Paris De notre correspondante Saïd Naïli et Mekacher Boualem Seif Eddine, respectivement directeurs de campagne en France des candidats Ali Benflis et Ali Fawzi Rebaïne (Ahd 54), ne sont pas pour autant surpris par cette affluence si basse. Avant de faire référence aux raisons qui leur semblent multiples, ils observent que la participation en France n'a jamais été très élevée, hormis en 1995 en faveur de l'ancien président Zéroual. Outre les moyens logistiques inégaux des candidats, les deux responsables relèvent que les ressortissants algériens de France ne sont sollicités que lorsqu'il y a une échéance électorale, ce qui ne les incite pas vraiment à aller voter. Soit qu'«on ne se souvient de leur existence que pour solliciter leurs voix alors qu'ils ont besoin d'interlocuteurs de proximité pour leurs problèmes quotidiens», souligne Saïd Naïli. «On n'a pas vu les députés FLN pendant deux ans et voilà qu'à la faveur de la présidentielle, ils réapparaissent pour demander les voix de ceux qu'ils sont censés les représenter et porter leurs doléances auprès des instances nationales», enchaîne Mekacher Boualem. Saïd Naïli estime également que la désaffection des électeurs serait aussi imputable au fait que la majorité d'entre eux ne croient pas en la régularité du vote. Par ailleurs, «la réglementation électorale nationale est conçue pour un scrutin d'une journée et s'avère inadaptée pour un vote qui dure six jours. Pour que les observateurs puissent jouer leur rôle à l'aise, il serait judicieux de limiter le scrutin à l'étranger à deux ou trois jours», souligne Saïd Naïli. Concernant le respect de la loi, la régularité et la transparence du vote, le représentant de Ali Benflis note que «du fait que 80% des consulats n'ont pas accepté nos propositions, on ne peut pas dire qu'il y a transparence, nous n'avons jusqu'ici pas relevé de fraude, par contre des dépassements ont été signalés ici et là par nos observateurs». «Nous n'avons pas le contrôle de la nuit» Et de signaler un cas à Trappes, où une urne a été déplacée sans scellés ; la Commission de surveillance de l'élection a été saisie de ce cas. Autre exemple : dans la circonscription de Grenoble, les présidents de bureau de vote refusent de donner aux représentants de Ali Benflis le décompte journalier des votants. A Strasbourg, les six jours réglementaires n'ont pas été respectés, au bout de trois jours, le vote a été arrêté, relève Saïd Naïli. Et d'affirmer qu'à Lille, «le consul général a décidé que les urnes ne seraient pas comptabilisées dans les bureaux de vote mais au siège du consulat, nos observateurs sont bénévoles et n'ont pas les moyens de suivre les urnes là où l'administration a décidé de les déplacer, nous avons demandé que les urnes soient comptabilisées dans les bureaux de vote, sans résultat». D'autres dépassements ont été relevés. La représentation de Ali Benflis a proposé que les urnes soient scellées par les représentants des candidats et que le comptage des votants soit effectué chaque jour. «Mettre nos propres scellés sur les urnes et comptabiliser les signatures et les empreintes des électeurs nous aurait permis de comptabiliser le nombre de votants au jour le jour», précise Saïd Naïli. «Malgré nos difficultés et nos moyens limités, nous avons réussi à avoir des observateurs dans 90% des bureaux de vote», signale Saïd Naïli, «mais nous n'avons pas le contrôle de la nuit», ajoute-t-il. «Nous attendons sereinement le dépouillement» «Nous attendons sereinement le dépouillement, nous sommes optimistes malgré la faible participation qui, de notre point de vue n'atteindra pas 25%», souligne Mohamed Goudjil, membre du staff de Ali Benflis en France. Lui aussi a relevé que les consuls ont été instruits de ne pas communiquer les résultats de la participation au quotidien : «Nous nous fondons sur notre propre comptabilité.» Et de noter qu'une tendance en faveur de Benflis se dessine. Qu'est ce qui lui fait dire cela ? «L'examen du contenu des poubelles après le passage des électeurs et les discussions avec les gens.» «Nous donnerons les résultats en temps et en heure dès que nos observateurs présents dans les bureaux de vote nous les communiqueront.» Et de conclure qu'avec cette présidentielle, «une dynamique a été enclenchée» et qu'«elle se poursuivra pacifiquement après le 17 avril».