Les étudiants poursuivent la protestation. Hier, plusieurs centaines d'étudiants de l'université de Bab Ezzouar (USTHB) ont organisé une marche dans leur campus pour exiger le départ du régime. Si la semaine dernière, les mêmes étudiants avaient surpris les policiers antiémeute en se rassemblant à Alger-Centre, une décision a été prise par le collectif de marcher à l'intérieur de l'université. Formant une procession qui a parcouru les allées de la grande université, les étudiants, qui ont voté le maintien de leur mouvement de grève, ont scandé des slogans contre l'actuel chef de l'Etat par intérim, Abdelkader Bensalah, ainsi que le chef d'état-major, vice-ministre de la Défense nationale, Ahmed Gaïd Salah. Les protestataires ont également réitéré leur refus de l'organisation de la prochaine élection présidentielle. Des banderoles ont été déployées en tête de la procession pour rappeler la nécessité de persévérer dans la contestation et ne pas baisser les bras avant la satisfaction des revendications du hirak : «Celui qui fait une demi-révolution est comme celui qui creuse sa tombe de ses mains», «Ne pas finir notre révolution est plus dangereux que de ne l'avoir jamais commencée». Une étudiante porte à bout de bras une affichette démontrant l'implication de l'université dans le mouvement populaire : «1962, el houria bi dima, 2019, el houria bidimagh» (1962, la liberté avec le sang, 2019, la liberté avec le cerveau). Les étudiants des différents départements de l'USTHB s'étaient aussi regroupés devant le portail de leur université. Des slogans sont là aussi déployés : «Students arte the heart of very revolution» (Les étudiants sont au cœur de la révolution). «Les recteurs corrompus doivent dégager» Une banderole déployée par les grévistes rappelle les dangers de la «justice sélective» des maîtres du moment et insistent sur l'obligation d'aller vers une «transition juste». Le mouvement de protestation estudiantin dure depuis plusieurs semaines. Si une partie des étudiants a décidé de poursuivre la grève, à travers les campus du pays, d'autres ont repris les cours mais maintiennent leur participation aux marches du mardi à travers les chefs-lieux des wilayas. Les organisations estudiantines traditionnelles, affiliées aux partis au pouvoir ou l'opposition islamiste, ont perdu du terrain. Le Conseil national des enseignants du supérieur (CNES) a décidé de suivre de loin la contestation, ne se mêlant pas de l'organisation de la grève. «Le CNES ne se mêle pas des décisions prises par les étudiants, nous sommes prêts à rattraper le retard quand les étudiants décideront de reprendre les cours. A Béjaïa par exemple, les étudiants ont décidé uniquement de ne pas aller en cours», signale le coordinateur du CNES, Abdelmadjid Azzi. A l'issue de la session ordinaire du Conseil, tenue début mai, les participants ont réaffirmé leur soutien au mouvement populaire et évoqué les modalités de soutien aux étudiants en grève. Dans le communiqué rendu public à l'issue de la session, les participants précisent que le mouvement populaire est «le seul recours de la société pour se libérer d'un régime totalitaire qui n'a que trop duré et qui a généré des bandes et des sectes». Cible première du CNES : les recteurs d'université, qui ont «propagé la corruption, l'exclusion, la hogra et la dilapidation des deniers publics». Et dont il est primordial qu'ils soient «dégagés», poursuit le document.