A l'ordre du jour, l'étanchéité et les ascenseurs. Il y a urgence, s'exprime Karim, un quadragénaire et cadre dans une entreprise publique habitant la tour 25. «Aujourd'hui, notre plus grand problème, ce sont les infiltrations d'eau qui touchent les habitants des derniers étages.» Et d'ajouter : «Chez moi, on ne peut même plus parler d'infiltrations ! s'exclama-t-il ! Il pleut carrément dans notre chambre et dans celle des enfants.» «Tous les travaux d'embellissement de nos appartements sont réduits à néant», ajoutent Rafik, Kamel et Yacine, qui habitent la tour 23. Un autre habitant de la tour 4 rapporte le même problème. «Nous avons pourtant saisi l'administration, verbalement et par écrit. On nous a promis monts et merveilles…» Omar, médecin et locataire depuis 11 ans déclare : «C'est inadmissible ! Une grande partie des 26 tours souffre de problèmes d'étanchéité. Seuls quelques nantis ont pu bénéficier des travaux de rénovation de leurs terrasses.» Noureddine, ingénieur hydraulicien et spécialiste en maintenance déclare : «La maintenance est une science. On ne s'improvise pas maintenancier du jour au lendemain. Celle-ci doit, pour être efficace, prendre en charge moult paramètres : primo, avoir des informations -les plus précises possibles- sur l'état des finances dont on dispose pour mener à bien son plan de mise à niveau. Deuxio, établir des priorités, tertio, prévoir les pannes et veiller à faire de la maintenance préventive régulièrement sur les équipements opérationnels et spécialement sur les pièces d'usure, et enfin intervenir lors des opérations de maintenance curative. En fait, c'est ce que l'administration de l'AADL n'arrive pas à faire !» «Qu'en est-il de l'opération coup- de-poing initiée il y a plus d'une année et qui devait faire un état des lieux de tous les sites AADL (étanchéité, ascenseurs, caves, électricité, environnement…) et censée apporter des solutions définitives ?», déclare Farouk, un juriste. Et d'ajouter : «C'est comme d'habitude, un coup d'épée dans l'eau, nous continuons à souffrir le martyre tout en nous acquittant régulièrement de nos loyers et cotisations.» «Pour le seul site des Bananiers, ce sont plus de 50 milliards de centimes de charges qui ont été payés par les locataires depuis 11 ans», déclare Samir en tapotant sur sa calculatrice ! Et d'ajouter : «Voilà les chiffres. Les charges sont normalement destinées à régler ce genre de problèmes.» Cette semaine, le seul ascenseur opérationnel de la tour 23 a fait une -petite- chute libre avant de s'arrêter comme par miracle ! Heureusement qu'il y a eu plus de peur que de mal et qu'il n'y avait personne à l'intérieur. Pour l'heure, les personnes âgées et celles à mobilité réduite sont privées de sortie. Ainsi, la petite et pétillante Mimi, 9 ans, «n'ira pas à l'école tant que l'ascenseur ne fonctionne pas, faute de pouvoir descendre et monter les escaliers avec son fauteuil roulant», déclare son papa ! Quant à El Hadj Belkacem, septuagénaire et dépendant d'un traitement lourd, «il devra payer et prier pour trouver un infirmier bienveillant qui acceptera de braver les interminables marches qui mènent à son domicile pour le soulager !», apostrophe Hocine, son voisin. Ces exemples frappants illustrent parfaitement comment les «petits» problèmes techniques tout à fait banals ont une incidence directe et profonde sur la vie du citoyen lambda ! En pleine période électorale, où les autorités sont censées être plus à l'écoute du citoyen que d'habitude, les habitants, plus décidés que jamais, ont résolu de prendre le taureau par les cornes et d'entreprendre une dernière fois une démarche administrative, voire le cas échéant, faire in sit-in si nécessaire.