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Toute la misère de la mer
Une nuit à bord du Safinet Salah
Publié dans El Watan le 09 - 03 - 2009

Toujours rien. On va rentrer se coucher, dormir deux ou trois heures et on ressortira… » Rabah, le marin, réajuste son bonnet sur ses oreilles. La nuit est tombée et l'humidité s'infiltre insidieusement malgré les pull-overs.
Voilà plus de trois heures que le Safinet Salah, le sardinier sur lequel nous avons embarqué, fait des allers-retours, dans le brouillard de la baie d'Alger, entre La Pointe et Mohammadia. Plus de trois heures que nous slalomons entre les cargos qui attendent d'entrer dans le port aux mille lumières. Plus de trois heures que le lancinant vrombissement du moteur nous rappelle à la dure réalité. Pas une fois le Safinet Salah n'a jeté son filet. Dans la cabine, Mahfoud, le patron, garde les yeux fixés sur le sondeur censé lui indiquer les bancs de poissons. La nuit dernière et celle d'avant, les douze hommes embarqués sont revenus bredouilles. « L'hiver, avec 50 casiers, on fait une bonne journée. Mais en ce moment, si on en ramène 10, nous sommes contents, se désole Abdelkamel, l'armateur. Je ne peux pas payer mes marins ni même rembourser mon crédit. » Bénéficiaire d'une subvention dans le cadre du Plan national de développement agricole, le pêcheur a attendu cinq ans avant que l'argent et le crédit ne soient débloqués. Aujourd'hui, il envisage de rééchelonner ses échéances. « Sur une recette de 150 000 DA, ce qui correspond en ce moment à la recette d'une semaine, il faut enlever 20 000 DA de frais (gasoil, ravaudage des filets, assurances – jusqu'à 300 000 DA par an – licence, taxes…). Ce qui reste est réparti entre les marins et l'armateur. En été, les premiers peuvent toucher 10 000 DA par semaine, mais l'hiver, parfois à peine 5000 DA. Quant à moi, une fois enlevés tous les frais supplémentaires pour l'entretien du bateau, l'achat de nouveau matériel, etc., il ne me reste parfois pas plus qu'au marin. » Insuffisant pour nourrir une famille. Quand ils la voient… Ce qui n'arrive pas souvent à Mahfoud, qui ne rentre chez lui, à Jijel, que pour les fêtes. « Mohamed, le mécanicien, essaie de partir chaque vendredi voir ses neuf enfants à Ténès, témoigne Abdelkamel, mais quand il n'y a pas de poisson, il reste à Alger et passe ses nuits comme toutes les autres, sur un matelas dans le poste d'équipage du bateau. »
Là où, quand l'humidité devient insupportable pour leurs articulations rongées par l'arthrose, les marins se retrouvent pour partager un casse-croûte à l'abri des embruns. 21h40. De sa cabine, Mahfoud appelle ses marins. Entre deux zones de rochers où le patron pourrait jeter son filet au risque de le déchirer, le sondeur indique un banc de poissons. L'équipage se mobilise, enfile bottes et cirés et déploie les 350 mètres de filet sous les cris des dizaines de mouettes déchaînées qui assaillent le bateau. Quatre sardiniers ont rappliqué autour de nous pour jeter eux aussi leurs filets. Au fur et à mesure que les marins remontent la senne, les mouettes braillent et s'agitent de plus en plus en piquant sur les poissons. La manœuvre, pénible, prend du temps mais la pêche semble bonne. « On devrait en tirer une dizaine de casiers », estime un marin en plongeant son épuisette dans le filet pour remonter la prise. Pas de quoi se réjouir. Au point que Mahfoud décide de poursuivre la sortie. Abdelkamel consulte ses SMS. Un bulletin météo lui est envoyé régulièrement. Le temps est toujours calme. Malgré cela, plusieurs sardiniers sont déjà rentrés à la pêcherie. Nous les rejoindrons vers minuit. A peine arrivés, des acheteurs impatients déboulent sur le bateau faire main basse sur les seuls casiers de la journée, qui s'arrachent à 3500 DA les 18 kilos. Soit 195 DA le kilo. Comment les retrouve-t-on à 350 DA sur le marché ? « Tout le réseau mafieux d'intermédiaires profite du fait qu'on ne peut pas acheter directement aux sardiniers, témoigne un marin. Et si jamais le sardinier essaie de faire passer sa marchandise par quelqu'un d'autres, les mafieux ne vont plus acheter chez lui. L'Etat est totalement absent alors c'est la jungle. » Sous le premier quartier de lune voilée, le Safinet Salah s'immobilise pour quelques heures. La semaine prochaine, il partira au carénage à Bou Haroun. Encore une semaine de perdue pour Abdelmalek et ses marins.


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