– Quelle est la situation de l'Algérie par rapport au recyclage, à la gestion et le traitement des déchets ? L'Algérie, depuis 2001, s'est fixé comme objectif de mettre à niveau la gestion des déchets en première phase et de faire, en deuxième phase, du déchet une source de matière première pour les processus de transformation en substitution à la matière première vierge importée en grande majorité. C'est à travers cette approche que le ministère en charge de l'Environnement a mis en œuvre deux programmes opérationnels, l'un dédié aux déchets ménagers et l'autre aux déchets spéciaux. La gestion des déchets suppose la mise en œuvre de toute une chaîne où sont mis en symbiose le tri, la collecte, la valorisation et le traitement final. Pour ce faire, la collecte est de plus en plus déléguée à des établissements autonomes. Le traitement est aussi exécuté par des établissements autonomes dans le cadre des centres d'enfouissement technique (CET). Le but recherché est de donner plus de professionnalisme. En terme de tri à la source, une prise de conscience s'installe et des projets sont menés un peu partout. Les activités de recyclage sont bien présentes. Pour preuve, il est recensé un peu plus de 2900 entreprises de différentes tailles activant dans le domaine. La gestion des déchets est une source de richesse intarissable pour autant que les «matériaux» soient interceptés avant leur aboutissement au niveau des centres d'enfouissement technique. C'est dans cette logique que le ministère de l'Environnement a réalisé un certain nombre de centres de tri. C'est grâce à cette politique qu'on s'intéresse de nos jours à la gestion des déchets. Pour preuve, les Salons thématiques qui sont organisés annuellement. Je citerai le Salon Revade qui est à sa deuxième édition et qui se tiendra du 9 au 11 octobre cette année. – L'Algérie dispose-t-elle des capacités humaines et matérielles pour une meilleure exploitation des déchets ? Comme indiqué plus haut, le ministère de l'Environnement a beaucoup investi en terme de réalisations et d'équipement des CET, ainsi que dans la ressource humaine. Des programmes de formation continuent à être élaborés et des centres spécialisés sont nés depuis la mise en œuvre de la stratégie nationale, dont le Centre national de formation à l'environnement. Et pour accompagner toute cette dynamique, le ministère de tutelle a créé l'Agence nationale des déchets. L'objectif étant d'accompagner la mise en œuvre de la politique nationale à travers une institution exécutive. En matière de réglementation, beaucoup de textes d'application sont venus après la promulgation de la loi 01-19 du 12 décembre 2001 relative à la gestion, au contrôle et à l'élimination des déchets. On peut citer le décret relatif 07-205 relatif à l'élaboration des schémas directeurs, outil de planification et de gestion des déchets sur le territoire de la commune. C'est cet outil qui va nous permettre de mettre à niveau la gestion des déchets et l'introduction progressive de la collecte sélective. – Quel est votre programme pour valoriser la gestion des déchets et le recyclage en Algérie et sensibiliser les autres à ce sujet ? Comment activez-vous dans ce sens ? Notre approche s'articule sur un travail de proximité à travers la communication d'un certain nombre d'indicateurs à même d'inciter les communes à mettre en œuvre le tri sélectif pour mobiliser les flux de déchets recyclables nécessaires pour les investisseurs. A titre indicatif, la valeur marchande des déchets d'emballages contenus dans les déchets ménagers est évaluée à 38 milliards de dinars. Ces indicateurs sont déclinés par l'AND à travers tous les territoires du pays pour permettre aux collectivités locales d'avoir une réflexion sur la promotion des activités de tri et de recyclage dans les communes. – Une coopération algéro-néerlandaise est née récemment pour suivre l'exemple étranger dans la gestion et le traitement des déchets. Comment l'Algérie va-t-elle bénéficier de cette coopération ? Cette action de coopération entre la Chambre de commerce et d'industrie de la wilaya d'Alger et l'ambassade de Hollande à Alger vise à promouvoir le tri et la valorisation des déchets d'équipement électrique et électronique. On consomme beaucoup de ces équipements en Algérie et par conséquent le volume de ce type de déchet ne cesse d'accroître. Cette catégorie relève des déchets dangereux et une prise en charge réglementée est obligatoire. Cette coopération vise, en fait, à aider les promoteurs algériens à acquérir un savoir-faire en la matière. L'enjeu est de taille. Il s'agit de valoriser des matériaux très nobles contenus dans ces déchets et de permettre à l'Algérie de se prémunir par rapport aux aléas de la Bourse mondiale des métaux précieux. – Que peuvent générer une meilleure prise en charge des déchets et l'investissement dans ce secteur ? Un meilleur cadre de vie, la préservation du milieu naturel, la création de richesse et d'emplois durables. – Que faudrait-il faire concrètement pour que la gestion des déchets soit une filière économique génératrice de richesse ? La gestion des déchets est déjà une filière économique bien présente en Algérie. Néanmoins, la conjoncture actuelle nous pousse à imaginer un nouveau modèle axé sur la promotion du partenariat public/privé afin d'introduire des technologies innovantes. C'est dans cet esprit que notre ministère de tutelle nous incite à promouvoir cette nouvelle vision et à accompagner toute idée innovatrice.