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Leurs origines communes
libéralisme et socialisme
Publié dans El Watan le 24 - 07 - 2005

Jusqu'à la chute du mur de Berlin et à la déroute de l'Union soviétique, deux systèmes économiques et politiques s'affrontaient dans le monde : le libéralisme et le socialisme.
Le libéralisme avance par crises successives avec son lot d'inégalités sociales, dont le chômage d'une grande partie de la population active est la forme la plus criarde. Il se caractérise par la recherche du profit individuel par tous les moyens, les licenciements abusifs alors même que les bénéfices augmentent, les ghettos, comme ceux où sont confinés les Noirs aux Etats-Unis, la misère des marginaux et des laissés-pour-compte de la société. Le socialisme marxiste-léniniste a montré ses limites. La faillite des révolutions agraires, la permanence des pénuries et la violation institutionnalisée des droits de l'homme ont eu raison du système.
Origines historiques
Ces deux systèmes sont directement issus de ce que les économistes appellent la révolution industrielle. Celle-ci dont la naissance remonte au début du XVIIIe siècle est décrite par les historiens occidentaux comme la résultante de trois facteurs primordiaux : 1) l'exode rural provoqué par les expropriations des paysans et l'abolition du servage qui liait l'homme à la terre qu'il travaillait pour le compte du seigneur.
2) Les découvertes scientifiques et techniques, dont la plus marquante sur le plan industriel est l'invention de la machine à vapeur qui permit l'essor du machinisme.
3) Le capital financier accumulé par les marchands au cours de leurs activités commerciales avec l'Afrique, l'Amérique et l'Asie. Ces trois facteurs ont entraîné la constitution d'une main-d'œuvre abondante et à bon marché dans les villes, la création d'un parc de machines nouvelles, c'est-à-dire d'équipements de production modernes et la formation de capitaux financiers. Ils ont ainsi donné naissance au capitalisme industriel qui, profitant de l'existence d'un marché immense, d'abord et surtout pour l'industrie textile, n'a cessé de se développer. Ce que ces historiens omettent de préciser, c'est l'origine de la formation du capital commercial, facteur décisif de la révolution industrielle. L'origine de l'accumulation primitive du capital remonte à la découverte de l'Amérique par Christophe Colomb en 1492. On recherchait la route des Indes et ont trouva l'Amérique, on recherchait les épices et on trouva de l'or. Il s'ensuivit la « ruée vers l'or ». Les Espagnols, les Portugais et les Génois se pressent aux portes du Nouveau Monde pour piller les richesses. Ils y trouvent de l'or en abondance et le rapatrient par navires entiers en Europe. Une certaine rivalité s'installe entre les puissances européennes pour s'emparer des métaux précieux. La destruction de l'invincible Armada espagnole en 1588 met fin au conflit au profit de l'impérialisme anglais, désormais maître des océans. La conséquence du pillage du Nouveau Monde fut le génocide d'une race, les Indiens d'Amérique qui succombèrent en masse devant un ennemi utilisant les armes à feu. Qu'ils soient du nord ou du sud du continent, les Indiens furent pourchassés et exterminés, par les Espagnols et les Portugais d'abord, ensuite par les Anglo-Saxons. Aux XVIIe et XVIIIe siècles, ils furent l'objet de destructions massives et systématiques aux Etats-Unis. Bien que l'étude de ces génocides soit récente, on estime, d'ores et déjà, que plus de 80% de la population des Amériques a été anéantie. Ainsi, au Mexique, on a évalué la population à 12 millions, en 1520, lors de l'invasion espagnole conduite par Cortes ; un siècle plus tard, il n' y avait plus que 1 200 000 Mexicains. Au Brésil, il y avait en 1500, 3 millions d'autochtones ; ils n'étaient plus que 100 000 en 1900. Les 120 000 Cubains furent décimés, pratiquement jusqu'au dernier entre 1510 et 1535 (1). La deuxième source de l'accumulation primitive du capital est à rechercher dans le trafic des esclaves africains. Les Africains étaient razziés sur les côtes orientales et occidentales du continent avec la complicité de certaines chefferies locales, puis vendus