Le Président Tebboune souligne la nécessité de renforcer le système national de santé    Des colons organisent une fête provocatrice à Jabal al-Mukaber, au sud-est d'Al Qods    Le CODESA dénonce 50 ans de crimes et violations graves commis par l'occupant marocain    DJ Snake devient ambassadeur de la marque Ooredoo Algérie    Bilan de la situation 2023/2024 et les perspectives de l'économie algérienne à l'horizon 2030    LFI bataille ferme pour accélérer le réarmement de la France impérialiste    Derbal insiste sur la nécessité de numériser la gestion des infrastructures hydrauliques    Championnats d'Afrique sur route : Nesrine Houili sacrée au CLM (U23)    Les Canaris face au défi égyptien    Belmehdi supervise l'inauguration de nouvelles infrastructures religieuses    Clôture de la 1ère édition    Du 24 au 27 novembre à Khenchela La maison de la culture «Ali-Souaïhi» de Khenchela abritera, du 24 au 27 novembre    Hadj M'hamed El Anka, bâtisseur du chaâbi et mémoire vivante de La Casbah    Importants progrès dans le processus de numérisation    Huit éléments de soutien aux groupes terroristes arrêtés    L'Education, la Recherche scientifique et l'Environnement au menu…    Mouvement partiel dans le corps des cadres locaux    «Le projet de la stratégie nationale de développement de la communication institutionnelle bientôt soumis au Gouvernement»    Programme TV du 4 novembre 2025 : Coupes et Championnats – Heures et chaînes    Programme TV du samedi 25 octobre 2025 : Ligue 1, Bundesliga, CAF et championnats étrangers – Heures et chaînes    Programme TV du 24 octobre 2025 : Ligue 2, Ligue 1, Serie A, Pro League – Heures et chaînes    Festival international du Malouf: fusion musicale syrienne et russe à la 4e soirée    Adhésion de l'Algérie à l'AIPA en tant que membre observateur unique: le Parlement arabe félicite l'APN    Industrie pharmaceutique : nécessité de redoubler d'efforts pour intégrer l'innovation et la numérisation dans les systèmes de santé nationaux    Conseil de sécurité : début de la réunion de haut niveau sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Examen de validation de niveau pour les diplômés des écoles coraniques et des Zaouïas mercredi et jeudi    APN : la Commission de la santé à l'écoute des préoccupations des associations et parents des "Enfants de la lune"    Réunion de haut niveau du Conseil de sécurité sur la question palestinienne et la situation au Moyen-Orient    Boudjemaa reçoit le SG de la HCCH et le président de l'UIHJ    Athlétisme / Mondial 2025 : "Je suis heureux de ma médaille d'argent et mon objectif demeure l'or aux JO 2028"    Ligne minière Est : Djellaoui souligne l'importance de la coordination entre les entreprises de réalisation    Mme Bendouda appelle les conteurs à contribuer à la transmission du patrimoine oral algérien aux générations montantes    CREA : clôture de l'initiative de distribution de fournitures scolaires aux familles nécessiteuses    Poursuite du suivi et de l'évaluation des programmes d'investissement public dans le secteur de la Jeunesse    Agression sioniste contre Ghaza : le bilan s'alourdit à 65.382 martyrs et 166.985 blessés    La ministre de la Culture préside deux réunions consacrées à l'examen de l'état du cinéma algérien    Le Général d'Armée Chanegriha reçoit le Directeur du Service fédéral pour la coopération militaire et technique de la Fédération de Russie    Foot/ Coupe arabe Fifa 2025 (préparation) : Algérie- Palestine en amical les 9 et 13 octobre à Annaba    L'Algérie et la Somalie demandent la tenue d'une réunion d'urgence du Conseil de sécurité    30 martyrs dans une série de frappes à Shuja'iyya    Lancement imminent d'une plate-forme antifraude    Les grandes ambitions de Sonelgaz    La force et la détermination de l'armée    Tebboune présente ses condoléances    Lutte acharnée contre les narcotrafiquants    La Coquette se refait une beauté    Cheikh Aheddad ou l'insurrection jusqu'à la mort    Un historique qui avait l'Algérie au cœur    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Sana El Mansouri, première journaliste amazighophone en Libye
Publié dans El Watan le 22 - 06 - 2020

