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Ikhwan Essafa-Blaise Pascal, du bon sens philosophique
Publié dans El Watan le 18 - 05 - 2006

Emboîtant le pas aux penseurs grecs de l'âge classique, persans, indous et syriaques, ces encyclopédistes du Xe siècle ont tenu, même dans le secret de l'écriture, à donner leur propre vision de l'homme en sa qualité de créature essentielle dans l'univers. Cette créature, disent-ils encore, se situe à la charnière du «corporel» et du «spirituel». En fait, il n'y a que l'homme qui soit en mesure de saisir et d'établir cet ordre de grandeur appelé à changer tout le temps. Mais, par rapport à quoi, sinon à lui-même ? Il y voit sa propre dimension, s'y projette, et ce faisant, l'univers se projette en lui. Au XVIIe siècle, Blaise Pascal, (1623-1662), constamment ballotté entre esprit de géométrie et esprit de finesse, devait, lui aussi, éprouver le besoin de situer l'homme, d'avoir pour lui une nouvelle carte d'identité universelle.
L'homme est un roseau pensant, écrivit-il en nuançant son propos. Bien que se considérant comme philosophe essentiellement chrétien, il entreprend, cependant, de réduire indirectement la distance qui le sépare des «frères de la pureté», et laisser, à leur suite, la primauté aux règles de l'esprit.
Cette nécessité absolue de considérer l'homme par rapport à ce qui l'entoure, de tâter son pouls existentiel au gré des civilisations, des religions, des systèmes philosophiques, continuera de faire force de loi aussi longtemps que l'espèce humaine évoluera sur cette terre. Elle semble innée en l'homme, pour ne pas dire précédant son existence.
Il faut admettre, toutefois, qu'il n'a jamais été aisé aux penseurs de développer leurs thèses en ce sens qu'il fallait à chaque fois tenter de défoncer la muraille de l'incompréhension. Les accusations malveillantes, les scènes publiques d'autodafé, les actes de mutilations et autres procédés diaboliques pour museler l'esprit, ont toujours été le lot de quiconque entreprenait de situer, dans le cosmos, la place de ce bipède doué de raison, de cet animal parlant. Ibn Rochd, (1126-1198), en discourant sur la «pérennité» de l'univers, en accordant la primauté à la raison face au dogme religieux, ne faisait, en fait, qu'entériner cet acte hautement philosophique qui n'a jamais cessé de tourmenter l'être humain. Galilée, (1564-1642), sous une autre forme et d'un autre prisme, a agi de la sorte. Sa «terre» qui tournait autour du soleil était l'homme lui-même.
Cela fait dix siècles que l'anathème est jeté sur ce groupe d'encyclopédistes de Basra. «Ismaéliens», lit-on encore dans les écrits, arabes comme occidentaux, traitant de la philosophie islamique. C'est-à-dire que leur point de départ, en matière de religion et de réflexion philosophique, est entaché d'irrégularités.
Des «pestiférés» voués à vivre en marge de l'histoire ? Cela semble se perpétuer, surtout de nos jours, où la raison, en tant que telle, a préféré déserter les hauts lieux de la réflexion, de l'Andalousie jusqu'aux confins de l'Inde. N'empêche, ces penseurs, si engagés profondément dans la vie de l'esprit, ont su contourner les difficultés sociopolitiques de leur temps en tenant leur activité intellectuelle dans le plus grand secret. Ils restent inconnus de leurs lecteurs à travers les âges même si certains biographes et historiens avancent, à leurs dépens, quelques noms glanés çà et là à Basra et à Baghdad du Xe siècle. Ils ont été parmi les premiers à donner, dans leur encyclopédie, une définition de l'homme qui tint, à la fois, de la religion, des mathématiques, des concepts grecs et persans et du soufisme. Cette définition, même syncrétique, reflète quand même l'état des lieux de l'être humain dans sa globalité à une période donnée. L'homme, n'est-il pas la créature la plus portée sur la polémique, selon le Coran ? Les frères de la pureté n'ont pas oublié d'en tenir compte dans leur définition. Le grand Ibn Sina, (980-1037) suit leur trace en déclarant que «l'homme renferme bien tout le macrocosme». Al Khayyâm, (1048-1131), quant à lui, se plaisait à répéter que la goutte d'eau qui finit inévitablement dans l'océan n'est, en fait, que l'océan lui-même en miniature.
L'homme, même se révélant à lui-même proportionnellement, demeurera une énigme qui ne sera jamais élucidée dans sa totalité. La plut petite entité biologique nous l'apprend ainsi que les galaxies dans leur fuite. L'un ne va pas sans l'autre. Le petit a besoin du grand et vice versa. C'est ce qui, du reste, fait de l'homme un objet de réflexion continuelle et, par ricochet, c'est ce qui fait dire au poète Francis Ponge, (1899-1998) que «l'homme est l'avenir de l'homme».
A quelques différences près, les concepts en ce domaine finissent sinon par se rencontrer, du moins se ressembler. L'interrogation reste égale à elle-même depuis les temps immémoriaux. Parfois, elle est directe, talonnant l'homme dans ses moindres retranchements, d'autrefois, sournoise, obsédante et se pliant aux exigences de la réalité sociohistorique, d'où son caractère quelque peu secret.
Cela est d'autant plus plausible que la raison, en tant qu'outillage commun à tous les hommes, accomplit toujours la même tâche. Elle ne peut être que juste. La loi peut être déviée, parfois, mais la justice, par essence, n'accepte aucun compromis. Par conséquent, l'homme ne cessera de chercher sa place dans l'univers. Il se plaira toujours dans les définitions qu'il se forgera, d'où qu'elles viennent, des frères de la pureté comme de Blaise Pascal, de Khayyâm comme d'Emmanuel Kant, (1724-1804).


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