en Amérique pour fournir la main-d'œuvre, notamment dans les plantations de coton. La traite des esclaves fut à l'origine de fortunes considérables qui furent investies dans l'industrie européenne. Le nombre d'Africains extraits de leurs terres et amenés aux Amériques varie selon les sources de 15 à 25 millions. Les traversées entre l'Afrique, l'Europe et les Amériques auraient causé une mortalité qui frise les 50%, et des milliers d'Africains trouvèrent la mort au cours des razzias (1). L'essor des industries s'accélérera à partir du milieu du XVIIIe siècle grâce à l'introduction de nouvelles machines pour la fabrication des fils et des tissus. En 1765, Hargreaves inventa la Jenny, rouet qui permettait de filer huit fils à la fois. Les ouvriers travaillaient avec la Jenny, d'abord à domicile. En 1771, Arkwright créa une filature mue par la force de l'eau courante. En 1785, Wright mit au point la première machine à vapeur, dont l'énergie fut utilisée pour faire fonctionner les filatures. Parallèlement, l'industrie de la métallurgie connaissait des progrès similaires... Ainsi, naquirent les premières concentrations d'ouvriers dans les « fabriques ». L'essor de l'industrie entraîne donc la formation d'un prolétariat urbain misérable. Les ouvriers considèrent les machines comme une menace pour leur emploi. Les premières jennys de Hargreaves furent détruites par ses ouvriers. Pendant les périodes de surproduction, la population devenait excédentaire ; l'offre de main-d'œuvre était supérieure à la demande des industries, ce qui provoquait le chômage. Les salaires baissaient et la paupérisation augmentait. Les conditions de logement des ouvriers étaient déplorables. Ils étaient entassés dans des dortoirs mal aérés, mal éclairés et mal chauffés. Les conditions de travail dans les fabriques étaient très mauvaises, de sorte que les ouvriers regrettaient le temps où ils travaillaient à domicile selon leur gré. Le travail des femmes et des enfants se déroulait dans des conditions épouvantables pour des salaires de misère. La révolution industrielle aboutissait à la constitution de deux classes antagonistes : la classe des capitalistes, détentrice des moyens de production, et la classe prolétarienne ne possédant que sa force de travail. Leurs luttes allaient marquer l'évolution de l'humanité.
Origines idéologiques
Les idéologies que véhiculent ces classes plongent leurs racines dans des théories et des thèses, dont nous allons citer les plus significatives. 1) La naissance de l'économie politique avec Adam Smith. En 1976, parut en Grande-Bretagne l'ouvrage d'Adam Smith intitulé Recherche sur la nature et les causes de la richesse des nations. Dans la première partie de cet ouvrage, Adam Smith expose son analyse de la division du travail et ses conséquences, puis s'efforce d'expliquer la formation des prix et la nature des revenus des agents économiques. Il y arrive par sa théorie de la valeur des marchandises, qui lui permet d'accomplir un pas décisif vers l'affirmation de l'économie politique en tant que science. En effet, la valeur revêt deux aspects, elle est d'abord valeur d'usage, signifiant l'utilité d'un objet, son aptitude à satisfaire un besoin, elle est en même temps valeur d'échange, signifiant la possibilité de cet objet d'être échangé contre un autre pour satisfaire un besoin différent. « Des choses qui ont la plus grande valeur en usage n'ont pas souvent que peu ou point de valeur en échange ; et au contraire, celles qui ont la plus grande valeur en échange n'ont souvent que peu ou point de valeur en usage. Il n' y a rien de plus utile que l'eau, mais avec elle, on ne peut presque rien acheter. Un diamant au contraire n'a presque aucune valeur quant à l'usage, mais on trouvera fréquemment à l'échanger contre une très grande quantité de marchandises. » (2) Comment expliquer la valeur des marchandises ? A. Smith répondra à cette question en développant sa théorie de la valeur-travail. Pour lui, le prix réel de chaque chose, c'est le travail et la peine qu'elle nous coûte pour l'obtenir. L'argent ou les marchandises que nous donnons pour nous procurer d'autres marchandises contiennent la valeur d'une certaine quantité