La radio locale a rendu hommage au chanteur Idir décédé samedi 2 mai à Paris, avec une série d'émissions, de programmes musicaux et de rediffusions dont l'entretien accordé par le défunt artiste à Arezki Azouz en 2015. L'antenne a été ouverte à de nombreux artistes ayant connu ou travaillé avec la légende de la chanson algérienne pour témoigner par téléphone de la grandeur de l'interprète du célèbre tube planétaire A Vava Inouva. Pour Ali Amrane qui a chanté Sfina en duo avec Idir dans l'album Akki Damur sorti en 2014, la disparition de Hamid Cheriet est une très grande perte pour la scène artistique. «Idir était un ciseleur de mots, aimé de tous, connu et reconnu pour son professionnalisme dans l'art de la chanson et son militantisme pour tamazight et la démocratie en Algérie. Il a laissé à la postérité des textes universels qui méritent d'être étudiés à l'université», a estimé depuis Helsinki (Finlande) où il réside l'icône du pop-rock kabyle. Profondément émue au point de fondre en larmes, la grande dame de la chanson kabyle Malika Domrane a eu du mal à s'exprimer en direct. «Idir était le digne ambassadeur de la chanson kabyle à l'étranger. Il va nous manquer. Qu'il repose en paix», dira-t-elle, la gorge nouée. Karim Abranis a souligné que «Idir est un symbole qui a révélé beaucoup de talents, un amusnaw (érudit, ndlr) et un bel exemple pour les jeunes chanteurs». Plus qu'un chanteur Idir, ajoute Karim Abranis «était un grand militant de la liberté, de la démocratie et des causes justes. C'était un amazigh à part entière qui a participé à faire connaître la culture algérienne en général et kabyle en particulier. Il avait encore des projets, j'aurai aimé qu'il vive plus longtemps afin qu'il puisse les réaliser». Réagissant à la triste nouvelle, Chérif Hamani a indiqué que Idir était une personne intègre, très attaché à son pays et à sa Kabylie : «Il était l'un des piliers de la chanson kabyle. Il a beaucoup aidé les jeunes artistes qu'il assistait même dans l'enregistrement musical de leur produit. Il était doté d'une voix extraordinaire. Ses mélodies ne sont plus à présenter. Idir faisait du traditionnel habillé superbement en moderne». La chanteuse algérienne Samira Brahmia a évoqué, lors de son intervention, sa première rencontre avec Idir sur un plateau de télévision en Tunisie. «Il m'encourageait à aller de l'avant et aidait tous les musiciens qui le sollicitaient». La chanteuse a posté, par ailleurs, un message sur sa page Facebook dans lequel elle rend hommage à son idole. «Idir, tu vas me manquer, paix et respect», a-t-elle écrit. Et d'ajouter dans un deuxième post : «Que dire dans de pareilles circonstances. Je suis triste d'avoir perdu un mentor car à chaque fois que je croisais Idir, il me donnait une leçon d'humilité, de professionnalisme, de tolérance. Il a toujours été protecteur avec moi et cela restera dans ma mémoire. Merci à Idir pour tout ce qu'il a donné à l'Algérie et au monde. Merci à Idir d'avoir défendu avec panache et en même temps sérénité la culture berbère et de lui avoir apporté cette touche d'universalité. Je pense aujourd'hui à sa famille et à son équipe.» Le chanteur Zayen, qui a composé une chanson en hommage à Idir avant sa mort, nous a déclaré : «Idir est l'un de nos repères, notre référence. fidèle à son humilité sans égale malgré la grandeur d'un homme et d'artiste qu'il était, Idir disait toujours qu'il est venu dans le monde de la musique par hasard et c'est Vava inouva qui l'a ramené à la chanson, je dirais comme la plupart de ceux qui ont emprunté le chemin de la chanson que c'est Idir qui nous a ramené à la musique, il a bercé notre enfance, nous lui devons l'amour pour la mélodie ancrée en nous, cette envie de chercher la perfection et l' attachement à l'universalité tout en gardant le lien fort avec son identité.»