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André Mandouze, un homme en avance
« Ce matin encore j'étais à Alger... »
Publié dans El Watan le 22 - 12 - 2005

Que d'émotion ! Motions, communiqués, déclarations, l'Algérie officielle se rebiffe. Aux armes ! Les plumitifs. La nation subit un énième outrage, insultée par un colonisateur impudent qui continue à ne penser que du bien de lui. Les bienfaits de la colonisation. Parlez-m'en. Tempête dans un crâne à défaut de la transparence d'un verre d'eau.
En 1954, André Mandouze fait paraître le numéro 1 d'une revue : Consciences Maghrébines. Le bon professeur n'a pas l'habitude de mâcher ses mots, quand il parle en français pour dire leurs quatre vérités à ceux qui entendent le français : « Le colonialisme sévit en Afrique du Nord. Terreur au Maroc. Ratissage en Tunisie. Truquage « calme » et étouffement des libertés en Algérie : la machine coloniale grippe dans tous ses rouages. Au Maghreb comme au Kenya, à Madagascar comme à Porto Rico, en Indochine comme en Afrique du Sud. » En 1954, la machine coloniale est grippée, et ce n'est pas l'éminent latiniste qui jouera les apothicaires pour lui apporter remède. André Mandouze pose son diagnostic, il signe le bulletin du mauvais élève qui renie les idéaux libertaires et républicains de l'école qui l'a vu naître et grandir, et puis, tout de go, il monte à Paris pour proclamer son engagement aux côtés des Algériens colonisés. Le 27 janvier 1956, Mandouze fait trembler les murs de la salle Wagram en lançant son fameux : « Ce matin encore, j'étais à Alger, et je vous apporte le salut de la résistance algérienne. » Alger tremble. L'université française d'Alger attend de pied ferme le retour du professeur renégat. Dans l'université française d'Alger, il y a de grands arbres. On a préparé une bonne corde pour pendre, haut et court, celui qui devra son salut aux étudiants « musulmans ». Heureux temps d'une université où l'on se battait pour des idées et des profs qui avaient des idées. Que d'émotion ! André Mandouze quitte Alger en catastrophe et s'installe dans une métropole française et coloniale où il ne tarde pas à être jeté en prison. Cette prison a gardé en mémoire la Bastille détruite par la République. Le temps passe et les bons souvenirs aussi. Le bon professeur ne reniera jamais son engagement pro-algérien, et s'il devient le premier recteur de l'université d'Alger, il ne le restera pas longtemps, tandis que les arbres dans le jardin arrêtent leur croissance, tremblant de toutes leurs feuilles, craignant d'être abattus pour céder la place aux kiosques à commerce indépendants. Au moins, on n'aura plus la tentation d'y pendre quelqu'un ou quelqu'une qu'on préfère liquider sur papier et dans le secret des bureaux. Positivons. Un grand salut d'Alger, cher professeur. Cher professeur, la dernière fois que j'ai visité la galerie de portraits des recteurs honorés par l'université d'Alger, je ne vous ai pas trouvé. Votre bonne bouille de myope me manque. Il paraît que votre santé s'est affaiblie et votre myopie accentuée. A Alger, votre place est vide, vidée de cette période de notre histoire où la résistance nationale avait le bon goût du transnational. Nulle place pour votre cadre sur le mur du rectorat, tout comme pour les universitaires algériens interdits aujourd'hui d'encadrement, sauf escortés par un Français. J'ai étudié, enseigné, formé, j'ai défendu une thèse. Je croyais avoir fait ce qu'il fallait pour avoir droit à la reconnaissance légitime et académique. J'ai eu tort. L'école dite doctorale de français ne veut pas de moi toute seule pour diriger les travaux de mes étudiants. On veut bien encore de moi pour encadrer un étudiant algérien, mais attention, la présence à mes côtés d'un collègue français (à égalité de diplôme et de statut, dans le meilleur des cas) m'est imposée comme indispensable pour veiller sur un travail cadré selon les mesures françaises. Que d'émotion. Je bois un grand verre d'eau et je laisse la tempête se déchaîner dans mon crâne. Dans l'université d'aujourd'hui, me voilà de retour sur les lieux du crime. Je retourne au second collège d'autrefois, et j'y retrouve une formidable compagnie, studieuse, talentueuse. Entre indigènes, on parle avec passion de l'esprit de la loi française et des droits de l'homme universel. Plus fort. J'entends Djamal Amrani hurler sous la torture. Et Gloria Lasso et Gilbert Bécaud qui s'époumonent à travers les haut-parleurs de la villa Susini pour couvrir son supplice. Plus fort. Allez ! les témoins, dites-moi que la colonisation c'est pas bien. Dites-moi qu'il ne fallait pas quitter le collège. Fallait rester en classe. Musique. L'officier prend une corde mouillée et Lakhdar ne sent plus sa tête. Fallait pas partir... Fallait rester au collège... Les bourreaux fixent dans les liens une longue perche qui achève d'immobiliser l'étudiant qui est pris à bras-le-corps et jeté dans le bassin... Les coups pleuvent... Musique... Musique... Faut viser. Taper la plante des pieds. Faut les empêcher de marcher, ces bâtards. Que d'émotion. L'Algérie a marché. Sur la route française, y avait une foule énorme. Des étudiants qui étaient devenus des manœuvres, des paysans expropriés, des servantes trop longtemps humiliées comme celle de M. Ricard que Mourad a défendue en donnant un coup de tête mortel à son patron. En tôle, Mourad. Y avait que du beau monde en prison. Y avait même des Français comme Mandouze. Tous ont cru qu'ils avaient tout bien fait pour que nous soyons égaux en droits et en devoirs, à égalité de nation et de citoyenneté. Tout juste ! A contre-courant d'un colonialisme qui ne voulait pas que nous disposions de nous-mêmes. Cher professeur, je vous apporte le salut d'Alger où l'on a coupé le jarret opiniâtre de la foule résistante et fière. Ici, personne n'entend les voix qui s'offusquent d'un nouveau code de l'indigénat. Tout est calme et silencieux. J'en tremble. Parlez-moi encore des méfaits de la colonisation. Mon verre s'est vidé. J'espère au moins pouvoir disposer encore du sommeil du juste.

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