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«La distribution reste un problème majeur en Algérie»
Publié dans El Watan le 28 - 11 - 2015

– Vous avez lancé, en 2012, votre propre maison d'édition «El Ibriz» après plus de dix années de métier. Pourquoi cette décision de vous lancer seule ?
En fait, le livre, la lecture, l'écriture… sont un univers qui a toujours fait partie de moi. Après une licence de français, un passage par le monde de la presse et du journalisme, l'édition s'est imposée à moi comme une évidence. J'ai donc travaillé plus de dix ans entre le public et le privé, avant de me décider à voler de mes propres ailes en créant ma maison d'édition.
Je me retrouve avec un catalogue de 25 titres, des auteurs qui reconnaissent mon travail, des lecteurs qui m'encouragent, un conte – Le puits mystérieux d'Imène Mébarki – qui a reçu le Prix Saint-Exupéry Valeurs Jeunesse 2015 pour la francophonie ; un ouvrage Femme ici et ailleurs qui est adapté au théâtre et en tournée en France et une autosatisfaction qui me réconforte un peu et adoucit l'amertume de tout ce qui ne va pas bien autour…
– L'édition en Algérie rencontre de nombreux problèmes, notamment dans la distribution…
Il est vrai que la distribution est notre plus gros souci. Nous n'avons pas de véritable réseau de distribution efficace et professionnel. On devrait, nous autres éditeurs, nous pencher sérieusement et ensemble sur la question. Il est vrai qu'on en parle tous, qu'on le déplore tous, mais on ne fait rien pour améliorer cette dramatique situation qui nous mène souvent à laisser tomber la profession, car on n'édite pas des livres pour les voir empilés chez nous sans bouger ou entassés dans un «dépotoir» morbide qui servirait de «point de chute» final duquel il ne bougera pas faute de visiteurs…
La distribution pour moi consiste à avoir des véhicules qui sillonnent tout le territoire national et déposent tous les livres dans toutes les librairies, bien sûr à condition qu'il y ait des librairies partout ! Certes, ceux qui ont les moyens ont réglé ce problème en ayant leur propre imprimerie, leur système de distribution, leurs librairies… mais, malheureusement, et très souvent quand on les sollicite, ils ont toujours une priorité, «légitime en soi», qui est de s'occuper de «leurs livres à eux», et donc notre production reste à la traîne.
Très souvent, hélas, ces «éditeurs-distributeurs» servent de relais entre les institutions qui achètent leurs livres et nous autres éditeurs nos livres ne figurent même pas sur leur liste proposée à l'achat. Il faut croire que l'esprit de solidarité est loin d'être notre fort et on se regarde entre nous plutôt comme «concurrents» et non comme acteurs «complémentaires», et cela est bien dommage…
– Le lectorat en Algérie est toujours aussi faible malgré les efforts des autorités compétentes, à l'image du ministère de la culture. Que faut-il faire pour susciter un regain d'intérêt ?
Le lectorat est faible tout simplement parce qu'on ne fait rien pour faire aimer la lecture au citoyen, et cela doit commencer à l'école.
Vous me citez le ministère de la Culture ; moi, j'aurais souhaité que les décideurs aident les éditeurs autrement au lieu d'acheter des milliers de titres qui se retrouvent, pour la plupart, entassés tels que reçus dans des hangars, ou envoyés dans des bibliothèques fraîchement décorées et qui n'accueillent aucun visiteurs-lecteur !
L'aide devrait être tout autre : aider l'éditeur à augmenter son tirage et à distribuer ses livres partout en Algérie et ailleurs en créant des librairies dans chaque coin du pays et en ouvrant l'exportation vers d'autres pays, car le livre est et devrait être un produit culturel efficace et rentable pour le pays ; le livre devrait aussi rentrer à l'école et être à la portée de tous nos enfants partout, et ce, quelle que soit leur condition sociale – bien sûr, le choix du livre est capital.
D'ailleurs, en partenariat avec le ministère de l'Education, il y a eu cette initiative chapeautée par l'ONPS qui consistait en l'achat de milliers de titres pour les écoles. L'idée en elle-même était louable, mais le manque de professionnalisme et les dérives de tout ordre ont fait des ravages à une opération qui n'a en rien aidé nos enfants.
– Pensez-vous que le lecteur algérien s'intéresse plus aux auteurs étrangers que nationaux ?
Oui, je pense que nos auteurs sont moins lus car tout simplement moins connus. On ne fait rien pour faire connaître nos écrivains et auteurs. On n'a rien contre le fait de lire des auteurs étrangers, au contraire, il faut multiplier et diversifier ses lectures, mais la littérature algérienne doit en faire partie. La promotion et la publicité y sont pour beaucoup. On voit bien que certains auteurs, pas forcément les meilleurs d'ailleurs, sont lus et connus parce qu'ils ont été beaucoup médiatisés par la presse et autres réseaux…
Les prix littéraires ont aussi leur influence. Organiser des rencontres-débats, des vente-dédicaces, des tournées dans les écoles, les maisons de jeunes, les colonies de vacances… tout est à exploiter pour faire connaître nos auteurs et les faire apprécier du lectorat algérien, loin de ce complexe de l'étranger qui fait que tout ce qui vient d'ailleurs est meilleur, ce qui est faux ! Nos libraires aussi doivent y contribuer en mettant en avant la production nationale.
– Que pensez-vous de la coédition et de la traduction ?
Je n'en pense que du bien. D'ailleurs, j'étais moi-même amenée à dire à mes collègues éditeurs locaux que nous devrions fédérer nos efforts et penser à coéditer des ouvrages entre nous pour partager les coûts, car il n'est pas du tout évident de tout faire, même si la volonté existe.
Pour ce qui est de la coédition avec les éditeurs étrangers, il est clair que c'est une bonne chose qui pourra mettre les livres à la portée du lecteur algérien à un coût raisonnable par rapport au livre importé qui reste inaccessible, pour peu, bien sûr, que l'exigence de l'éditeur étranger soit à notre portée et que ces projets de coédition soient «visibles» pour tous et non restreints à certaines maisons au détriment d'autres, car il faut aider d'autres maisons à émerger et penser à l'objectif commun à tous qui est le livre et la lecture et non juste le profit personnel.
De même, pour la traduction nous devons aussi encourager la lecture dans diverses langues et pour cela penser à traduire des œuvres ; certes, les bons traducteurs se font rares, et s'ils existent le coût de la traduction est élevé et les aides qui sont censées être destinées aux maisons qui en ont besoin vont toujours vers celles qui – Dieu merci – ont «bien travaillé» et n'en ont plus besoin et peuvent de temps en temps laisser les autres souffler un peu…


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