Cette explosion de violence, ces énergies négatives immaîtrisables, ces forces qui proviennent des profondeurs insondables ? Comment de simples enfants innocents se sont métamorphosés en fauves indomptables ? Avons-nous seulement supposé que ce comportement anti-social pouvait être réactionnel ? Sait-on demandé, si ces petits en voie de délinquance pouvaient agir en réaction à un certain milieu pathogène ? Ces jeunes, en voie de perdition, peuvent-ils être les réelles proies d'une spirale de violence qui les dépasse en réalité ? Ne sont ils pas en fait les réels victimes ? Les premières victimes ? Attardons-nous un peu aux détails, à ces détails insignifiants qui pourtant pèsent lourd et font la différence, tant sur le plan social qu'individuel. Effectuons un petit retour en arrière, lorsque ces adolescents n'étaient que de petits écoliers innocents, lorsque les bancs de l'école étaient leur premier univers social, leurs premières expériences de la vie et des autres, lorsque leurs maîtres et maîtresses étaient leurs images de cet adulte qu'ils découvraient. Ce enfants là, ces futurs jeunes révoltés étaient t-ils déjà agressifs et violents ? Certes non, mais leurs enseignants par contre si, malheureusement si, ces enseignants qui n'ont aucun sens de la pédagogie, qui puissent, qui châtient, qui frappent et insultent, qui maltraitent en réalité, des enfants sans défense, des êtres démunis et apeurés, et une relation de bourreaux à victimes s'installe peu à peu, et la fabrique de futurs délinquants violents commence doucement mais sûrement. La genèse de la violence remonterait donc au primaire, là où les enseignants inculquent à des enfants inexpérimentés que seul le langage de la violence reste possible face au conflit, que seule les coups peuvent apporter une solution, que le mot n'existe pas, que le dialogue est banni, que seul le châtiment est valable, qu'il remplace toute compréhension, défiant toute logique. Et l'enfant subit, culpabilise croyant mériter ces punitions, ces atteintes à son intégrité physique et psychologiques. Les châtiments corporels sont pourtant interdits par la réglementation en vigueur, mais posez la question à ces malheureux écoliers, et leurs réponses vous prouveront combien le maître fait fi de la réglementation, en toute impunité, en toute tranquillité. Ces maîtres et maîtresses, sensés apprendre la vie à nos enfants, que font-ils ? Ils les maltraitent. Ces maîtres et maîtresses, sensés éduquer nos enfants, que font-ils ? Ils les frappent. Ces maîtres et maîtresses, sensés initier et guider nos enfants, que font-ils ? Ils les mènent vers les tortueux et sinueux chemins du non-dialogue et de la violence. Matin et soir, 9 longs mois par an, ces maîtres et maîtresses concourent à transformer nos enfants en futurs délinquants, peut-être même en criminels. Et de frustration en frustration, de peur en peur, de traumatisme en traumatisme, l'élan est cassé, la flamme s'éteint et leurs âmes blessées saignent, le développement est sérieusement entravé, l'intelligence compromise et l'avenir mis en péril. L'enfant a besoin de stabilité émotionnelle, de sécurité, de ne pas avoir sans cesse peur et mal pour grandir, s'épanouir, vivre, car la douleur est là, physique et psychologique, chronique et traumatisante, elle pare à l'équilibre de nos enfants. Ces enfants, sont-ils sensés ressembler à des images ces petits, dont le propre de leurs expression est la turbulence et le chahut ? Sont-ils sensés être des statues pour que ces enseignants soient tranquilles ? Mais s'ils ne supportent pas le bruit de nos enfants, qu'ils changent de métier ! Entendons nous bien, un enfant qui a peur est un enfant malheureux, et un enfant qui n'est pas heureux est un adolescent révolté et asocial et un adulte perturbé. Et pourquoi toute cette détresse, cette souffrance, parce qu'un enseignant en a marre de son métier et de ses élèves, qu'il est fatigué et qu'il veut du parfait, du silence, de l'irréel, parce qu'un enseignant surtout n'est ni contrôlé ni surveillé dans l'exercice de ses fonctions, car aucune inquiétude ne vient déranger sa douce quiétude. L'école, cette noble institution qui renferme les futurs cadres de la nation de demain, qu'en est t-il advenu d'elle ? Alors, à quand une école qui forme au lieu de déformer ? Une école saine, sans violence, où le mot est roi, où l'enseignant est pédagogue autant que formateur, où l'enfant ne craint pas pour son intégrité, son avenir. Espoir ou utopie ?