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Expédition en terrain miné
Publié dans El Watan le 24 - 10 - 2009

Tifariti et Lajwad (Territoires sahraouis libérés) : De notre envoyé spécial
La remarque vaut surtout à proximité du mur dit de la «honte» long de 2700 km érigé par Rabat, entre 1980 et 1987, pour repousser les offensives des combattants sahraouis. Equipé de radars et protégé par des barbelés, ce mur est aujourd'hui surveillé par près de 150 000 hommes. Une bande de plusieurs centaines de mètres de champs de mines est conçue aussi pour en empêcher l'accès. Les victimes des 7 millions de mines anti personnelles semées par l'armée coloniale marocaine se comptent aujourd'hui par centaines, parmi lesquelles des dizaines d'enfants. Inutile de dire qu'il faut des années et des millions de dollars pour parvenir un jour à déminer la région. Une région qui, bien que rude, regorge de magnifiques paysages rougeâtres (la couleur est due à une forte présence de fer) et de montagnes aussi insolites que majestueuses comme celles qui ceinturent les régions de Mijek et d'Aghwinit, dans le sud du Sahara occidental.
«Ok, nous allons nous arrêter mais ne tardez pas trop. Prenez-vite vos photos et partons. Faites gaffe, ce n'est pas un jeu. C'est vraiment dangereux. Ne marchez pas sur là où il y a les petites bosses et là où le sol a tendance à s'éclaircir. Ce sont des mines antipersonnelles. Beaucoup y ont laissé leur peau ici. Il faut vraiment être un connaisseur pour évoluer sur ce genre de terrain», avertit, le front tout en sueur, Loud, notre chauffeur a qui nous venions de demander de nous laisser prendre en photo le mur sur lequel étaient visibles les sentinelles marocaines. Malgré les risques encourus, Loud, un ancien combattant sahraoui qui a passé plusieurs années au front, ne se gêna pas, histoire de narguer ses ennemis et de les mettre sur les nerfs, de se défouler avec le klaxon de sa Toyota.
Tifariti, une ville pour les réfugiés sahraouis
Le mur de la honte qui serpente du nord au sud le Sahara occidental et les mines antipersonnelles ne sont pas les seuls vestiges de la terrible guerre qui a opposé, des années durant, les Sahraouis aux Marocains et aux Mauritaniens. Tout le long des 350 km qui séparent les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf de Tifariti, une localité située à l'intérieur des territoires sahraouis libérés, des obus de chars et des composants de bombes larguées depuis des bombardiers jonchent la route. A Tifariti même, les débris encore intacts d'un hélicoptère de combat marocain abattu par les combattants sahraouis sont exposés à l'entrée d'une demeure bâtie en terre cuite servant d'abris aux délégations de passages. «Malgré nos moyens limités à l'époque, nous leur (les soldats marocains) avons flanqué une bonne tannée. Aujourd'hui encore, ils pensent que nous avons peur de leur mur.
Qu'ils s'ôtent cette idée de la tête. Nous avons formé de jeunes combattants prêts à se sacrifier et qui peuvent traverser leur mur les yeux fermés. Nous connaissons leurs points faibles», déclare fièrement un vétéran sahraoui rencontré à Lajwad, une région volcanique située à 600 km au sud-ouest de Tifariti, où s'est tenue le 12 octobre une rencontre des tribus sahraouies réfugiées dans les pays du Sahel. C'est d'ailleurs à cette occasion que le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, a demandé aux réfugiés sahraouis de venir repeupler les territoires sahraouis libérés. Tifariti, qui ressemble en tous points aux bases de vie que les compagnies pétrolières érigent généralement dans le sud, est pour ainsi le seul endroit urbanisé des territoires sahraouis libérés. Du moins pour le moment. Pour encourager justement les réfugiés sahraouis et les tribus nomades à s'y établir, le gouvernement de la RASD a commencé récemment à y construire des maisons, une école et quelques autres infrastructures nécessaires à la vie en plein désert. Un semblant d'activité commence d'ailleurs à y être perceptible. Sinon, partout ailleurs, c'est le désert, à une exception près.
Et cette exception à pour nom Bir Lahlou, un petit patelin se trouvant à mi-chemin entre Tindouf et Tifariti qu'on croirait avoir été conçu spécialement pour les besoins du tournage de Mad Max ou d'un film de science fiction à l'univers impitoyable et au paysage lunaire. Là-bas, tout, mais alors absolument tout, est construit avec des tôles de fer ou d'acier. Une véritable petite ville de fer où il est possible de réparer un pneu crevé ou de se ravitailler en vivres avant de s'engouffrer dans le désert. Pour gagner Lajwad (l'endroit se trouve à 1000 km de Tindouf. Il faut deux à trois jours de route pour y arriver) où nous devions nous rendre, il a fallu traverser par deux fois un bout du territoire mauritanien. Dans ce genre de situation, il n'est bien évidemment pas nécessaire de disposer d'un passeport. Les Sahraouis qui jouissent d'une grande respectabilité dans la région savent ouvrir bien des portes.
