Marrakech. Des mosquées, des palais, des jardins et surtout la médina avec ses souks. Un bijou. Si vous y faites un tour en cette période de vacances, El Watan week-end vous propose un bon plan. – Casa José, ou l'Andalousie entre les palmiers Je n'ai pas un appétit gargantuesque, mais à mon corps défendant je me suis découvert des envies d'ogre en pénétrant à Casa José. Normal pour les avides de tapas, le restaurant situé en plein quartier luxueux Gueliz offre des recettes typiques de la péninsule ibérique ; on a tout le loisir de déguster tortillas, paella, churros, gaspacho, crevettes pil pil… enfin tous les fruits de mer dont on rêve. Le poisson vient de l'Atlantique d'Agadir, de Saouira, à quelques kilomètres d'ici. J'ai aimé particulièrement les boulettes de sardines à la sauce piquante en entrée. Pour le plat principal, j'ai entamé une paella mixte, fruits de mer et poulet, quoique la volaille n'est pas ma viande préférée. Et un gâteau glacé comme dessert, avant de terminer la soirée avec un café sur la terrasse en bois et m'apercevoir qu'il était une heure du matin, heure de la fermeture de l'établissement. Quoi qu'on puisse penser, et même si on ose quelques verres d'alcool, la note n'est pas salée. C'est même surprenant de se goinfrer de la vraie gastronomie espagnole en payant moins cher que dans un restaurant sobre ailleurs. C'est peut-être cela le vrai secret de senor José… – Du shopping au Carré Eden Situé en pleine avenue Mohammed VI, dans le quartier luxueux Gueliz, Carré Eden, c'est quatre vingts enseignes toutes activités confondues : alimentation, mode, beauté, vêtements et accessoires, joaillerie, décoration, électroménager, loisirs… mais aussi des restaurants et des espaces dédiés aux services et à la culture. Un centre commercial pour le shopping, un hôtel, des résidences et un parking de 700 places, qui n'a rien à envier aux grands espaces commerciaux européens. Ouvert du dimanche au jeudi, Carré Eden est cependant peu accessible aux bourses moyennes. Ses boutiques abritent des produits de marques connues mondialement. H&M, Lacoste, Adidas, Go Sport, Diamantine, Guy Degrenne, First Time, Carrefour, Venezia Ice, Starbuck… Mais, on peut toujours en sortir avec un objet, un souvenir pour y laisser son empreinte, marquer son passage. Notons que pour célébrer le centenaire de la «nouvelle» ville de Gueliz, le Carré Eden Marrakech a organisé une exposition intitulée «100 ans de Guéliz, un siècle de vie». Et la vie dans ce quartier, elle est au grand sens du terme. – Instants de renaissance à Marrakech Perle d'Orient, ville ocre ou rouge, selon sa perception, Marrakech, cette ancienne cité impériale de l'ouest du Maroc, subjugue par ses paradoxes. En me mouvant dans ses dédales, je me rends compte que le moderne et le traditionnel s'embrassent. Sans s'embarrasser. Pudeur et frasques cohabitent sans gêne. La médina aux cours secrètes est une cité médiévale fortifiée et densément peuplée datant de l'Empire berbère, avec des allées entremêlées tel un labyrinthe, où les souks (marchés) animés sont achalandés d'étoffes, de poteries et de bijoux traditionnels. Symbole de la ville, le minaret de la mosquée maure de Koutoubia du XIIe siècle est visible à des kilomètres. Centre commercial important, Marrakech s'offre au visiteur pour l'engloutir dans ses charmes. Je me suis ressourcé au jardin Majorelle, en référence au peintre français, qui a mis quarante ans (1886-1962) pour créer cet espace édénique, l'un des plus visités par les touristes. Une sorte de toile magique dans une palette de rêve. En déambulant cahin caha dans cette vaste oasis, j'ai marqué des escales : l'incontournable Sahat El Fna (Place de spectacles, de restaurant et de cafés…), quartier de luxe Guéliz, La Palmeraie, les souks, les résidences royales, les discothèques branchées, les terrasses de cafétérias qui s'étendent à l'infini. J'ai enfilé, malgré moi, l'habit du riche et du touriste lambda… C'est le secret de Marrakech ! – Jamaâ El Fna, un théâtre populaire en plein air Célèbre, Jamaâ El Fna, qui signifierait «Place des trépassés», est un lieu incontournable pour les visiteurs de Marrakech. Immense espace public de spectacles par excellence, de jour comme de nuit, El Fna est inscrit patrimoine mondial depuis 1985 par l'Unesco. C'est dire l'importance culturelle de cette place populaire. Première curiosité des visiteurs dès leur atterrissage dans la cité rouge. Située à proximité de la médina, la vieille ville historique, la place – et c'est là qu'on comprend son étymologie – était au XIIe siècle un lieu de justice où les peines étaient appliquées. Et c'est comme pour se venger de son sort morbide que, plusieurs siècles plus tard, elle est devenue la place la plus animée de la ville. Une véritable cour de miracles, où pour y accéder on passe par le palais royal, la mosquée ancestrale de Koutoubia, les souks. Cracheurs de feu, tatoueuses au henné, montreurs de singes, charmeurs de serpents, diseuses de bonne aventure… Tout y est pour retenir le touriste. On y mange aussi sur des bancs de stands de restauration entourant la place. Des établissements qui disparaissent à l'aube pour réapparaître au crépuscule. C'est la vie nocturne. Un attentat a été perpétré en 2011 au café-restaurant Argana, surplombant la place. Un sinistre qui n'a pas entaché d'un cheveu l'esprit festif de Jamaâ El Fna, qui accueille 1 million de visiteurs chaque année… – Riad Moucharabieh, l'ombre de l'illustre peintre Delacroix Engouffré dans le quartier populaire de Doukkala, proche du foisonnement des souks et de l'épice, le Riad Moucharabieh immerge d'une ruelle sans issue. Une vieille impasse silencieuse. Ancienne demeure seigneuriale érigée fin 1930, entièrement restaurée en 1997, elle dispose d'une suite et de quatre chambres climatisées, toutes avec cheminées et salle de bains douches luxueusement aménagées dans le style marocain des années 1950. Les lieux exhalent l'authenticité, le charme et le raffinement. Tout fait penser à un palais des Mille et Une Nuits. La réception, les salons et la salle à manger s'agencent autour d'un patio agrémenté d'un jacuzzi, de colonnes, de portes traditionnelles, zelliges (vieux carrelages) et autres arabesques. Un chef-d'œuvre architectural qui donne à cette maison de maître une sobriété et une ambiance d'exception. L'illustre peintre Delacroix plane dans l'atmosphère tel un fantôme provoquant des frissons dans le corps des visiteurs. Une sensation indicible nous habite et nous fait remonter le temps. Difficile de ne pas tomber dans la méditation, de s'extirper de soi-même et vivre sans âme ni esprit. Le néant d'où renaît un être nouveau après un séjour d'extraterrestre…