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Médiation interlinguistique (II)
La refonte d'un grand gâchis
Publié dans El Watan le 05 - 11 - 2005

Quittons maintenant l'espace international dans le domaine de la traduction et revenons à l'Algérie, en mettant l'accent sur les réalisations d'aujourd'hui (?). Il y a vraiment un marasme qui se conjugue avec une indigence culturelle sans précédent.
Je m'interroge constamment sur le pourquoi de cette amertume et ce sentiment de gâchis chaque fois que le problème du bilinguisme (français-arabe) en Algérie est évoqué. A-t-on de vrais bilingues pour pouvoir postuler à une place de marque dans le domaine de la traduction ? Une bêtise qui refait surface à chaque fois : on est bilingue par l'histoire ? Certes, il y a des milliers d'individus dans notre pays qui savent parler le français et l'arabe sans pour autant avoir des milliers de traducteurs dans les deux sens. La traduction est une discipline et une spécialité à part. Derrière tout ça, il y a plusieurs paramètres dont celui de l'éducation. Les pertes dans ce domaine sont inestimables, voire irrécupérables. En faisant table rase de tous les acquis linguistiques et le savoir-faire culturel accumulé, l'arabisation anarchique reposant sur un discours hypocrite et vaniteux, sans vision véritable des grands enjeux linguistiques, a fait des ravages et beaucoup de tort à commencer par la langue arabe à laquelle elle n'a certainement pas rendu service. Cette arabisation sans apports cognitifs, tout comme la période coloniale, n'a aidé, et dans ses meilleurs réalisations, à produire que des monolingues bien dans leurs fauteuils roulants. Détruire les cadres existants qui ne demandaient qu'a être réorganisés et agencés, était le premier acte insensé contre la culture et la langue nationale. Une langue nationale n'est pas seulement une calligraphie différente de celle des autres, c'est plus que ça, un espace tinté en permanence de blanc et qu'il faut constamment agir pour mettre la langue au diapason de son temps. La génération de l'école franco-musulmane et l'école orientaliste, par exemple, et en dépit de toutes les connotations politiques et culturelles, et avec des moyens très limités, ont rendu des services inestimables à la culture algérienne dans toute sa diversité, dont la traduction de certains travaux de référence. Aujourd'hui, malheureusement, avec tous les moyens dont jouit le pays, l'Algérie est incapable de produire un bilingue positif non seulement capable de penser dans les deux langues en même temps, mais capable aussi de jouer le rôle de grand médiateur entre les deux langues. Je ne parle pas des charlatans, puisque notre pays gorge de ce genre. L'Algérie est le pays des merveilles dans lequel on peut traduire sans pour autant connaître la langue de départ parfaitement, on peut même écrire dans une langue sans la connaître. Pis encor, publier des romans sans que cela se sache. Une situation vraiment kafkaïenne. Je parle de charlatanisme, parce qu'une traduction c'est d'abord une médiation noble où le respect de l'objet traduit s'impose par lui même. Le champ culturel arabophone reste isolé mais très fragile. Une série de traductions a été faite ces dernières années. Le slogan d'une algérianité reconquise était juste. Traduire notre littérature par nous mêmes, puisqu'on n'est jamais mieux servi que par soit-même. Dans les faits, à lire ce qui a été fait, ça donne vraiment à réfléchir. Le désir d'algérianité tant désiré dans la traduction n'est pas une fin en soi. Une traduction, c'est d'abord un travail qui repose sur la connaissance du métier avant de se repositionner par rapport au problème culturel qui est amplement justifié. On préfère de loin que le texte reste dans sa langue de départ que d'avoir des textes illisibles dans des traductions médiocres. On refusait la traduction de Samy Droubi qui s'était donné la peine de traduire la trilogie : La grande maison, Le métier à tisser et L'incendie de Dib (traduit par le ministère de la Culture syrienne en 1961, dans la collection littérature algérienne, n° 1, 2, 3, ). Bien sûr que la traduction souffre de l'absence d'une certaine algérianité qui vient essentiellement du dialectal, mais la qualité de la traduction sur le plan purement professionnel est irréprochable. Farid Antonios a fait de son mieux en traduisant un livre très complexe de Dib, Qui se souvient de la mer, traduction revue par un homme monumental et d'une grande culture universelle : Antoine Makdissi, fervent défenseur de la modernité et de la culture française. Georges Salem et Ahmed Gharbiéh ont traduit respectivement les nouvelles de Dib : Talisman (traduit en 1969. C'est le n°9 de la collection initiée par le ministère de la Culture syrienne) et Au Café (traduit 1965). Ce même Georges