de travail que nous échangeons contre ce qui est supposé contenir la valeur d'une quantité égale de travail. Ainsi, le travail doit être considéré comme le premier prix, la monnaie payée pour l'achat primitif de toute chose. A. Smith en déduit que tout travail crée de la valeur, qu'il soit agricole ou industriel. Il construit, sur cette base, une théorie des revenus qui montre les conflits d'intérêts dans la société entre propriétaires fonciers et salariés d'un côté, et marchands et industriels de l'autre. En effet, les revenus sont constitués par les salaires des travailleurs, le profit du capital et la rente foncière. Pour Smith, le salaire tend à augmenter quand la richesse nationale s'accroît, parce que la « demande de travail » augmente. Toutefois, il explique que cette augmentation ne pourra pas être importante, car « une récompense plus libérale du travail... mettra les parents à portée de mieux soigner leurs enfants, et par conséquent, d'en élever un plus grand nombre »(2) Pour lui, cela est une loi naturelle devant laquelle il faut s'incliner : « La demande d'hommes, écrit-il, règle nécessairement la production des hommes, comme fait la demande de toute autre marchandise » (2) A noter la facilité avec laquelle l'homme est considéré comme une marchandise au nom des lois naturelles.
Les vertus de la misère, selon Malthus
Depuis 1562, l'Angleterre avait institué un impôt spécial intitulé taxe des pauvres qui permettait aux paroisses de financer un système d'assistance reposant sur des secours dispensés aux indigents. Pour A. Smith, la taxe des pauvres est un désastre parce qu'elle empêche le déplacement de la main-d'œuvre vers les lieux où on en a besoin, engendrant ainsi des inégalités de salaires, ce qui est contraire aux intérêts des ouvriers. Mais c'est Thomas Robert Malthus qui va réfuter le système d'assistance aux pauvres et consolider la thèse de Smith en s'efforçant de démontrer que la tendance au surpeuplement est une loi naturelle propre à l'espèce humaine et exige, en conséquence, les inégalités sociales. Donc le recours à l'assistance des pauvres doit être interdit. Malthus publie en 1803 une édition de son Essai sur le principe de la population où il développe son idée maîtresse, selon laquelle l'évolution de la population obéit à une loi naturelle. Cette loi fait que pendant que la population double tous les 25 ans, donc progresse comme les nombres 2, 4, 8, 16... les subsistances croissent, elles, comme les nombres 1, 2, 3,... L'opposition de ces deux progressions, la première géométrique, et la seconde arithmétique, doit constituer, pour Malthus, le point de départ de toute science sociale. Selon lui, dans une société où règne l'égalité, aucun homme ne renoncera à se marier et à procréer. « Tous étant égaux et placés dans des circonstances semblables, on ne saurait voir pourquoi un individu se croirait obligé à la pratique d'un devoir que d'autres dédaigneraient d'observer ». (2) Par contre, l'inégalité fait en sorte que ceux qui ont les moyens d'entretenir des enfants se marient jeunes. Les autres selon leur fortune retarderont ou renonceront au mariage. Cette loi est dite naturelle, et il ne faut pas empêcher sa réalisation par des mesures d'assistance aux pauvres ; « si dure que la chose puisse paraître, écrit-il, la pauvreté dépendante doit être tenue pour déshonorante ».(2). Le naturalisme social de Malthus conduit au libéralisme sauvage dans un monde sans pitié. Il écrit : « Rien ne peut apparaître plus conforme à notre raison que l'idée selon laquelle ces êtres qui naissent du processus créateur du monde avec des formes belles et dignes d'amour doivent être couronnés par l'immortalité, tandis que ceux qui naissent malformés, ceux dont les esprits ne sont pas aptes à un état plus pur et plus heureux doivent périr et être condamnés à se mêler de nouveau à l'argile originelle. »(2)
(A suivre)
Note de renvoi
(1) Les chiffres sont donnés par François Houtart La Mondialisation - Collection - Que penser de ?
(2) Les citations sont extraites de Histoire de la pensée économique de H. Denis -Collection Themis-Presses universitaires de France.


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