Les discussions amorcées samedi entre les meneurs de la contestation et le Conseil militaire de transition aux commandes du Soudan en vue de transférer le pouvoir à une autorité civile ont été suspendues dimanche par les responsables de la contestation. "Le Conseil militaire de transition au pouvoir n'est que le prolongement du régime d'el-Bachir avec qui il est impossible de négocier et de se mettre d'accord sur quoi que ce soit ", ont justifié les meneurs de la contestation. Samedi, les dirigeants militaires et les leaders de la contestation avaient convenu de s'assoir autour de la même table et de tenter de trouver un terrain d'entente pour le transfert dans la douceur du pouvoir à une autorité civile exigée par les Soudanais comme un préalable pour la gestion d'une période de transition devant déboucher sur l'organisation d'une présidentielle démocratique. "Nous suspendons nos discussions avec le Conseil militaire de transition. Nous considérons le Conseil militaire comme un prolongement du régime de l'ex-président Omar el-Béchir", a déclaré un porte-parole des organisations représentant la contestation, Mohamed al-Amine, aux milliers de personnes rassemblées dimanche devant le QG de l'armée à Khartoum, les appelant à "poursuivre et intensifier les manifestations jusqu'à ce que toutes les revendications soient satisfaites". Les manifestants massés devant le QG militaire ont longuement réagi avec les propos en question, en agitant tantôt le drapeau soudanais et en scandant tantôt "Liberté, paix, justice". "Notre révolution est civile, elle est protégée par le peuple", lançaient avec chœur d'autres manifestants. Le chef du Conseil militaire de transition, le général Abdel Fattah al-Burhane, a fait monter la pression sur les manifestants en "condamnant le blocage de routes et la fouille de personnes sans en avoir l'autorité", lors d'une rencontre avec des officiers de haut rang, faisant allusion aux barrages et points de contrôle établis par les manifestants aux abords du QG de l'armée. Les Etats-Unis, qui avaient salué jeudi les premières mesures prises par les militaires, avaient également annoncé la venue à Khartoum de la responsable du département d'Etat américain chargée de l'Afrique de l'Est, Makila James, "ce week-end". Les Etats Unis vont sans doute proposer de l'aide financière à Khartoum, parient de nombreux observateurs de la scène internationale. Dans la liste des pays qui peuvent apporter dans les jours à venir leur soutien financier, il y a la Russie et de nombreuses capitales arabes, affirment en outre les observateurs. Amputé de trois quarts de ses richesses naturelles après la sécession du Soudan du Sud suite à un référendum populaire en 2011, Khartoum est devenue un territoire austère où la vie devient de plus en plus complexe.