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«Aujourd'hui, nous avons le sentiment d'être à la veille d'un nouvel Octobre 1988»
Fatma Oussedik. Professeure de sociologie, université d'Alger II
Publié dans El Watan le 05 - 10 - 2011

-«Révolution démocratique» pour certains, «chahut de gamins» et «jacquerie» pour d'autres, le soulèvement populaire du 5 octobre 1988 est loin de faire, même 23 ans après, l'unanimité autour de sa filiation et de son identité. Si sur le plan politique, les «acquis» d'Octobre sont aujourd'hui reconnus et encensés (ouverture des champs politique et médiatique, réformes libérales, etc.), sa dimension sociale passe au second plan. Pourtant, le 5 Octobre 1988 signe incontestablement l'irruption de la société algérienne dans «l'espace public» après en avoir été exclue (par la nomenklatura du régime et ses appareils) durant près de 30 ans. A posteriori, comment analysez-vous Octobre 1988 ? Peut-on le qualifier de «moment révolutionnaire» ? A-t-il induit des transformations (sociales) majeures ? A-t-il provoqué une rupture dans le système et l'ordre établis ?
Votre question, en réalité, renvoie à l'interrogation : le mouvement d'Octobre 1988 est-il le résultat d'une manipulation ou un mouvement spontané. Il est difficile, aujourd'hui encore, d'exclure une manipulation. Pourquoi ne m'est-il pas possible de vous répondre clairement alors que de nombreux ouvrages sur cet événement ont été publiés ? De mon point de vue, plutôt que d'éclaircir, ces ouvrages qui interpellent ou reposent sur des témoignages des acteurs de la période, ont contribué à approfondir la théorie du complot et les universitaires n'ont pas, eux, accès aux sources et encore moins à des témoignages crédibles de la part des acteurs de l'époque. Toutefois, même s'il y a eu manipulation, le 5 Octobre est venu rendre clair un blocage de la société après l'échec de toutes les tentatives de réforme du système depuis la fin des années 1970. Malgré tout, c'est ce soulèvement populaire, avec les fissures qu'il a provoquées au sein du système, qui a permis la réalisation de certaines réformes.
On a observé depuis 20 ans une constante volonté d'annuler et de vider de leur contenu les réformes au point où, aujourd'hui, nous avons le sentiment d'être à la veille d'un nouvel Octobre 1988. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, le mouvement ayant été vidé de substance par de nombreuses manipulations (création d'un grand nombre de partis afin de vider de sens le multipartisme, création de titres factices afin de réduire l'impact de journaux plus autonomes…), la société bégaie alors que les plus de 35 ans répugnent à reproduire les violences vécues depuis 1988 ! Toute la société cherche une issue et a l'impression de ne pas être entendue dans sa volonté d'éviter le chaos. L'expérience algérienne ayant d'ailleurs été suffisamment concluante, on assiste aujourd'hui à sa reprise dans d'autres pays en vue d'endiguer les mouvements populaires. Il est d'un grand intérêt pour nos voisins d'étudier les manœuvres qui ont permis de reconduire un certain statu quo en Algérie. Malgré les quelques réformes, le champ politique a peu évolué.
-Révolutions arabes obligent, certains politiques brandissent Octobre 1988 comme un trophée de guerre, le présentant comme«un événement précurseur» dans l'histoire des luttes des peuples (de la sphère arabo-musulmane) pour leur émancipation des dictatures. Quel a été, selon vous, le profil sociologique de l'émeutier d'Octobre 1988 ? A-t-il un dénominateur commun avec les révoltés de Tunis, du Caire et les insurgés de Tripoli de 2011 ?
En Octobre 1988, le peuple algérien était seul face au monde entier. Aucun pays dans le monde n'était prêt à accepter et encore moins à soutenir une démocratisation de l'Algérie. L'émeutier d'Octobre était jeune, comme ses alter ego tunisien et égyptien ; il était plus violent, les femmes n'étaient pas présentes mais, surtout à Tunis et au Caire, les forces de sécurité n'ont pas réprimé la foule. Le pacifisme, la présence des femmes, le refus des forces de sécurité de tirer sur la foule sont l'expression du travail du temps : usure de pouvoirs arabes autoritaires, détérioration des conditions sociales et politiques des populations mais aussi mobilisation de nouvelles catégories dans ces sociétés. La volonté de présenter 1988 comme un trophée sert surtout à donner à croire qu'il est possible de réprimer et d'endiguer un mouvement de contestation.
Or, l'évolution historique observée dans les autres pays, l'état de la société algérienne, son évolution douloureuse vers une certaine sécularisation nous montrent que la société algérienne n'acceptera pas le statu quo. Les voyants sociaux sont au rouge et la société trouvera les formes pour se faire entendre. Il ne reste plus qu'à espérer qu'elle sera entendue sans avoir besoin d'avoir recours, comme régulièrement dans son histoire, à la violence. L'expérience syrienne nous montre que des forces démocratiques arabes ont su tirer les leçons de l'évolution algérienne depuis 1988.
L'unification des forces d'opposition syriennes, que nous saluons, son refus d'une intervention étrangère, sa quête de sécularisation, les refus d'une opposition instrumentalisée entre laïcs et religieux… toutes ces leçons sont incarnées par cette unification de l'opposition, représentée par Burhan Ghalioun que beaucoup d'entre nous connaissent et estiment car il a enseigné la sociologie à l'université d'Alger et a conservé des liens très étroits avec notre pays. Toute notre solidarité doit être exprimée à cette expérience syrienne.


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