La galerie du Centre des loisirs scientifiques de Didouche Mourad abrite, jusqu'au 21 avril, une exposition de l'artiste peintre collagiste, Ouahiba Lalmi Merahi. Artiste peintre jusqu'à la moelle, femme rebelle, Ouahiba Lalmi Merahi explore des courants ambitieux dont elle seule détient le secret. Cette artiste peintre, au don inné, livre vingt-six œuvres originales, réalisées entre 2011 et 2012. Un petit tour d'horizon permet de recenser des œuvres à la fois émouvantes, mélancoliques et intenses. Ouahiba Lalmi Merahi livre un art brut. La recherche et la créativité sont de mise. Dans chacune de ses œuvres picturales, on retrouve des fragments de sa vie. Une vie auréolée de belles rencontres et d'intenses souffrances. C'est à la suite de la perte tragique de sa mère et de son époux, dans les années 1990, que Ouahiba Lalmi se lance dans l'univers des arts plastiques à défaut de se lancer dans l'écriture. Elle y trouvera une thérapie certaine et constructive, un univers qui l'a, en fait, habitée depuis toujours. Après avoir suivi des cours privés de stylisme en France, chez Vauclaire et Daroux, elle en ressort avec un diplôme de «toiliste». «L'art me sert de thérapie et m'aide à vivre, c'est évident», explique-t-elle. D'une voix étranglée par l'émotion, l'artiste fait un flash-back pour venir nous raconter ses débuts. C'est à la rue Daguerre, à Paris, que le destin lui a fait rencontrer un grand cinéaste, Lamaître, qui lui a ouvert les portes en 2008 du célèbre peintre japonais, Naondo Nakamura. Dans cet espace idoine, elle fait des collages, avant de montrer ses travaux au grand copiste, Alin Marthouret, qui lui a proposé de créer 10 tableaux. Ses œuvres sont alors exposées à Saint Peray. «Je n'ai plus vu la couleur de mes tableaux. J'ai fini par retrouver confiance en moi-même et j'ai exposé d'autres de mes tableaux à Asnières», raconte-t-elle. La peinture de Ouahiba est personnalisée, invitant plus d'un à la méditation. On retrouve des œuvres aux titres révélateurs à plus d'un titre, mais où la technique utilisée invite à l'interrogation. En effet, tout visiteur tente de percer le mystère de cette technique qui se caractérise, entre autres, par la peinture et le collage. Dans le tableau «Argent artistique», on distingue deux mains posées sur de la toile de jute où gravitent un billet de cinquante dinars et un de cinquante euros. L'espace restant est truffé de pièces de dinars et d'euros. Dans «HLM», on découvre une toile au fond noir où apparaît au centre un assemblage de formes géométriques verticales aux couleurs bigarrées. «L'alchimiste» donne à voir un mannequin en bois, habillé d'une robe en coupures de journaux anciens. La tête est recouverte d'un chapeau en papier journal. Comme l'indique son titre, «Les journalistes sont là» est un hommage à des grandes plumes de la presse algérienne, assassinés par la horde intégriste dans les années 1990. Les artistes ne sont pas omis puisqu'ils sont présents en force à travers des collages de petites photos d'identité ou encore de caricatures. A la question de savoir pourquoi cet intérêt pour l'utilisation de la toile de jute dans la plupart de ses œuvres, Ouahiba affirme que cette matière à le pouvoir d'équilibrer l'exposition et permet à tout potentiel visiteur de se retrouver. Bien que résidant en France, Ouahiba Lalmi Merahi caresse le rêve de réaliser ses tableaux en Algérie en ayant un endroit pour créer pleinement. «J'aimerais tant faire un affichage grandeur nature d'utilité publique en Algérie.»