Une éventuelle libération anticipée de l'ex-président égyptien Hosni Moubarak pourrait envenimer la situation déjà tendue en Egypte, conséquence de son acquittement qui a généré de violentes manifestations où au moins deux personnes ont été tuées. L'ancien président Hosni Moubarak, blanchi de l'accusation de complicité de meurtres de manifestants mais toujours détenu en raison d'une précédente condamnation, pourrait bénéficier d'une remise de peine, a indiqué son avocat cité par les médias. Or, eu égard à l'accueil qu'ont réservé les opposants de Moubarak à cette décision de justice, de nouveaux troubles sont à craindre. Samedi soir, un millier de personnes ont manifesté près de la place Tahrir dans le centre du Caire pour protester contre le verdict de M. Moubarak. La police a dispersé le rassemblement et deux personnes ont été tuées et quatorze blessés dans les heurts, selon un nouveau bilan du ministère de la Santé. Au moins 85 personnes avaient été arrêtées dans ces violences, relâchées par la suite pour la plupart. Dans un communiqué, le ministère de l'Intérieur a confirmé dimanche l'arrestation de quatre personnes qu'il a désignées comme étant des "éléments des Frères musulmans", la confrérie du président islamiste Mohamed Morsi, destitué par l'armée en juillet 2013, considérée comme "organisation terroriste", par le Caire. La contestation "couvait depuis longtemps", selon les déclarations des spécialistes et militants des droits de l'homme en Egypte. Pour Karim Bitar, spécialiste du Moyen-Orient, le verdict de M. Moubarak s'apparente à "une mascarade judiciaire". Selon lui, "M. Moubarak est libre alors que des journalistes et des militants des droits de l'Homme croupissent en prison". L'ancien président "raïs" de 86 ans, autrefois stigmatisé par une majorité de l'opinion publique, était jugé pour son rôle dans la répression des manifestations de janvier-février 2011 qui ont mis fin à ses trente années au pouvoir, et au cours desquelles plus de 846 personnes ont été tuées. Il se trouve qu'en raison d'obscurs points de procédures, le tribunal a abandonné samedi l'accusation de complicité de meurtre contre M. Moubarak, qui a par ailleurs été acquitté d'accusations de corruption. Néanmoins, celui qui a dirigé pendant trois décennies le pays est toujours en détention dans un hôpital militaire car il purge une peine de prison de trois ans dans le cadre d'un autre jugement pour corruption, notamment dans le cadre de la vente de gaz naturel égyptien à Israël qui se serait faite en dessous des prix du marché. Le temps passé par M. Moubarak en détention provisoire est pris en compte dans le décompte de sa peine, a indiqué son avocat Farid el-Deeb. Selon lui, M. Moubarak "a déjà purgé les deux tiers de sa peine". "Selon un récent amendement législatif, une fois que les deux-tiers de la peine sont purgés, il peut y avoir libération", a ajouté M. el-Deeb. Le tribunal, situé au coeur de l'académie de police du Caire, a déclaré également "innocent" l'ancien ministre de l'Intérieur et les six hauts responsables de la sécurité.