Pour donner une verve resplendissante à son œuvre, le chanteur kabyle, Hacène, revient avec un nouvel album qu'il a confectionné comme une toile d'araignée, comme pour rester toujours fidèle à sa ligne. Il s'agit, en fait, d'un opus qui consiste en une suite logique, en parfaite concordance avec les autres chansons de son répertoire. «Dans mon album, je raconte une partie d'une histoire qui a commencé à mes débuts dans la production artistique», nous dit l'artiste, qui a choisi une poésie aux formes variées donnant une belle expressivité à des textes raffinés. Hacène a ainsi opté pour une forme poétique prédominante pour donner, certainement, un rythme sentimental à son produit. «Celui qui écoute mon nouvel album est renvoyé systématiquement à revenir à mes anciennes chansons», nous confie-t-il. Avec huit titres, l'artiste a chanté des sujets divers. Dans Thuderth Unazour (La vie de l'artiste), Hacène essaye de rendre un hommage émouvant à ces artistes qui sombrent dans l'anonymat après avoir tant donné à la culture. Smehgham (Je t'ai pardonné), c'est un autre titre évoquant une réconciliation entre deux amoureux après beaucoup de souffrances. Là aussi, et parlant toujours d'amour, l'artiste est allé plus loin pour exprimer la profondeur d'un sentiment qui devient amer après avoir été doux. Thine Idiyisrun, d'stine Idiyidsane (Celle qui m'a fait pleurer, c'est elle qui m'a fait rire), c'est dans ce texte qu'il décrit, avec des paroles qui font vibrer les tripes, une situation un peu complexe. Il chante avec une voix sentimentale accompagnée des sonorités particulièrement liées à la rime et ses combinaisons de genre. L'artiste met également en valeur des mots et des figures de style, comme le parallélisme ou l'anaphore ainsi que l'opposition, comme l'oxymore, notamment quand il chante Thine Chedhagh Idiyistune, (C'est celle que j'aime qui m'a oublié) où il donne un air lyrique et sensible à son produit. «C'est un enchaînement ‘‘d'épisodes'' dans mes textes, mais je me situe toujours dans le temps en fonction des événements qui se produisent», nous fait-il remarquer. L'artiste a également confectionné une chanson sur la JSK, où il fait l'éloge de ce club kabyle. «La JSK traverse une période difficile et c'est le moment pour être là, la soutenir. Je me sens interpellé par ce qui se passe dans notre club, symbole de toute une région. C'est pour cela que j'ai fait cette chanson», explique Hacène Ahrès qui prévoit, par ailleurs, une tournée nationale. «Mon rêve aussi est d'animer des spectacles dans chaque daïra de la Kabylie, mais malheureusement, notre région souffre du manque d'infrastructures pouvant abriter des galas artistiques», ajoute-t-il. L'artiste évoque aussi la censure de ces chansons par les médias publics en Algérie. «Je suis censuré à la Télévision et à la Radio parce que j'ai osé dire que Matoub Lounès est censuré. D'ailleurs, en 1999, mon spectacle à la salle Atlas, à Alger, a été filmé par une équipe de l'ENTV, mais il n'est jamais passé en raison d'un tee-shirt de Matoub que j'avais accroché devant moi sur scène», déplore-t-il. Sur un autre volet, Hacène estime que la chanson kabyle a été vidée de sa propre sève. «La chanson à texte est censurée, marginalisée et délaissée. Par contre, le non-stop est favorisé. C'est impossible de faire un album tous les six mois, sauf si le chanteur dit n'importe quoi dans son produit», regrette-t-il. Enfin, Hacène, avec la sortie de son nouvel opus, a offert à son public un album de qualité avec une poésie recherchée et beaucoup d'harmonie, à une rime sémantique. Il se confie à ses fans qu'il laisse toujours sur un goût d'inachevé, car l'histoire continue…