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Le récit pitoyable d'une haine débordante
Publié dans El Watan le 28 - 03 - 2014

Un roman qui ressemble à un polar ou plutôt à un pamphlet à plusieurs cases, peut-être même à un réquisitoire expéditif. Toute l'histoire n'est qu'un prétexte pour que l'écrivain, établi en France depuis des années, déverse sa rancœur, sa haine et son dégoût sur tout, l'Algérie, les Algériens, les jaloux, les incompétents. C'est permis en littérature, mais pas au point d'étouffer le récit, de donner l'impression de tordre le cou à l'imagination pour monter les escaliers de la vengeance pas à pas en prenant en otage le lecteur. C'est l'histoire d'un crime.
La victime ? Une jeune étudiante retrouvée morte à la forêt de Baïnem, à l'ouest d'Alger. Son nom ? Nedjma, bien évidemment. Clin d'œil à Kateb Yacine ? Possible. Yasmina Khadra ne se casse pas trop la tête. Les méchants sont à leur place, les bons n'existent pas. Ed Dayem est un patron de presse, riche et manipulateur. «Ed Dayem n'est pas n'importe qui. Lorsqu'il porte la main à sa poche, on entend remuer sénateurs, députés, magistrats, maires et un tas de notables comme de la petite monnaie (…) Il a passé sa vie à briser carrières et foyers, à torpiller alliances et projets», écrit le romancier.
Ed Dayem, surnommé «Ed», utilise ses journaux et ses médias web pour fructifier ses affaires. Il n'est en fait qu'un instrument aux mains de Haj Hamerlaine, un des «rboba» (maîtres) de l'Algérie. Les rboba ? «Les rboba sont un huis clos, un dédale périlleux pour les non-initiés. Ed les connaît tous, connaît leurs parcours pavés d'ossements humains, de pièges mortels et de trésors cachés, leurs modes opératoires…», explique le narrateur.
Plagié
Il cite un syndicaliste emprisonné, bien inspiré, qui a écrit sur le mur de la cellule : «Les rboba ne crèveront jamais, seront toujours là, trônant sur les cendres d'un monde disparu.» Et comme le veut l'évidence évidente, Ed Dayem est à «la périphérie» de cet univers glauque, il reçoit des ordres de Haj Hamerlaine qui «naturellement» réside à Hydra sur les hauteurs d'Alger. Hamerlaine, qui n'a jamais mis les pieds à l'école, doit sa fortune à Emma, une tenancière d'une maison close. Il n'y était qu'un factotum maltraité par la patronne ! Et qu'a donc fait Hamerlaine pour «entrer» dans l'histoire nationale de l'Algérie ? «Quand le FLN a jeté l'anathème sur les vices et s'est mis à traquer les maquereaux et les soûlards, je suis monté dans la chambre d'Emma et je l'ai saignée comme une truie avec mon canif rouillé», raconte le ton héroïque Hamerlaine.
De la fiction, voyons ! Yasmina Khadra prend soin du personnage, Nora, une commissaire au caractère fort, qui mène l'enquête sur le meurtre de Nedjma et méprise les hommes. Ed Dayem n'aime pas les intellectuels, l'auteur non plus ! Il suffit que Ed Dayem reçoive un éditeur, Jha, et un jeune auteur, Baasous Llaz, un curieux nom, pour que la douche soit lâchée. «Ah !… le terrible pourfendeur de notre plus célèbre écrivain», lance Ed Dayem à l'adresse de Jha. Ed Dayem évoque -bien entendu- Jonathan Klein. Cet enseignant de littérature à l'université de Bakesrfield aux Etats-Unis aurait accusé Yasmina Khadra d'avoir plagié L'As, le roman de Tahar Ouettar dans son livre Le privilège du Phénix. Jonathan Klein a été cité par Karim Sarroub, écrivain et journaliste, dans un blog. Le même Karim Sarroub a accusé Yasmina Khadra d'avoir plagié Les amants de Padovani, le roman de Youcef Dris, dans Ce que le jour doit à la nuit.
Journaleux
La réponse de l'auteur est foudroyante dans Qu'attendent les singes, à travers la voix de Edayem : «Vous vous êtes taillé un costume trop grand pour vous, monsieur Llaz. Jonathan Klein n'est pas un Américain, mais un Algérien bien de chez nous, un intello kahl arras comme seule notre chère patrie est capable d'en crotter, un putain de sa race de bicot malade de jalousie qui pense lever un tsunami en jetant un pavé dans la mare.» Il va sans dire que «le célèbre écrivain», évoqué par le patron de presse coléreux, n'est autre que… Yasmina Khadra, lui-même. Nombrilisme ? Pire. Curieusement, Ed Dayem, qui n'est pas un exemple de rectitude et de bonne conduite, s'attaque à Jha et lui fait la morale. Jha est accusé de chapeauter «un vaste réseau de scribouillards obscurs, de journaleux déprimés et de détracteurs assermentés».
Le lecteur, qui n'est pas au courant de cette histoire de plagiat, s'égare complètement. D'où la désagréable impression que tout le roman a été «tissé» avec l'idée dramatiquement simple de prendre une revanche, d'en placer une, d'avoir le dernier mot. Ed Dayem pose la question : «Et vous, quel est donc votre objectif majeur en diffamant notre grand écrivain ?» Avez-vous une réponse ? Des répliques de bandes dessinées, des intrigues de mauvaises séries policières, des images de films commerciaux de troisième zone, un discours moralisateur gras, des mots qui volent comme des oiseaux de nuit, Yasmina Khadra s'est perdu dans les décors de son propre roman et a confondu tragiquement esthétique littéraire et «écrits» de boulevards.
Amertume
Qu'attendent les singes n'a pas la fraîcheur et la tonalité des premiers polars de Yasmina Khadra comme Morituri. Yasmina Khadra, qui a échoué à collecter 60 000 signatures d'Algériens pour se porter candidat à la présidentielle d'avril 2014, malgré les nombreuses traductions de ses livres dans le monde, cultive une étonnante haine de soi, se noie dans un lac d'amertume, s'abîme sur la dalle de l'arrogance. Un passage sec de son dernier roman suffit à illustrer cette attitude psychologique : «C'est vrai qu'au pays on ne sait plus s'habiller, mais ces dernières années, les gens exagèrent. On traîne des sandales à longueur de journée, on porte le kamis du vendredi au vendredi et on se rend aux enterrements en jogging.» Difficile de croire que Yasmina Khadra est un «bon» conseiller en habillement ! La littérature de mode serait peut-être une voie salutaire pour lui, qui sait ? Il suffit de connaître les tissus…


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