Artiste, militante de la cause amazighe, engagée pour les droits de la femme et des peuples autochtones, Sana Elmansouri est membre fondateur du parti politique libyen Libou, qu'elle quittera par la suite.
Le paysage politique libyen, Sana a appris à le connaître et à l'apprivoiser à la fois grâce à sa fonction de journaliste, mais également au travers de ses engagements militants. C'est dans l'histoire amazighe de l'Afrique du Nord qu'elle puise ses modèles de femmes fortes. Dihya, Tin-Hinan, Fadma N'sumer et bien d'autres.
C'est à elles que Sana se réfère pour rappeler la place centrale n'tmutut dans la société amazighe. Ni les campagnes de diffamation, encore moins les intimidations et les menaces de mort n'auront raison de sa détermination. «Je suis une Libyenne amazighe libre qui s'exprime haut et fort. Je le fais sans crainte ni hésitation. Je ne parle ni au nom d'un parti politique ni d'une tendance islamiste ou autre.» Sanaa a été le cœur battant de l'émission «Abrid N'tagrawla», dès 2011 sur la chaîne Libya Al Ahrar. «C'était une première dans l'histoire des médias libyens.
On parle tamazight à la télévision, encore plus, nous mobilisions un langage politique et de guerre. Nous étions un média de guerre qui donnait des nouvelles du front.» Sana conduira, 5 années durant, interviews et débats avec les noms les plus importants de la scène libyenne. Un moment d'effervescence et d'ouverture, où furent abordés tous les sujets qui étaient interdits sous la Jamahiriya.
C'est sur décision politique que prendra fin la collaboration entre la journaliste et sa chaîne. Aujourd'hui, Sana regrette l'état de déliquescence de la sphère médiatique libyenne. «Il y a une guerre sur le terrain et une autre dans les médias.
L'instrumentalisation est telle que le spectateur libyen est la cible quotidienne de campagnes de propagande, à la fois interne mais surtout par les chaînes satellitaires.
Cet état de fait altère ses lectures du conflit.» De la situation libyenne, elle a une lecture d'une grande lucidité : «La Libye a besoin d'une prise de conscience, pour que soit encouragée l'émergence d'une société civile qui porte le projet d'un Etat civil.» La consolidation de cette société civile et la construction de cet Etat libyen ne peuvent s'envisager sans une citoyenneté pleine et effective pour tous.
L'inscription de la composante amazighe dans la Constitution est une exigence non négociable pour Sana et les siens. La Zouari alerte sur la dégradation de la condition de ses concitoyennes. «La femme libyenne est violentée, dans le privé, au travail, dans le secteur de la santé et dans la société. Des femmes sont kidnappées, tuées car elles s'expriment librement, sans que personne ne bouge ou n'exige des explications. Le monde est spectateur, tout en sachant parfaitement qui sont les commanditaires.»
L'amélioration de la condition de la femme est primordiale pour faire avancer la Libye. Non dans un rôle de figuration, encore moins comme alibi qui justifierait une ouverture sociétale de façade, la question des droits de la femme lui tient d'autant plus à cœur qu'elle a elle-même été victime des pratiques sociales libyennes violentes avant de décider d'y mettre fin et de prendre son destin en main.
Si elle mesure l'importance du concours de la communauté internationale pour la résolution de la crise libyenne, elle sait le relativiser. «De mon expérience personnelle, je n'ai aucune confiance en l'ONU, en la communauté internationale ni en aucune de ses organisations. Je ne parle pas que de la Libye.
En 2018, j'ai visité les camps des réfugiés en Syrie, l'échec de ces organisations est réel. Elles reproduisent le schéma de domination nationaliste arabe contre lequel nous nous sommes soulevés. Toutes ces organisations, à leur tête la Mission d'appui des Nations unies en Libye, sont rentrées dans un système »rentier » avec cette »société civile » de façade, créant des réseaux d'influence qui ne cherchent que leurs propres intérêts, sans ceux de la Libye. L'échec est cuisant pour tous, jusqu'ici aucune stratégie n'a été concluante.» Pour elle, la solution doit être impérativement libyenne. «Il y a un besoin urgent que soit mis sur pied un troisième plan, avec de nouveaux visages.
Il faut que soient favorisés des éléments qui ont une influence réelle sur le terrain. Nous avons besoin d'un axe national qui œuvre à la construction d'un projet national libyen sans exclusion. Nous sommes pris sous un dôme international inefficace. Leurs outils et politiques sont fabriqués par eux et pour eux. Ils sont nos ennemis. Al Sarraj et Haftar sont leurs instruments, dépourvus de visions politiques qui soient dans l'intérêt de la Libye.
Ce dôme n'a rien de libyen, il nous en faut un qui soit national, qui prenne en considération nos intérêts, nos priorités et soit porté par des Libyens», martèle-t-elle.

Assia Bakir
Universitaire à Paris 8. Diplômée en relations euro-méditerranéennes et monde maghrébin


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.