Salem récidive en traduisant Eté Africain de Dib (n°4 de la même collection syrienne). Malek Abyad El Aissa a passé des années à traduire Nedjma de Kateb Yacine et la poésie de Malek Haddad avant de voir son projet aboutir et mettre à la disposition du lectorat arabe, avide de connaître l'Algérie, une œuvre vivante et historique. Une chose est sûre, c'est que la littérature algérienne classique de langue française a été traduite dans sa quasi totalité par les moyens orientaux. D'ailleurs c'est grâce à eux que des millions de lecteurs arabes ont pu avoir accès aux œuvres de Dib, Kateb yacine, Malek Haddad, Assia Djebbar et bien d'autres. Bien sur qu'il est temps de revoir tous ces travaux en leur injectant cette part algérienne absente. Ce qu'on peut remarquer en termes de traduction aujourd'hui, c'est l'absence de tout projet totale de tout projet véritable visant à mettre à la disposition du lecteur algérien arabophone sa littérature écrite dans une langue d'empreint. Il y a plus une anarchie qui obéit plus aux petits intérêts calculés et aux affinités personnelles qu'à un travail mûrement pensé. Jusque là, le problème peut être dépassé avec un minimum de sérieux. Mais quand on fait l'effort de lire ce qui a été fait durant les dernières années en terme de traduction, qu'est-ce qu'on remarque : ce qui a été traduit, par rapport à la production algérienne francophone, ne dépasse pas, et dans les meilleurs cas, les 5%. Le pire de tout ça, c'est la qualité des traductions, mis à part les quelques unes qui peuvent se compter sur les doigts d'une main, le reste est une catastrophe. Il suffit de lire les traductions infligées à Yasmina Khadra, Malek Haddad, Dib, Mimouni et les autres pour découvrir le désastre qui émane d'une connaissance très médiocre de la langue française. Pour ne pas paraître comme ayant une dent contre ces nobles traducteurs, j'invite gracieusement les lecteurs avertis et les spécialistes à relire et redécouvrir ces traductions et de rendre compte aux lecteurs arabophones qui consomment des textes qui souffrent de grands écarts par rapport aux originaux. Il y a dans ces traductions de quoi s'arracher les cheveux. Des tournures et des ajouts qui ne renvoient à rien dans la langue ciblée. Je m'interroge sur l'apport des universités algériennes qui ont ouvert des départements d'interprétariat et de traduction ? Elles devraient être les plus concernées par ces massacres. Peut-on, par exemple, un jour mettre à la portée du lectorat arabophone la qualité de ces traductions et en proposer d'autres ? Il reste toutefois une alternative à laquelle il faut s'accrocher, le Centre arabe de traduction, dont la Ligue arabe a choisi l'Algérie comme terre d'accueil afin de combler ce déficit en matière de qualité, mais aussi en matière d'organisation. Mme In'am Bayoud, directrice de ce centre, poétesse, professeur et professionnelle de traduction, peut faire de cet espace un pôle incontournable d'une traduction spécialisée de qualité, faut-il d'abord l'aider à mettre en place une véritable logistique matérielle qui lui permettra de mener correctement sa tâche. Elle vient d'un monde dont elle connaît très bien les handicapes. Un grand déficit dans tous les compartiments de traduction ; aucune banque de données qui permet au chercheur d'avoir des informations fiables en termes de traduction, littéraire surtout ; aucune statistique sur les différents traducteurs dans différentes disciplines, mis à part la médiation franco-arabe, aucune connaissance ni aucun profil des traducteurs algériens disponibles dans les autres langues : anglaise, espagnole, allemande, italienne. Pour ne citer que ces langues. Le russe, le chinois, le japonais devraient faire partie de nos préoccupations linguistiques ne serait-ce que par pragmatisme économique, mais les évoquer dans l'état actuel des choses paraît comme une folie incurable, c'est pour cela que je préfère m'abstenir. Les attentes sont très grandes afin de faire un descriptif premier de tout ce qui a été fait depuis l'indépendance en terme de traduction littéraire et voir le tort causé à nos grands écrivains qui arrivent à la langue ciblée avec un handicap dangereux, celui de la méconnaissance au préalable de la langue de départ. Des fois, je remercie Dieu que nos traductions restent chez nous et ne quittent jamais nos frontières (pas par choix mais par défaillance du système de commercialisation du livre) sinon ça aurait été une honte sans précédent. Cela n'enlève nullement le mérite de ceux qui travaillent dans le silence et la noblesse de la médiation culturelle pour mettre à la disposition du lecteur arabophone un produit digne de ce nom qui respecte le texte et son producteur, mais aussi la grandeur de la profession.

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