Aïd Al-Adha: plus de 55.000 commerçants ont respecté la permanence durant la première journée    Direction régionale du commerce de Sétif: adhésion totale au programme de permanence au 1e jour de l'Aïd El-Adha    Aïd El-Adha: Saïd Chanegriha adresse ses vœux à l'ensemble des personnels de l'ANP    Le groupe A3+ encourage la poursuite du dialogue entre l'OIAC et la Syrie    5e Journée Elite & Jeunes Talents Sportifs: dernière chance de qualification aux Championnats d'Afrique    Naâma: plusieurs projets dans le cadre du programme de relance du Barrage Vert lancés    Aïd El-Adha: le président de la République adresse ses vœux aux éléments de l'ANP, aux corps constitués et au personnel de la santé    NETCOM: mobilisation de 4.200 agents d'hygiène et de 390 camions pour l'Aïd El-Adha    Appel urgent de l'OMS pour protéger deux des derniers hôpitaux de Ghaza    Journal Officiel: publication du décret exécutif portant dissolution de l'OREF et le transfert de ses biens, droits, devoirs et employés à la Wilaya d'Alger    Les Algériens célèbrent la fête de la Aïd El-Adha dans la piété et la fraternité    Arrivée du président de la République à Djamaâ El Djazaïr pour accomplir la prière de l'Aïd El Adha    Décès de l'essayiste El Djouher Amhis Ouksel à l'âge de 97 ans    Le président de la République accomplit la prière de l'Aïd El Adha à Djamaâ El Djazaïr    Une équipe d'Algérie remaniée bat le Rwanda en amical (2-0)    Match amical: l'Algérie bat le Rwanda (2-0)    France : plusieurs personnalités politiques appellent Retailleau à démissionner    Mascara: un concours national de la chanson pour enfants l'année prochaine    Plus de 4 millions ont fui leur pays    Se libérer de la rente des hydrocarbures et accélérer les réformes pour une économie diversifiée dans le cadre des valeurs internationales    Développement et aménagement de la baie d'Alger    La population sétifienne en état de choc    120.000 preuves scientifiques dépistées par l'INCC en quinze ans    Un Aïd dans la dignité    Lorsque le tourisme et la sécurité routière ne font qu'un...    Le CSC évite le piège de l'USMK    L'importance d'une vision cinématographique respectueuse de la précision des faits historiques soulignée    Entre barbouillage pictural et maquignonnage culturel    Une série d'accords signés entre l'Algérie et le Rwanda    Entre barbouillage pictural et maquignonnage culturel    Positions occidentales fermes contre l'entité sioniste    Ooredoo célèbre la Journée mondiale de l'enfance    Trois clubs accéderont et trois seront relégués en Ligue 2    « Le fascisme est le 'plan B' des classes dirigeantes »    L'Ecole rend hommage au professeur Walid Laggoune    Enjeux géostratégiques mondiaux et tensions sécuritaires au niveau de la région sahélienne    La Fifa organise un séminaire à Alger    Khaled Ouennouf intègre le bureau exécutif    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



«Le système tunisien n'a pas été efficace pour résoudre la question de l'emploi»
Publié dans El Watan le 24 - 01 - 2011

