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Chapeau très bas l'artiste !
Publié dans El Watan le 10 - 08 - 2009

C'était comme dans une fête lorsque subitement, l'électricité est coupée, comme l'odeur du beurre rance, comme les mots orduriers sortant de la bouche d'une belle femme. Parce qu'elle a refusé de chanter dans les noces de la famille Ben Ali, ils ont lâché des chiens fils de chiens pour qu'ils aboient à son passage et assourdissent sa voix. Ils n'ont pas compris que Warda est une bête de scène.
En dehors, elle était inconsolable. William Kapell, pianiste américain légendaire qui mourut à l'âge de trente et un ans dans un accident d'avion en 1953, écrivit un jour à un ami : «Les seuls moments que j'aie, quand je joue, et qui aient une valeur quelconque pour moi, sont ceux où j'oublie les gens pour lesquels je suis supposé me produire. Je ne suis plus là, il n'y a plus de public idiot à amuser, il n'y a que le cœur et l'âme, le monde, les oiseaux, les orages, les rêves, la tristesse, la sérénité céleste. Alors je suis un artiste, digne de ce nom… Avant que cela n'arrive, ou si cela n'arrive pas, je suis malheureux.» A Carthage, Warda était malheureuse. D'Alger au Caire, de Casablanca à Beyrouth, toute l'Arabie reste coite : «Ils ont osé, les fumiers…Maltraiter la dernière diva, ça ne se passe qu'à Tunis des Ben Ali. Ils ont fait circuler qu'elle chante faux. Vous vous rendez compte ?» Qui a dit : «Oum Kalthoum a été l'étoile de l'Orient, Faïrouz l'oiseau du livre, mais ces deux feux follets palissent face à l'astre resplendissant de Warda.
Le plus étonnant n'est pas qu'elle se soit frayé un chemin parmi ces mutantes, mais qu'elle ait existé.» En Arabie, au pays des mille et une nuits, le chant est une religion. Rien à voir avec le chant chez les autres bipèdes. Maria Callas, Ella Fitzgerald, peuvent toujours essayer, elles n'atteindront jamais le zénith des cantatrices arabes. C'est loin, très loin. Leurs places sont à côté d'Odin. Des Walkyris. Warda que j'aime, Warda de Tamrihina, de Maguadir, d'Ouled El Hallel. C'est celle qui t'allume la fente, celle qui colle à la chair de poule, celle qui mouille à la fleur de peau, c'est le ruisseau, c'est le papier jauni des amants sous la pluie, c'est la bouche cerise de ma voisine, c'est la gueuse que j'aime, celle qui crève le bourgeois, la romance famélique sur la buée des vitres, la mardouma sur les cheveux noirs corbeaux de ma sœur Mongia, la Ojja de ma tante Nemra.
La Warda que j'aime "emmerde" Leïla Ben Ali et Chika Mouza. Les femmes des palais arabes ne chantent pas, elles convoquent les cantatrices à la cour, et les écoutent, sourire ennuyé, en tapotant un peu du pied. La chanson, c'est le peuple, ça a été toujours le peuple, c'est la mémoire, c'est le miroir des peuples, c'est la chanson de l'Atlas. Warda raconte l'histoire, l'histoire imprévue et fugitive, c'est pas du bronze, pas une statue, on ne peut pas l'arrêter, on la fredonne dans la prison, lèvres fermées, on ne peut pas l'enchaîner, c'est de l'eau dans un panier, c'est de l'air, c'est un air. Warda s'oppose au pouvoir, à tous les pouvoirs.
Celle que j'aime se marre. Je vais vous chanter Ghorba, je rigole, j'ai douze ans, je donnerais n'importe quoi pour entendre la voix de ma sœur Najet, sous les vignes. Warda, c'est l'amour, amours toujours inemployées. Celle que j'aime console les va-nu-pieds et berce les enfants, celle que j'oublie, celle qui me revient, c'est la douce fredonnée par Jean Genet, c'est la brûlure, celle qui t'attache, la déchirée, c'est la jalouse, c'est la berceuse, c'est l'incomprise qui grise, celle qui jamais ne m'habitue. Rouh, Rouh, Rouh,Oulou Ya Amar…


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