Cela dit, le plus étonnant demeure incontestablement le fait que nos accompagnateurs, tous des Sahraouis, soient parvenus à nous conduire à bon port sans avoir eu recours un seul instant à une espèce de gadget électronique ou satellitaire pour connaître leur chemin. Sur les 1000 km parcourus dans le désert, ils ont reconnu toutefois ne s'être perdus qu'une ou deux fois. Mais c'est tout. Et encore, nous avons retrouvé notre chemin au bout d'une heure ! Comment savoir qu'un Sahraoui s'est perdu ? Et bien généralement, c'est lorsqu'il descend subitement de voiture pour faire sa prière ou préparer du thé en dehors des horaires prévus. Là, il faut effectivement en déduire qu'il y a quelque chose qui cloche. En pareil cas, il n'y a qu'une seule conduite à tenir : garder son calme et rester zen ! Les Sahraouis qui connaissent cette partie du Sahara comme leur poche finissent presque toujours pas retrouver le chemin. Il faut savoir aussi qu'en cas de panne, ils peuvent réparer une Jeep avec une simple épingle à cheveux ou un…déodorant. Dans le pire des cas, vous passerez une nuit à la belle étoile. Pour vous consoler, dites-vous bien que seuls les privilégiés ont la chance d'assister à un coucher du soleil dans le désert. Vous pouvez également vous tenter persuader que vous n'êtes pas seul dans cette vaste étendue désertique. Ce qui, dans le fond, est vrai !
Le thé chinois bat Coca-Cola au Sahel
Aussi, ne soyez pas surpris si un jour vous tomber nez à nez avec un commerçant mauritanien, sahraoui ou algérien et de vous voir proposer une canette de Fanta, un jus de fruit ou tout simplement un verre d'eau glacée en plein milieu du désert. Au rayon thé, difficile de détrôner les produits chinois. Un thé vert pompeusement appelé «Thé de l'Azawad» et un autre baptisé du nom de «Flecha», tous deux importés de Pékin par des importateurs nigériens et qui font actuellement un tabac dans la région, peuvent vous être cédés à des prix qui défient toute concurrence. Cela à condition que vous sachiez négocier un peu. La situation peut paraître insolite, mais vous pouvez également vous acheter un souvenir. Et là encore, il y a l'embarras du choix. Pour l'argent, ne vous faites pas de soucis, il est possible de payer avec n'importe quelle monnaie. Le plus important étant de consommer. Il ne faut pas vous étonner aussi de voir, de temps en temps, dans des endroits où même les lézards du Sahara n'oseraient pas s'aventurer, des bédouins accompagnés de leur troupeau de dromadaires ou de chèvres surgir de nulle part avec un sourire de banane. Comment sont-ils arrivés là ? Mystère !
Si les bédouins ont une conception très élastique de la notion de frontières – à croire d'ailleurs qu'ils sont les vrais inventeurs de la mondialisation -, il est toutefois difficile de faire un pas dans les territoires sahraouis libérés sans que la gendarmerie de la RASD (oui vous avez bien lu, il s'agit bien de la gendarmerie sahraouie), équipée de puissantes Toyota ne le sache. C'est peut-être de là que provient la sensation d'être observé que l'on ressent en arrivant à certains endroits. Son maillage du terrain rend par exemple très difficile tout activité terroriste dans la région. Après quelques tentatives infructueuses par le passé, les contrebandiers n'osent également plus jouer au feu avec les gendarmes sahraouis. Organisés en plusieurs régions militaires, les territoires libérés sont également surveillés étroitement par l'armée sahraouie.
Contrairement à certaines idées reçues, celle-ci (l'armée Sahraouie) n'est pas constituée de troupes fantoches. A cheval sur la sécurité, celle-ci est bien organisée et est formée de jeunes soldats entraînés et encadrés par des officiers qui n'ont rien à envier à ceux des autres armées. C'est que la plupart d'entre eux sont sortis aussi d'académies militaires reconnues. «Nous avons enregistré, par le passé, quelques tentatives d'intrusion de terroristes ou de bandits sur notre territoire. Mais face à la réponse que nous leur avons réservée, ils ne se sont plus aventurés par ici», raconte un militaire sahraoui qui précise en outre que la sécurité est souci constant pour les autorités sahraouies.
Quid du Maroc ? Les jeunes militaires sahraouis rencontrés à Lajwad, à l'occasion de la célébration de la journée de l'unité nationale sahraouie (elle a lieu chaque 12 octobre), disent tous être prêts à se sacrifier pour la libération des territoires occupés. Des membres de la communauté sahraouie établie à l'étranger, impatients de goûter à la liberté, se mettent même à rêver de l'instauration d'un contexte géopolitique régional propice à la reprise de la guerre avec le Maroc. «Le statu quo actuel ne nous profite pas du tout. Le Maroc pompe en toute impunité nos richesses. A mon avis, la seule manière de renverser en notre faveur le rapport de force, c'est de reprendre les hostilités», soutien un militant sahraoui résidant en Espagne. Malgré leur forte envie d'en découdre au plus vite avec l'armée marocaine, les militaires sahraouis disent toutefois respecter les ordres du président Mohammed Abdelaziz qui a décidé de privilégier la lutte non-violente pour prouver à la communauté internationale le caractère «belliqueux» et «criminel» du régime de Rabat.
Le président de la RASD – qui demeure le leader incontesté des Sahraouis – a d'ailleurs appelé une nouvelle fois ses compatriotes, la semaine dernière, à partir des camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, à ne pas céder à la tentation de la violence. Un piège, a-t-il dit, dans lequel le Maroc veut pousser les Sahraouis pour trouver le prétexte idéal pour poursuivre son génocide.


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