-Vous développez l'idée selon laquelle le domaine de l'emploi est celui où le modèle économique tunisien a le plus montré ses limites. Pourquoi ?
Les analyses montrent que malgré toutes les vertus que l'on attribue au système économique mis en place par l'ancien régime en Tunisie et le qualificatif de «success story» qu'on lui prête, il n'a pas été plus efficace que le système algérien à résoudre la question de l'emploi et en particulier celui de l'emploi des jeunes. Au cours de ces dernières années, la Tunisie, tout comme l'Algérie, a connu d'importantes mutations de sa situation de l'emploi, avec notamment l'arrivée chaque année sur le marché du travail d'un nombre considérable de jeunes, l'essor de l'activité des femmes et l'accroissement des licenciements résultant des restructurations économiques, en particulier dans le secteur public.
Malgré une croissance économique soutenue au cours de ces dernières années, son niveau et ses origines n'ont pas permis une création suffisante d'emplois pour endiguer la pression des chômeurs. Les taux de chômage restent donc très élevés et particulièrement critiques auprès des jeunes, des femmes et des diplômés.
La Tunisie, par exemple, doit faire face à une demande d'emploi de l'ordre de 5,18 millions à l'horizon 2020, ce qui représente un énorme effort à faire. Des écarts se sont creusés également entre différentes catégories de population à l'intérieur des pays, en termes d'accès à des emplois et revenus décents et de participation à la vie économique et sociale. Les changements associés à la mondialisation (libéralisation, restructuration d'entreprises, etc. ) ont eu de lourdes conséquences, souvent négatives, sur les marchés du travail. Ce phénomène a généré des frustrations graves et des effets négatifs, voire générateurs d'instabilité, tels que la violence, l'expansion des activités informelles et de la pauvreté.
-Où se situe la défaillance en matière de prise en charge de la question de l'emploi ?
Toutes les études sont unanimes pour signaler comme causes de la faible employabilité, des systèmes d'éducation et de formation de faible qualité, non conformes ni adaptés aux besoins réels de l'économie et de couverture insuffisante et limitée, ce qui n'a pas permis d'intégrer les groupes sociaux et les régions les plus défavorisées (populations rurales, travailleurs du secteur informel, etc.).
En Algérie, le taux de réussite au bac a fait des progrès ces dernières années, mais n'a pas dépassé les 45% en 2009. Les 15 dernières années, le nombre d'élèves qui redoublent a été multiplié par 2. Cette faible qualité de l'enseignement doit faire face à la démocratisation des études universitaires. Celle-ci a, certes, permis à toutes les franges de la société de poursuivre des études supérieures mais, en contrepartie, elle a occasionné une dégradation importante des conditions pédagogiques. Les systèmes d'enseignement supérieur des pays ont continué à répondre à une demande sociale de plus en plus importante sans tenir compte des déséquilibres tant quantitatifs que qualitatifs entre le système éducatif et les besoins réels de l'économie.
-Mais, aujourd'hui, c'est davantage le chômage des diplômés qui pose problème…
Le chômage des jeunes diplômés est un problème complexe résultant de la demande insuffisante de main-d'œuvre en général, du décalage entre les compétences des jeunes et celles que demandent les employeurs et de l'explosion de la catégorie des jeunes de 15 à 24 ans dans toute la sous-région. En 2005/2006, il a atteint 46% pour l'Algérie selon l'OAT et 27% pour la Tunisie, deux fois plus élevé que celui de la moyenne mondiale (14%) (OAT 2007). L'examen des données par groupe d'âge montre que la courbe de chômage est la plus accentuée dans la catégorie des 20-35 ans d'âge, dont une bonne partie sont des diplômés et des sorties du système scolaire. En Algérie, 60-70% des chômeurs sont des jeunes, et premiers demandeurs d'emploi : cette catégorie inclut 350 000 jeunes qui viennent de terminer leur formation. Des données plus récentes (2009) montrent que le taux de chômage des diplômés de l'enseignement supérieur en Tunisie était 3 fois et demie plus élevé que celui des personnes analphabètes ou de niveau primaire, atteignant en 2011 au moins 200 000, soit un taux avoisinant les 33%. On se trouve ainsi face au paradoxe que les personnes les plus formées sont souvent les moins aptes à trouver du travail. Cette situation, lorsqu'elle perdure, entraîne une exclusion sociale, porte ouverte sur les activités informelles et illégales, la rupture de la confiance dans les institutions et une érosion du capital humain.
-D'où vient ce décalage entre les besoins du marché du travail et les compétences formées ?
L'asymétrie entre les compétences formées et les débouchés sur le marché du travail est évidente. Elle résulte d'une manière générale de la croissance qui a été insuffisante pour absorber le volume de demandeurs d'emploi dans les années 80 et 90. Ce déficit de croissance a été ainsi la cause de la création d'un déficit cumulé de création d'emplois et par conséquent d'un chômage. En Algérie, la croissance de la population active et de la demande de travail qui en résulté était de 3,8% pendant les années 90, nécessitant un taux de croissance annuel moyen de 5,4%. Le taux n'a été que de 1,5%. Ce déficit de croissance de 3,9% annuel est traduit par un déficit en matière de création d'emplois qui s'est cumulé pendant cette période.
Ajouté à cela le nombre des emplois perdus dans les années 90 qui est venu s'ajouter au stock des demandeurs (360 000 postes ont été perdus, selon le CNES, entre 1994 et 1998, suite à la mise en œuvre des réformes économiques) sans que de nouveaux emplois ne soient créés en quantités significatives par le secteur privé local ou les firmes étrangères. Pour résorber ce déficit cumulé et faire face à l'arrivée de nouveaux demandeurs d'emploi, les économies devaient croître à un rythme de plus de 10% annuel pendant toute la période, chiffre impossible à réaliser vu toutes les autres contraintes et les transferts sociaux nécessaires. En Tunisie, le taux de croissance de la population active a été de 2,9% dans les années 1990, ce qui aurait nécessité un taux de croissance du PIB de 4,1% pendant toute la décennie.
Or, le taux de croissance effectif moyen n'a pas dépassé les 1,8% pendant la période, ce qui entraîne un déficit cumulé moyen de 2,3% pendant toute la période. Une croissance d'environ 7,5% par an dans le secteur manufacturier et de 11,5% dans les services privés aurait pu résorber ce déficit. Ceci n'a pas été possible, même si les performances de croissance ont été relativement favorables. A cela, il faut ajouter l'industrie, l'un des secteurs moteurs de la croissance durant les années 70, qui a perdu son rôle de pourvoyeur d'emplois depuis la crise des années 1980 : elle participait en Algérie entre 1967 et 1978 à près de 20% du total des emplois créés hors agriculture. En Tunisie, la croissance de l'emploi s'est nettement ralentie dans le secteur manufacturier et celui des services privés, où travaillent 60% de la main-d'œuvre non agricole.
Le secteur privé, dont la taille reste limitée, a une faible capacité de création d'emplois et reste largement dominé par les entreprises familiales. L'agriculture en Tunisie, elle, génère environ 14% du PIB et emploie environ 22% de la population active, mais l'emploi agricole n'a augmenté que de 1,5% par an en moyenne au cours de la période 1989-2001. Des jeunes travaillent partiellement ou refusent carrément des opportunités d'emploi dans des secteurs pourvoyeurs d'emplois, tels que le secteur agricole en raison de la rémunération, de l'éloignement et du rythme du travail. Enfin, l'émigration légale qui a servi d'élément régulateur du marché du travail ne peut plus jouer ce rôle depuis que les barrières de l'Europe sont de plus en plus élevées. Cela dit, les chiffres montrent que le secteur informel a joué un rôle de roue de secours face à la panne relative du secteur officiel ou déclaré à absorber les demandeurs d'emploi : selon les estimations, l'emploi informel représente 50% de l'emploi non agricole global en Tunisie, même plus élevé que celui de l'Algérie (43%).


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.